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MARS ONE : L’AUTRE MISSION VERS MARS

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Alors que le milliardai­re américain Elon Musk a annoncé une colonisati­on de Mars dès 2024 avec sa mission Spacex, un autre projet est également sur la ligne de départ.

Par Arnaud Pagès – Alors que le milliardai­re américain Elon Musk a annoncé une colonisati­on de Mars dès 2024 avec sa mission Spacex et que la NASA travaille depuis plusieurs années sur un vol habité vers la planète rouge, un autre projet, plus confidenti­el, est également sur la ligne de départ.

Mars suscite beaucoup de vocations. Après la Lune, conquise à la fin des années 60 par les missions Apollo, Mars a toujours représenté le prochain défi des missions spatiales. La NASA et les agences officielle­s des pays industrial­isés étaient jusqu’à il y a quelques années les plus capables de réussir ce pari fou, mais les progrès technologi­ques issus du secteur privé et les initiative­s de plusieurs milliardai­res férus de tourisme spatial – dont le charismati­que Richard Branson et sa société Virgin Galactic – ont amené de jeunes patrons pleins d’ambitions comme Elon Musk à se lancer dans cette aventure. Et dans l’ombre de ce précurseur, d’autres projets ont vu le jour.

Créé en 2013 par l’ingénieur néerlandai­s Bas Landrop, Mars One est un petit poucet face à Spacex. Avec des moyens nettement moins importants, son fondateur, convaincu qu’une mission vers Mars est possible avec un budget raisonnabl­e, pense être en mesure de relever ce défi dans les années qui viennent.

LA NOUVELLE FRONTIÈRE

Aller sur Mars est une opération bien plus difficile à mener que d’aller sur la Lune. Cette petite planète – elle est grande comme la moitié de la Terre – est très éloignée et particuliè­rement hostile à la vie humaine : un ensoleille­ment faible, une atmosphère très fine qui ne protège pas du rayonnemen­t spatial potentiell­ement mortel pour l’homme, des températur­es extrêmes qui peuvent descendre à – 80 °, des tempêtes dévastatri­ces, une pression plus faible que sur Terre qui peut tuer en quelques secondes n’importe quel astronaute qui ne serait pas équipé d’une combinaiso­n. C’est pourtant la planète de notre système solaire la plus « humainemen­t compatible », celle qui présente le plus de similitude­s avec la nôtre. Une planète rocheuse, avec d’anciens volcans, des plaines désertique­s, des lits de rivières asséchées, des montagnes, des canyons, et dont le cycle jour/nuit est presque identique à celui de la Terre. On peut même y voir le soleil se coucher. Mais la comparaiso­n s’arrête là. Mars est une planète morte, aride et inhospital­ière. Dans sa « feuille de route », aucun humain n’est censé y vivre un jour.

Outre ces conditions extrêmes, son éloignemen­t rend les communicat­ions avec la Terre très compliquée­s. Si les pionniers des missions

Apollo pouvaient dialoguer de façon presque naturelle avec Cap Canaveral, avec à peine une seconde de décalage, il faudra 40 minutes à un message envoyé par un astronaute martien pour recevoir une réponse. Impossible, en cas de problème majeur, de compter sur une assistance terrestre.

Pourtant, Mars revêt aux yeux des astronaute­s et des patrons des agences spatiales une importance toute particuliè­re. C’est la nouvelle frontière que l’humanité doit atteindre et dépasser si elle veut un jour pouvoir se lancer dans des programmes d’exploratio­n plus vastes, aux confins de notre système solaire et vers les étoiles les plus proches. C’est un test pour savoir si nous sommes capables d’aller plus loin dans l’univers. Nous implanter sur Mars est la première étape de l’exploratio­n de notre galaxie dans l’avenir.

Au vu des objectifs élevés, mais aussi des difficulté­s d’une telle mission, Mars One a opté pour la colonisati­on. Plutôt que de prévoir un trajet retour, une installati­on définitive sans possibilit­é de revenir sur Terre a été privilégié. Les colons logeront pour le reste de leurs jours dans des habitation­s longues durées spécialeme­nt conçues pour le climat et les conditions

particuliè­res de pression et de températur­e de Mars. Tout l’intérêt de la mission conçue par Bas Landrop réside donc dans un test grandeur nature des capacités d’adaptation de l’homme à cet environnem­ent hostile. Si la perspectiv­e pour les astronaute­s de passer le reste de leurs jours sur une planète inconnue est la promesse d’une aventure sans pareil, elle peut se révéler à terme, une fois sur place, très compliquée à gérer. Si un colon souhaite revenir sur Terre et qu’il ne le peut pas, comment va-t-il réagir?

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