Tensions autour du nouveau système de consigne du Québec
Les détaillants en alimen‐ tation dénoncent les len‐ teurs dans l’implantation du nouveau système de consigne au Québec. Ils dé‐ plorent le fait que Consi‐ gnaction, qui le gère, n’ait ouvert jusqu’ici que trois sites de récupération et qu’il n’y ait aucun finance‐ ment pour les aider à amé‐ nager leurs commerces en conformité avec la régle‐ mentation.
C’est un grand paquebot qui est sur le point d’embar‐ quer sur la mer avec des morceaux manquants, dit, in‐ quiet, Michel Rochette, pré‐ sident du Conseil canadien du commerce de détail, qui souhaite l’intervention de Québec pour éviter un échec.
On n’a pas d’éclairage sur la mécanique financière qui va toucher l’implantation au‐ tour des commerces ou dans un commerce. On n’a pas d’informations sur le finance‐ ment de tout ça. On aimerait bien savoir qui va payer quoi et qui va rembourser quoi, souligne M. Rochette.
Alors que Consignaction tarde à dévoiler le cadre fi‐ nancier pour mettre en place les sites de récupération, au‐ cun détaillant n’a encore commencé à aménager ses installations, à se procurer des récupératrices automati‐ sées, à construire une an‐ nexe ou un kiosque à l'exté‐ rieur de son commerce pour répondre aux exigences du nouveau système de consigne qui entrera en vi‐ gueur dans dix mois.
La situation inquiète aussi le PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), PierreAlexandre Blouin. Il y a des sites qu’il faut aménager et dans lesquels il faut mettre des équipements adaptés. Ça prend des corps de métier qui sont difficiles à obtenir, ça prend des autorisations, des permis municipaux. Il faut que, très rapidement, on puisse commencer ces constructions-là si on veut être prêts pour le 1er mars, fait-il valoir.
L’ADA fait valoir qu’un commerçant n’acceptera pas d’investir plusieurs centaines de milliers de dollars dans des travaux sans avoir les ga‐ ranties qu’il sera remboursé par Consignaction. Or, le sys‐ tème, dans sa conception, re‐ pose en grande partie sur la participation des détaillants.
On prévoit que près de 75 % des sites de récupération seront chez des commer‐ çants. Ce qui laisse planer un doute sur la mise en place d’ici mars prochain des 1100 lieux de récupération dans les commerces.
Les délais sont très, très courts.
Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général de l’ADA
Les détaillants craignent que, si rien ne change, ils ne parviendront pas à atteindre les objectifs fixés par le gou‐ vernement en vue de récupé‐ rer les cinq milliards de contenants qui seront consi‐ gnés dans près d’un an. Mi‐ chel Rochette souhaite en conséquence que le gouver‐ nement revoie à la baisse le nombre de lieux de retour prévus dans la réglementa‐ tion.
On souhaite que le gou‐ vernement soit plus flexible parce qu’on n’arrivera pas au 1er mars 2025 à avoir tous les lieux comme prévu au rè‐ glement.
Le PDG de l’ADA, PierreAlexandre Blouin, craint pour sa part qu’on se ramasse avec un système à deux vi‐ tesses [avec] de très beaux sites dans des milieux ur‐ bains et des sites complète‐ ment laissés à eux-mêmes ailleurs dans la région du Québec.
On va demander aux clients de faire combien de kilomètres additionnels pour aller reporter ses conte‐ nants? C’est la problématique à laquelle on risque de faire face.
Par courriel, Consignac‐ tion a affirmé à Radio-Ca‐ nada que le processus pour établir la mécanique de com‐ pensation est en cours. Nous avons l’intention d’offrir une compensation adéquate aux détaillants qui resteront des acteurs dans le système de consigne afin qu’ils puissent couvrir leurs frais relatifs à la reprise de contenants de boisson consignés en maga‐ sin.