Des frais trop élevés effraient des compagnies aériennes à Saint-Jean, selon un expert
Un analyste de l’industrie aéronautique estime que les frais trop élevés à l’aé‐ roport de Saint-Jean à Terre-Neuve-et-Labrador découragent certaines compagnies aériennes à venir s’y établir et offrir des vols.
En Atlantique, l’aéroport de Saint-Jean enregistre les frais d'amélioration aéropor‐ tuaire les plus élevés. Il s’agit de frais qui sont ajoutés aux taxes comprises dans l’achat d’un billet d’avion. Ils sont de 42 $ à Saint-Jean, 20 $ à l’aé‐ roport de Charlottetown et 35 $ à l’aéroport d’Halifax.
Selon John Gradek, un ex‐ pert de l’industrie aéronau‐ tique et directeur du pro‐ gramme de gestion de l’avia‐ tion à l’Université McGill, ces frais peuvent représenter une grande différence dans le prix des billets.
En fait, avant même de commencer à faire payer les passagers pour un vol, il y a déjà des frais d’amélioration aéroportuaire élevés en place, dit-il.
La compagnie aérienne Flair Airlines offre depuis ré‐ cemment des vols de SaintJean vers Kitchener-Waterloo en Ontario ainsi que vers To‐ ronto. Depuis trois ans, des vols sont aussi offerts vers Charlottetown, Halifax et Saint-Jean au NouveauBrunswick.
Garth Lund, le directeur commercial de Flair Airlines, avoue que ces tarifs élevés sont l’une des raisons pour lesquelles la compagnie a mis autant de temps à offrir des vols à Saint-Jean.
C'est absolument un fac‐ teur qui entre en ligne de compte lorsque nous pre‐ nons des décisions concer‐ nant les itinéraires. Je pense que nous aurions probable‐ ment desservi le marché de Saint-Jean plus tôt si ces frais avaient été moins élevés, ditil.
L'aéroport se défend
Lisa Bragg, directrice du développement commercial et du marketing de l'aéroport de Saint-Jean, explique que ces frais plus élevés sont né‐ cessaires.
Nous sommes une île et cela change un peu la donne. Et non seulement nous sommes une île, mais nous sommes une île avec une sai‐ son hivernale. En termes d'opérations, nous avons donc quelques coûts supplé‐ mentaires. C'est la raison pour laquelle nous avons une différence de redevances par rapport à d'autres aéro‐ ports.
Selon le site web de l’aéro‐ port, les frais d’amélioration aéroportuaires ne peuvent être utilisés que pour des dé‐ penses d’investissements et non pour couvrir les coûts d’exploitation.
Au cours des 25 dernières années, l'aéroport a dépensé plus de 300 millions de dol‐ lars pour des travaux d'amé‐ lioration, tels que l'agrandis‐ sement récent de l'aérogare et l'extension du parc de sta‐ tionnement pour les voitures de location.
Selon l'expert John Gra‐ dek, les frais d'amélioration aéroportuaire sont générale‐ ment appelés à augmenter.
Je pense qu'une fois que l'on s'engage dans cette voie, celle des frais d’améliorations aéroportuaires, c'est comme une drogue. Vous continuez à en prendre parce que vous pouvez en avoir. Et si vous pouvez augmenter le prix, vous pouvez le faire, et vous le ferez, soutient-il.
D’après le reportage d’Eli‐ zabeth Whitten de CBC