Radio-Canada Info

Stéphan La Roche quittera le Musée de la civilisati­on à la fin de 2024

- Kathleen Lavoie

Après deux mandats fer‐ tiles en réalisatio­ns, le pré‐ sident-directeur général du Musée de la civilisati­on Sté‐ phan La Roche estime qu’il est temps pour lui de pas‐ ser à autre chose. Il an‐ nonce qu’il quittera la di‐ rection de l’institutio­n mu‐ séale à la fin de l’année.

En poste depuis 2015 comme directeur général, puis comme PDG, Stéphan La Roche a fait connaître son in‐ tention au conseil d’adminis‐ tration du Musée de la civili‐ sation en janvier, afin de per‐ mettre à ce dernier d’enclen‐ cher le long processus visant à assurer sa succession. Attri‐ bué par nomination poli‐ tique, le poste doit d’abord faire l’objet d’une recomman‐ dation du C. A. auprès du mi‐ nistre de la Culture et des Communicat­ions, qui doit en‐ suite la porter devant le conseil des ministres.

Il n’y a jamais de bon mo‐ ment pour quitter ou annon‐ cer qu’on quitte, sinon quand ça va bien. Et le Musée de la civilisati­on va bien. La fré‐ quentation est bonne, les fi‐ nances sont bonnes, le Mu‐ sée a une bonne réputation. On a de beaux grands pro‐ jets. Quand ça va mal, c’est plus difficile de quitter le na‐ vire, mais là, ça va bien. C’est le bon moment, a estimé M. La Roche en entrevue à Ra‐ dio-Canada.

Gestion en temps de pandémie

Plusieurs coups fumants ont jalonné le passage de l’avocat de formation à la tête du Musée de la civilisati­on, mais ce qui l’aura le plus marqué, c’est la gestion de l'institutio­n en temps de pan‐ démie.

Il y a eu plein de moments de grand bonheur et de satis‐ faction au cours de ces neuf années-là. Mais il y a eu de grands moments d’émotions pas toujours positives, mais très fortes liées à la pandé‐ mie. [...] Ouvrir, fermer, ou‐ vrir, fermer, ouvrir, fermer, trois fois. Et réaffecter les équipes à chaque fois, réaf‐ fecter les exposition­s, aban‐ donner des projets, tout transforme­r en numérique, implanter le télétravai­l à grande échelle, tout ça en même temps.

Stéphan La Roche, pré‐ sident-directeur général du Musée de la civilisati­on

Stéphan La Roche rap‐ pelle le contexte de l’époque marqué par beaucoup d’in‐ quiétude. L’avenir était incer‐ tain et la situation changeait de jour en jour. Au sortir de la crise, le Musée s’en est trouvé plus fort qu’avant, juge-t-il toutefois.

Parce que nos équipes ont été extrêmemen­t rési‐ lientes, solidaires, inventives, créatives, ce qui a fait en sorte qu’au sortir de la pan‐

démie, l’année 2022-23, celle qui suivait la pandémie, on a connu des records de fré‐ quentation, des records de billetteri­e, parce qu’on était toujours restés très actifs, très présents dans la com‐ munauté, et ça, c’est une grande fierté, a-t-il indiqué.

Hergé à Québec,

magistral un coup

Il faut remonter à 2017 pour identifier le meilleur coup de programmat­ion réa‐ lisé par le président-directeur général avec Hergé à Qué‐ bec, qui demeure à ce jour l’exposition la plus populaire de l’histoire du Musée.

Le meilleur coup de pro‐ grammation, c’est sûr que Hergé, qui est l’exposition qui a eu le plus grand succès de fréquentat­ion et de billetteri­e de toute l’histoire du musée en 35 ans. C’est sûr que ç’a été un coup magistral. Cette exposition-là a marqué les esprits, elle a été très appré‐ ciée, très aimée, note-t-il.

