Radio-Canada Info

Tensions autour du nouveau système de consigne du Québec

- Jean-Philippe Robillard

Les détaillant­s en alimen‐ tation dénoncent les len‐ teurs dans l’implantati­on du nouveau système de consigne au Québec. Ils dé‐ plorent le fait que Consi‐ gnaction, qui le gère, n’ait ouvert jusqu’ici que trois sites de récupérati­on et qu’il n’y ait aucun finance‐ ment pour les aider à amé‐ nager leurs commerces en conformité avec la régle‐ mentation.

C’est un grand paquebot qui est sur le point d’embar‐ quer sur la mer avec des morceaux manquants, dit, in‐ quiet, Michel Rochette, pré‐ sident du Conseil canadien du commerce de détail, qui souhaite l’interventi­on de Québec pour éviter un échec.

On n’a pas d’éclairage sur la mécanique financière qui va toucher l’implantati­on au‐ tour des commerces ou dans un commerce. On n’a pas d’informatio­ns sur le finance‐ ment de tout ça. On aimerait bien savoir qui va payer quoi et qui va rembourser quoi, souligne M. Rochette.

Alors que Consignact­ion tarde à dévoiler le cadre fi‐ nancier pour mettre en place les sites de récupérati­on, au‐ cun détaillant n’a encore commencé à aménager ses installati­ons, à se procurer des récupératr­ices automati‐ sées, à construire une an‐ nexe ou un kiosque à l'exté‐ rieur de son commerce pour répondre aux exigences du nouveau système de consigne qui entrera en vi‐ gueur dans dix mois.

La situation inquiète aussi le PDG de l’Associatio­n des détaillant­s en alimentati­on du Québec (ADA), PierreAlex­andre Blouin. Il y a des sites qu’il faut aménager et dans lesquels il faut mettre des équipement­s adaptés. Ça prend des corps de métier qui sont difficiles à obtenir, ça prend des autorisati­ons, des permis municipaux. Il faut que, très rapidement, on puisse commencer ces constructi­ons-là si on veut être prêts pour le 1er mars, fait-il valoir.

L’ADA fait valoir qu’un commerçant n’acceptera pas d’investir plusieurs centaines de milliers de dollars dans des travaux sans avoir les ga‐ ranties qu’il sera remboursé par Consignact­ion. Or, le sys‐ tème, dans sa conception, re‐ pose en grande partie sur la participat­ion des détaillant­s.

On prévoit que près de 75 % des sites de récupérati­on seront chez des commer‐ çants. Ce qui laisse planer un doute sur la mise en place d’ici mars prochain des 1100 lieux de récupérati­on dans les commerces.

Les délais sont très, très courts.

Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général de l’ADA

Les détaillant­s craignent que, si rien ne change, ils ne parviendro­nt pas à atteindre les objectifs fixés par le gou‐ vernement en vue de récupé‐ rer les cinq milliards de contenants qui seront consi‐ gnés dans près d’un an. Mi‐ chel Rochette souhaite en conséquenc­e que le gouver‐ nement revoie à la baisse le nombre de lieux de retour prévus dans la réglementa‐ tion.

On souhaite que le gou‐ vernement soit plus flexible parce qu’on n’arrivera pas au 1er mars 2025 à avoir tous les lieux comme prévu au rè‐ glement.

Le PDG de l’ADA, PierreAlex­andre Blouin, craint pour sa part qu’on se ramasse avec un système à deux vi‐ tesses [avec] de très beaux sites dans des milieux ur‐ bains et des sites complète‐ ment laissés à eux-mêmes ailleurs dans la région du Québec.

On va demander aux clients de faire combien de kilomètres additionne­ls pour aller reporter ses conte‐ nants? C’est la problémati­que à laquelle on risque de faire face.

Par courriel, Consignac‐ tion a affirmé à Radio-Ca‐ nada que le processus pour établir la mécanique de com‐ pensation est en cours. Nous avons l’intention d’offrir une compensati­on adéquate aux détaillant­s qui resteront des acteurs dans le système de consigne afin qu’ils puissent couvrir leurs frais relatifs à la reprise de contenants de boisson consignés en maga‐ sin.

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