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Une semaine de campement à l’Université de Toronto : « On est ici à long terme »

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Une semaine après l’instal‐ lation d’un campement propalesti­nien au campus de l’Université de Toronto, les discussion­s entre les manifestan­ts et l’établisse‐ ment avancent peu. Si d’un côté, on demande encore un désinvesti­ssement d’Is‐ raël, de l’autre, on cherche avant tout à s'assurer de la sécurité des lieux.

Les premiers manifes‐ tants ont monté leur tente sur la pelouse du cercle King's College au petit matin, jeudi dernier. En une se‐ maine, le nombre de tentes a presque doublé, passant de 55 à environ 104, selon l’une des porte-parole du groupe, Erin Mackey. De 200 à 250 personnes couchent au cam‐ pement.

Il y a une très très grande communauté à l’Université de Toronto qui met tous leurs efforts dans cette mani‐ festation, témoigne Kalliopé Anvar McCall, qui représente aussi les protestata­ires.

Les étudiants et profes‐ seurs faisant partie du mou‐ vement exigent notamment que l’Université de Toronto mette fin à tout investisse‐ ment lié à l'apartheid israé‐ lien, à l'occupation ainsi qu'aux colonies illégales en Palestine.

Selon les représenta­nts, aucune discussion n’a toute‐ fois eu lieu sur le sujet. Des échanges avec l’administra‐ tion ont toutefois permis de rétablir l’accès à une salle de bain la nuit.

Erin Mackey a cependant ajouté que le groupe n’a pas le goût de discuter de nou‐ veau à moins que les discus‐ sions portent sur les de‐ mandes. L’université nous a répondu que "non", ils n’étaient pas prêts à faire cela, a-t-elle dit.

En matinée, la vice-rec‐ trice Sandy Welsh a fait part de ses inquiétude­s au sujet de la présence de bois de chauffage, des messages hai‐ neux et du nombre impor‐ tant de personnes dans le campement clôturé.

Nous avons hâte de ré‐ soudre ces enjeux et de pas‐ ser à des discussion­s de fond aussitôt que possible, a indi‐ qué Mme Welsh. Les cérémo‐ nies de remise des diplômes de l’université, qui s'éche‐ lonnent sur plusieurs se‐ maines, commencero­nt le 3 juin en face du lieu du cam‐ pement.

En réponse aux commen‐ taires du premier ministre Doug Ford qui veut que les établissem­ents mettent fin aux campements, Erin Mac‐ key affirme que les manifes‐ tants savent que la police est violente. S’il y a escalade en raison de la police, ce sera parce que l'université l’a per‐ mis, dit-elle.

Les manifestan­ts sont surveillés, dit une profes‐ seure

Citant des experts de l’Université de Toronto, la professeur­e Robyn Maynard une des dizaines de profes‐ seurs fréquentan­t régulière‐ ment le camp - affirme que la police surveille aussi les étu‐ diants, les employés et les membres du corps professo‐ ral présents sur les lieux.

Des experts en sécurité à l’université nous ont confirmé que la police de To‐ ronto fait de la surveillan­ce audio et vidéo et qu’elle fait probableme­nt de la recon‐ naissance faciale, dit la pro‐ fesseure qui étudie entre autres la violence policière.

La police de Toronto nie qu’elle effectue la sur‐ veillance. À moins qu'il y ait un enjeu de sécurité, la pré‐ sence active de la police au campement n’aura lieu qu’à la demande de l’université, écrit la porte-parole du Ser‐ vice de police de Toronto, Stephanie Sayer.

Le service de police en‐ quête néanmoins sur trois événements au campement. Le dernier, le 5 mai, implique un homme qui aurait été en‐ touré de personnes dans le campement, avant d’être at‐ taqué.

Mercredi après-midi, Ra‐ dio-Canada a observé deux véhicules du service de sécu‐ rité de l’Université de Toronto autour du campement.

On est ici à long terme

Les étudiants du campe‐ ment laissent entendre qu’ils n’ont pas l’intention de quit‐ ter les lieux de sitôt. Les per‐ sonnes qui y sont installées temporaire­ment, disent-ils, ont annulé voyages et travail pour y demeurer.

On est ici à long terme. On ne va pas bouger et j’es‐ père que l’université com‐ prend ça puisque je pense qu'ils sont en train de voir si on va partir de notre propre moyen ou de devenir fati‐ gués. On est très bien instal‐ lés. On ne va pas bouger tant que nos demandes ne sont pas atteintes.

Kalliopé Anvar McCall, porte-parole du campement

Sara Rasikh, une autre porte-parole, a déclaré que si l’université ne satisfait à leurs demandes, le groupe de pro‐ testataire­s intensifie­rait ses pressions. Nous utilisions des moyens de pression plus doux, comme des marches, depuis six mois et ils ne ré‐ pondent pas à nos de‐ mandes, dit-elle.

La professeur­e Robyn Maynard, quant à elle, a pré‐ cisé qu’il y a énormément d’appui pour les manifes‐ tants parmi le corps profes‐ soral. Une centaine de pro‐ fesseurs visitent régulière‐ ment le camp.

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