Mais aux yeux de Stéphan La Roche, il n’y a pas eu que Hergé. Il dit avoir aimé toutes ses exposition­s, comme on aime ses enfants. Il n’hésite pas à citer les grandes expo‐ sitions internatio­nales comme Le temps des pha‐ raons et Pompéi, les exposi‐ tions thématique­s comme Ô merde! et Unique en son genre, ainsi que la mise sur pied de MLab Creaform, le la‐ boratoire d’innovation et de création numérique du Mu‐ sée de la civilisati­on, parmi ses réalisatio­ns préférées.

Ô merde!, pour ne nom‐ mer qu’une exposition, a bousculé les codes de la mu‐ séologie, avec son thème ris‐ qué et qui concerne tout le monde. Et c’est exactement ce que le président-directeur général voulait faire à son en‐ trée en poste.

C’est de l’audace, effecti‐ vement. Ce que je voulais faire en arrivant au musée, c'est de maintenir le Musée comme un lieu accessible et populaire. Je pense que ça, c’est réussi. C’est coché. Mais aussi d’en faire un lieu d’inno‐ vation. Innovation numé‐ rique, technologi­que, mais aussi innovation sociale.

Stéphan La Roche, pré‐ sident-directeur général du Musée de la civilisati­on

Innovation et audace, ça va aussi ensemble. Auda‐ cieux par les thèmes qu’on choisit, dont Ô merde! et la lutte, actuelleme­nt, avec Ro‐ bert Lepage. C’est un thème audacieux pour un musée.

Un héritage tangible

Quand la porte se refer‐ mera en décembre sur les neuf dernières années, le PDG croit qu’il sera parvenu à laisser, comme ses prédéces‐ seurs avant lui, sa marque sur l’institutio­n qu’est le Mu‐ sée de la civilisati­on.

Je pense que je vais avoir insufflé un élan qui fait en sorte que le Musée est très apprécié par la population. Les gens aiment le Musée de la civilisati­on, le fréquenten­t. Il y a des gens qui me disent : "Moi, je ne me pose même pas la question, je ne regarde même pas le site web avant d’aller au musée, parce que je sais que, si je vais au Mu‐ sée de la civilisati­on, je vais trouver quelque chose d’inté‐ ressant. Il va toujours y avoir quelque chose qui va m'in‐ terpeller." C’est le plus beau compliment qu’on peut avoir.

Quant à son avenir, Sté‐ phan La Roche affirme ne pas encore avoir eu la chance d’y réfléchir. Il lui faut d’abord terminer son mandat et ef‐ fectuer la passation des pou‐ voirs. Après, qui sait?

Je me donne du temps. J’ai plusieurs mois devant moi. Il y a beaucoup de choses qui m’intéressen­t. Je garde les portes ouvertes, les oreilles ouvertes et les yeux ouverts. Puis, je me donne quelques mois pour regarder ce qui est possible, ce qui va se présen‐ ter.

Stéphan La Roche, pré‐ sident-directeur général du Musée de la civilisati­on

Changement de garde souhaitabl­e

Chose certaine, il a le sen‐ timent que le Musée de la ci‐ vilisation profitera du vent de renouveau qui s'apprête à souffler sur lui. Une institu‐ tion, c’est une course à relais, soutient le PDG qui sera res‐ té le plus longtemps en poste depuis Roland Arpin.

La suite des choses pourra appartenir à quel‐ qu’un d’autre. Moi, je suis de ceux qui croient que, pour qu’une organisati­on continue de progresser, d’avancer, il faut qu’après un certain temps, un nouveau souffle soit donné. Je considère que c’est important, sinon on s’encrasse un peu. Et ce n'est pas ma façon de faire. Il faut qu’une institutio­n se renou‐ velle pour rester toujours à l’avant-garde et attractive, at-il conclu.

Avant d’obtenir le poste de président-directeur géné‐ ral du Musée de la civilisa‐ tion, Stéphan La Roche occu‐ pait la même fonction au Conseil des arts et des lettres du Québec.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada