De la nourriture contre le racisme
Depuis 2014, le nombre de crimes haineux et d’actes racistes ne fait que croître en Italie, alimenté par les propos incendiaires des politiciens populistes par rapport à l’afflux de réfugiés et de migrants. À Vérone, on célèbre Pier Paolo Spinazzè, un artiste de rue qui se fait appeler Cibo (« nourriture » en italien), pour sa riposte originale. « Vérone est une ville magnifique, s’enthousiasme-t-il, mais elle a un gros problème avec l’extrême droite. » Lorsqu’il découvre une croix gammée ou un graffiti raciste sur un mur, il le recouvre aussitôt d’une illustration de ses mets préférés – du
cupcake à la pizza. Le résultat a deux effets positifs. Si les extrémistes couvrent souvent de peinture à la bombe les joyeuses images de nourriture de l’artiste, ce dernier s’empresse alors de repeindre par-dessus les messages haineux, et leurs auteurs finissent d’habitude par se lasser. L’autre effet positif : à travers ses oeuvres, les habitants de Vérone sont alertés sur la gravité du problème. « Avant que je m’y mette, les gens s’étaient habitués aux messages et finissaient par ne plus les voir. Aujourd’hui, ils les remarquent et commencent à comprendre. »
Pour Pier Paolo Spinazzè, la nourriture est un remède naturel à la haine – un langage qui réunit les gens et les cultures. « La nourriture, c’est l’union et le partage, souligne-t-il. Nous sommes tous égaux autour de la table – tout le monde mange. »