Échec scolaire : une étudiante réclame 1,2 M$ à l’Université Laval
Insatisfaite d'avoir échoué à un stage, ce qui l'a empê‐ chée de poursuivre sa for‐ mation, une étudiante de la Faculté de médecine dentaire de l'Université La‐ val poursuit l'établisse‐ ment.
Athénaïs Collard réclame 1,2 million $, estimant avoir été exclue injustement du programme spécialisé de pa‐ rodontie.
Un bureau d'avocats a dé‐ posé une demande introduc‐ tive d'instance à la Cour su‐ périeure, au nom de la jeune femme d'origine française.
Celle-ci a tout laissé der‐ rière elle pour s'établir à Québec, au printemps 2022, dans le but de pratiquer la parodontie en Amérique du Nord après avoir complété sa formation à l'Université La‐ val.
Sa poursuite précise qu'elle avait obtenu un di‐ plôme en médecine dentaire de l'Université CESPU du Por‐ tugal, en décembre 2020, après six années d'études su‐ périeures.
Déménagement
Elle déménage donc à Québec après avoir été ad‐ mise comme résidente au programme spécialisé en pa‐ rodontie de l'Université Laval qui l'aurait avisée que sa for‐ mation débutait en mai 2022.
Avec étonnement, elle dit avoir compris que sa véri‐ table formation n'allait finale‐ ment débuter qu'à l'au‐ tomne.
Le but de son voyage n'étant évidemment pas de faire du tourisme, la deman‐ deresse était ainsi très déçue d'avoir inutilement inter‐ rompu, beaucoup trop tôt, ses activités professionnelles en France
Extrait de la poursuite dé‐ posée par les avocats de l'étudiante
Il faut noter que les allé‐ gations au soutien de cette poursuite n'ont pas encore été prouvées à la Cour et que l'Université Laval n'a toujours pas eu l'occasion de les contester.
« Lourde lacune »
Athénaïs Collard va donc entreprendre son stage cli‐ nique au mois de septembre.
Elle soutient n'avoir reçu aucun plan de cours écrit et qu'elle n'a ainsi pu connaître quels étaient les objectifs de la formation, les attentes et le niveau de compétence qu'elle devait atteindre.
En dépit de cette impor‐ tante et lourde lacune, écrivent ses avocats dans leur requête, l'étudiante se serait consacrée à la forma‐ tion au meilleur de sa capa‐ cité.
À la fin de ce stage en dé‐ cembre, l'étudiante n'aurait reçu aucune rétroaction tant positive que négative de la part de ses superviseurs, ni même d'évaluation finale.
Elle va donc poursuivre sa formation postdoctorale avec un second stage, en 2023, sans davantage bénéficier d'un plan de cours et d'objec‐ tifs à atteindre, allègue-t-elle.
Tout s'effondre
Après avoir passé un exa‐ men au mois de mars lui per‐ mettant de pratiquer des chi‐ rurgies plus importantes, in‐ dique sa requête, tout se se‐ rait effondré le mois suivant.
Le 3 avril 2023, Athénaïs Collard dit avoir été convo‐ quée à l'improviste par le su‐ perviseur et directeur du pro‐ gramme de parodontie, le docteur Reginaldo Gon‐ çalves.
L'étudiante se serait alors retrouvée devant le Dr Gon‐ çalves et deux de ses confrères. Selon la poursuite, le superviseur l'avise alors sans ménagement qu'elle a échoué son stage, trois se‐ maines avant même qu'il se termine.
Stupéfaite et sous le choc, elle arrive à peine à parler, écrivent les avocats de l'étu‐ diante. Selon la poursuite, elle a demandé une évalua‐ tion écrite et des explica‐ tions, ce qu'elle n'aurait pas obtenu Reginaldo Gonçalves ne lui donnant que quelques motifs hautement contes‐ tables.
En larmes et choquée
Toutes les chirurgies pré‐ vues à son horaire et qui fai‐ saient partie de son appren‐ tissage auraient aussi été an‐ nulées.
L'étudiante est sortie de cette réunion ébranlée, en larmes et choquée d'ap‐ prendre son échec avant même la fin de son stage, sans avoir obtenu d'évalua‐ tion écrite au préalable qui aurait pu l'alerter ou lui indi‐ quer de devoir améliorer ses performances académiques.
L'étudiante aurait par la suite été écartée d'une réunion du comité de promo‐ tion en médecine dentaire, où elle aurait pu, selon la poursuite, faire valoir son point de vue.
Cette façon de procéder sournoisement et de ma‐ nière opaque, selon ses avo‐ cats, serait contraire aux exi‐ gences des règles internes de l'Université Laval, prévue à la Déclaration des droits des étudiants et des étudiantes.
Échec confirmé
Athénaïs Collard a malgré tout poursuivi son stage, tout en contestant sa note
d'échec. Elle a par ailleurs pu reprendre ses chirurgies qui avaient été suspendues.
Au mois de mai, son échec sera toutefois officia‐ lisé. Selon les prétentions de madame Collard, le Dr Gon‐ çalves avait alors versé à son insu une fiche d'évaluation écrite à son dossier d'étu‐ diante, ce qu'elle a appris plusieurs mois plus tard.
En agissant de la sorte, le Dr Gonçalves n'a pas res‐ pecté les directives de l'Uni‐ versité, selon la poursuite, en plus de priver Athénaïs Col‐ lard de tout le processus de révision de note.
Ses tentatives de faire ap‐ pel ont échoué, si bien que la jeune femme a été exclue du programme de parodontie.
Elle est toutefois demeu‐ rée inscrite au programme de maîtrise en sciences den‐ taires qu'elle a suivi en paral‐ lèle. Ses performances aca‐ démiques dans ce pro‐ gramme sont d'ailleurs très satisfaisantes et en confor‐ mité avec les attentes de ses superviseurs, indiquent ses avocats, en précisant qu'elle y a la note finale A, le 22 mars dernier.
Elle vient aussi de réussir l'examen prérequis par les autorités américaines pour obtenir un droit d'exercice comme dentiste, partout aux États-Unis.
« Traitée injustement »
Par contre, la jeune femme a subi un tort consi‐ dérable en n'ayant d'autre choix que de renoncer à une carrière de dentiste spéciali‐ sée en parodontie partout à travers le monde, écrivent ses avocats.
L'étudiante reproche à l'Université de l'avoir traitée injustement et de manière abusive alors que le Dr Gon‐ çalves a choisi de se débar‐ rasser d'elle.
Elle réclame donc 1 mil‐ lion $ à l'Université, un mon‐ tant dont la majeure partie couvrirait ses pertes de reve‐ nus futurs évalués à 835 000 $.
L'étudiante estime aussi avoir été privée de 287 691 $ en revenus pendant sa pé‐ riode d'étude, qu'elle reven‐ dique également.
De plus, elle demande le remboursement de ses droits de scolarité et de ses frais de voyages, ainsi que 50 000 $ pour atteinte à sa ré‐ putation.
Comme le litige se trans‐ porte devant les tribunaux, l'Université Laval a préféré ne donner aucun détail sur cette affaire.
Athénaïs Collard et le bu‐ reau ML Avocats de Montréal qui la représente n'ont pas retourné nos demandes d'entrevues.