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Des refuges pour sans-abris dans les quartiers d’Ottawa?

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Les services d'héberge‐ ment d'urgence de la Mis‐ sion d'Ottawa devraient être plus proches des per‐ sonnes qui en ont besoin, croit son président-direc‐ teur général.

Pourquoi s'agit-il unique‐ ment d'un problème pour le centre-ville? Pourquoi est-ce qu'on ne répond pas aux be‐ soins dans les communauté­s au lieu de dire aux sans-abri, aux toxicomane­s ou aux per‐ sonnes souffrant de pro‐ blèmes de santé mentale à Kanata, Orléans ou Cumber‐ land qu'ils doivent se rendre au centre-ville? demande Pe‐ ter Tilley, qui s’occupe du re‐ fuge situé à l'angle de l'ave‐ nue Daly et de la rue Waller.

À ses yeux, le règlement de zonage actuel de la Ville d’Ottawa constitue un obs‐ tacle en autorisant l'ouver‐ ture de refuges d'urgence dans un nombre limité de zones.

En ce moment, il y a cinq types de zones résidentie­lles. Les abris sont seulement au‐ torisés dans la plus dense d'entre elles, ainsi que dans les zones à usage mixte et institutio­nnel.

Cette situation pourrait changer si un vaste projet de réécriture des règles d'amé‐ nagement est adopté.

Selon la responsabl­e du programme de zonage de la Ville d’Ottawa, Carol Ruddy, ce projet autorisera­it l'ouver‐ ture de centres d'héberge‐ ment d'urgence dans toutes les zones et désignatio­ns ur‐ baines. Cela incluerait les quartiers les moins denses, même dans les zones subur‐ baines.

Ce changement avait déjà été signalé dans le plan offi‐ ciel de la Ville d’Ottawa en 2021.

S'il est adopté, le nouveau règlement de zonage mettra en oeuvre cette politique. Il doit auparavant faire l'objet d'une consultati­on publique d'environ un an et demi, être réécrit et adopté par le conseil municipal et les di‐ vers comités.

Peter Tilley s'attend à ce que la Mission profite de ces changement­s pour adopter un modèle plus décentrali­sé. Il rêve qu'il y ait un jour une Mission d’Ottawa Ouest ou une Mission d’Ottawa Est dans des quartiers comme Nepean ou Orléans.

Ce pourrait être des centres d'hébergemen­t plus petits, de taille réduite, men‐ tionne-t-il. Ce n'est pas né‐ cessaire que ce soit aussi grand que le refuge au centre-ville, avec tous les ser‐ vices que nous offrons. Mais nous serions dans cette com‐ munauté où nous essayons de sortir les gens des refuges et de les loger.

Peter Tilley estime qu'un refuge communauta­ire pour‐ rait avoir une capacité de 15 à 40 lits.

Des refuges intégrés à la communauté, selon la Ville

Le directeur général des Bergers de l'Espoir, Stephen Bartolo, se montre lui aussi favorable à l'élargissem­ent des règlements de zonage et espère que la Ville tiendra compte de l'impact des re‐ fuges sur les communauté­s dans les décisions à l'avenir.

Il est important, selon lui, de s'assurer que les poli‐ tiques municipale­s ne margi‐ nalisent pas davantage les personnes desservies par les refuges. Ottawa est aussi leur chez soi rappelle-t-il dans une déclaratio­n écrite.

Carol Ruddy précise que le nouveau règlement de zo‐ nage réglemente­rait la taille des bâtiments - dont la hau‐ teur maximale - incluant les abris d'urgence, afin de s'as‐ surer qu'ils s'intègrent dans le quartier.

La Fédération des associa‐ tions civiques d’Ottawa (FAC) représente environ 70 groupes communauta­ires sur le territoire de la municipa‐ lité. Son président, Robert Brinker, appuie l’élargisse‐ ment des balises autorisant les centres d'hébergemen­t d'urgence à Ottawa.

Selon lui, tout projet d'hé‐ bergement faisant appel à un zonage plus souple devrait aussi s'accompagne­r de ser‐ vices de soutien à proximité et d'un accès au transport en commun.

Le quartier du marché By est épuisé

Les refuges d'Ottawa ont dépassé leur capacité. Ils font face notamment à un déluge de demandeurs d'asile et de réfugiés, ce qui a obligé la Ville à convertir des centres de loisirs en lieux d’héberge‐ ment.

À la fin de l'année der‐ nière, Peter Tilley a constaté que des personnes passaient la nuit à dormir sur des chaises en plastique dans la salle d'attente de la Mission d'Ottawa.

Vendredi dernier, 2732 personnes utilisaien­t le sys‐ tème de refuges à Ottawa. Pour une journée régulière au mois de mai en 2023, ce chiffre n'était que de 2149.

Les trois refuges pour hommes actuels sont situés à quelques pâtés de maisons les uns des autres, au mar‐ ché By et dans ses environs. Un autre refuge temporaire se trouve dans le même quartier représenté par la conseillèr­e municipale de Ri‐ deau-Vanier, Stéphanie Plante.

L’élue espère que le nou‐ veau règlement de zonage permettra de mieux répartir les services d'hébergemen­t. Si ce problème devient celui de tout le monde, alors tout le monde s'engagera à trou‐ ver des solutions, men‐ tionne-t-elle.

Selon Mme Plante, la prio‐ rité devrait être de construire des logements dans toute la ville afin de réduire le besoin de refuges d'urgence.

Je pense que ma commu‐ nauté est assez épuisée par les problèmes liés aux re‐ fuges et nous voulons vrai‐ ment encourager le loge‐ ment avant tout, parce que nous savons que cela fonc‐ tionne, soutient-elle.

D'après les informatio­ns d’Arthur White-Crummey de CBC

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