François Bugingo
Le 23 mai 2015, la journaliste Isabelle Hachey publie une bombe dans La Presse : le reporter François Bugingo a inventé plusieurs reportages internationaux. « Ça faisait quelques années qu’on voyait que ce qu’il écrivait dans ses chroniques et ses blogues semblait difficile à croire », se souvient-elle.
Une chronique de Bugingo, dans laquelle il dit avoir rencontré en prison le fils du leader libyen Mouammar Kadhafi, la pousse à l’action. Étant allée en Libye, madame Hachey savait qu’aucun journaliste n’avait eu un tel accès. D’ailleurs, Saïf al-islam ne se trouvait pas en prison : « Il était dans des maisons gardées et il changeait souvent d’endroit », affirme-t-elle.
Elle relit donc tout ce que le reporter, qui oeuvrait auprès du Groupe Média (TVA Nouvelles, Journal de Montréal, Journal de Québec, etc.) et du 98,5 FM, avait écrit, puis le rencontre. Pendant l’entretien, Bugingo se défend : « Il ne s’est pas défilé. Il essayait de me convaincre. » Cette tactique s’avère être une erreur qui permet à la journaliste de valider ses soupçons.
Les répercussions aux révélations ne tardent pas. Le Groupe Média met fin à ses collaborations avec Bugingo tandis que le 98,5 FM accepte sa démission. Bien qu’il ait écrit sur sa page Facebook vouloir défendre son intégrité « en temps et lieu, ainsi qu’aux instances concernées », Bugingo n’a jamais, au moment d’écrire ces lignes, donné suite à cette intention.
Impossible de connaître l’impact de cette affaire au Journal de Montréal et au 98,5 FM qui n’ont pas répondu à nos demandes d’information. À La Presse, la chef des nouvelles internationales, Judith Lachapelle, a confirmé que les pigistes travaillant à l’étranger doivent dorénavant fournir des extraits d’entrevues ou des selfies pour prouver que leur travail a été fait.