Mobilisation pour sauver un centre de thérapie équestre

Des usagers et des acteurs de la MRC de Montmagny se mobilisent afin de sau‐ ver le centre d’équithérapie La Remontée, situé à SaintJean-Port-Joli, plaidant que son absence risque de créer un vide dans l’offre de services de la région.

Le centre offre un service de relation d’aide assistée par des chevaux à des per‐ sonnes ayant des besoins particuliers.

Fondée en 2006, La Re‐ montée vient en aide à 125 personnes par année. En 2023 seulement, elle estime avoir offert 1768 heures de relation d’aide avec des che‐ vaux. L’organisme a annoncé sa fermeture le 30 avril sur ses réseaux sociaux.

Le sous-financement chronique des organismes communautaires, la pression de l’inflation exponentielle post-covid [et] le manque de main-d’oeuvre spécialisée, ont rendu la situation du centre précaire, ce qui a conduit les administrateurs à prendre cette difficile déci‐ sion, peut-on lire dans la pu‐ blication.

Un manque de finance‐ ment qui fait mal

Face à l’inflation, La Re‐ montée estime avoir besoin de 150 000 $ à 180 000 $ en financement additionnel an‐ nuellement pour pouvoir as‐ surer la pérennité de ses ser‐ vices.

L’organisme affirme avoir entamé des démarches de‐ puis plus d’un an, auprès du CISSS de Chaudière-Appa‐ laches et du ministère de la Santé et des Services so‐ ciaux, notamment, pour ré‐ clamer une bonification des subventions qui lui sont ver‐ sées.

La Remontée reçoit ac‐ tuellement 79 000 $ en sub‐ ventions par année, un mon‐ tant qui n’a pas augmenté depuis 2018. L’organisation amasse aussi 150 000 $ en commandites et en dons chaque année.

On n'a plus la capacité de payer nos employés à un sa‐ laire décent. On est au plus bas des salaires qui sont donnés dans les organismes communautaires, déplore la directrice de La Remontée, Hélène Caron.

Par courriel, le CISSS de Chaudière-Appalaches in‐ dique ne pas avoir les leviers budgétaires additionnels pour soutenir davantage le centre, ajoutant avoir re‐ connu l'expertise de l'orga‐ nisme, depuis 2015, en lui of‐ frant la même contribution fi‐ nancière récurrente et la der‐ nière année n'a pas fait ex‐ ception.

Plus de 180 organismes sont subventionnés dans la région et les besoins sont très grands, ajoute le CISSS.

Les usagers et leurs fa‐ milles craignent un grand

La fermeture annoncée de la Remontée cause beau‐ coup d’angoisse chez les usa‐ gers du centre et leurs fa‐ milles. C’est le cas d’Éric Ni‐ cole, dont les deux enfants ont eu recours aux services de l’organisme.

Sa fille, en particulier, a beaucoup bénéficié de la proximité avec les chevaux, explique-t-il. C'est bénéfique pour les personnes TSA comme les autistes. Donc ils se comprennent entre eux sans se parler. Ça l’aide beau‐ coup dans son quotidien, à l’école entre autres.

Julie Roy est mère d’une adulte avec une déficience in‐ tellectuelle. J'utilise les ser‐ vices de La Remontée tous les étés. J'envoie ma fille aux camps de jour ici puis je sais qu'elle va être super bien su‐ pervisée, qu'elle va évoluer, puis ça me permet de conti‐ nuer à travailler. Les répits que ça m'offre, ça me permet d'éviter l'épuisement parental , croit-elle.

Amélie Bérubé a égale‐ ment constaté l’impact de l’équithérapie chez son fils Eliot, dont les résultats sco‐ laires se seraient considéra‐ blement améliorés depuis que les chevaux sont entrés dans sa vie.

On ne comprenait pas ce qu'il lui manquait, puis lors‐ qu'il a commencé les séances d'équithérapie, tout de suite on a vu un changement au niveau de la concentration, de la confiance que le cheval lui a apportée, se souvientelle.

Pour ne pas perdre ces bienfaits, la mère de famille a lancé une pétition en ligne pour la sauvegarde de La Re‐ montée. Elle compte la re‐ mettre en mains propres au député provincial de Côtedu-Sud, Mathieu Rivest.

Levée de boucliers dans la région

L’annonce de la fermeture de La Remontée a provoqué une onde de choc dans la ré‐ gion.

Ce dossier est un cas fla‐ grant de manque de vision pour notre région. Pour une petite région comme la nôtre, ce type de service est essentiel, écrit Isabelle Nor‐ mand, conseillère en com‐ munications à la MRC de Montmagny par courriel.

Le préfet de la MRC de L’Islet et maire de Saint-JeanPort-Joli, Normand Caron, croit que la perte de La Re‐ montée est la goutte qui fait déborder le vase, et qui té‐ moigne du désinvestisse‐ ment du gouvernement dans les soins de santé dans la ré‐ gion.

On avait une urgence dans la région de L'Islet et on l'a perdue. On avait des pro‐ grammes de médecins dé‐ panneurs qui ont été perdus aussi. On travaille depuis 2018 à avoir une stabilité au niveau des services ambulan‐ ciers dans notre région, et on n'a pas encore de nouvelles positives de ce côté. Le dé‐ part de La Remontée, c'est une perte au niveau de la santé mentale, regrette-t-il.

Maude Perreault, direc‐ trice générale de l’Arc-en-Ciel Regroupement de parents et de personnes handicapées, croit que la fermeture de La

Remontée laisserait un grand vide dans la région.

On dessert la même clien‐ tèle, je considère que c'est un service complémentaire au nôtre, explique-t-elle.

Il ne faut pas oublier que les organismes communau‐ taires naissent d'un besoin de la communauté, c'est ça qu'il faut retenir, c'est qu'on existe parce que la popula‐ tion a besoin de nous.

Maude Perreault, direc‐ trice générale de l’Arc-en-Ciel Regroupement de parents et de personnes handicapées

Par écrit, le député fédéral de Montmagny-L'Islet-Ka‐ mouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, a réagi à cette fermeture.

Il est déplorable qu’une institution établie qui livre des services aux personnes avec des besoins particuliers ne soit pas en mesure de ré‐ pondre, après toutes ces an‐ nées, [aux] critères du pro‐ gramme. Les personnes les plus impactées sont les en‐ fants et ça, c’est vraiment dommage, se désole-t-il.

Son homologue provin‐ cial, le député de Côte-duSud Mathieu Rivest, entend contacter les acteurs du mi‐ lieu pour voir ensemble ce qui peut être fait.

D'après les informations de Guylaine Bussière