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GUILLAUME PINEAULT (L’ÉPAIS, C’EST MOI) LENDEMAIN DE VEILLE

- PHOTOGRAPH­E : SARAH DAGENAIS

Je ne voulais pas tomber dans les vieux clichés, mais à 16 ans, ma première « virée », « brosse », « déroute », mon premier face à face avec « l’ébriété », la bière en fût cheap et finalement la toilette, s’étaient tous réglés au travers d’une bonne nuit de sommeil. - Le 22 juin 2000, première brosse pour oublier une rupture. - Le 23 juin 2000, première Saint-jean sur les plaines à Québec. (Faut tu le fasses au moins une fois dans ta vie, avec de la chance, tu vas comme moi voir les Cowboys Fringants.) - Le 24 juin 2000, la Saint-jean à Saint-hyacinthe. (Oui, oui, tu vis tous les partys que tu peux à cet âge-là.) - Le 25 juin 2000, mon initiation de sauveteur. Quoi de mieux que d’entrer dans la grande famille des sauveurs de vie et ardents défenseurs de la prévention à la santé en s’ouvrant la face dans des concours de calage?

Quatre nuits, quatre brosses, AUCUN lendemain de veille.

LES FAMEUSES RECETTES D’AVANT LENDEMAIN DE VEILLE Chacun a son remède miracle pour éviter le lendemain de veille. Tous un peu plus légendaire les uns que les autres, mais voici ceux que j’ai le plus souvent entendus :

L’hydratatio­n : Bois régulièrem­ent de l’eau pendant la soirée. Cale un verre d’eau avant de dormir. Mets de la glace dans tous tes drinks. Ah oui, pis mélange pas.

L’alimentati­on : Mange gras. Claque-toi une poutine, la grosse de préférence. Comme ça, si tu vomis, t’auras une défaite : c’est pas l’alcool, c’est avec le gras que ton foie a eu de la difficulté à dealer.

Activité physique : Certains choix s’offrent à vous : - Courir jusqu’à la maison après le party. Bon, si le party est chez vous... ben c’est ton problème.

Vous remarquere­z que c’est bien rare que toutes ces inventions-là aient été concoctées par du monde à jeun. Personnell­ement, celui qui a toujours le mieux fonctionné pour moi, c’est bête, mais c’est : « LA MODÉRATION ». Sinon, un peu plus drastique aussi, il y a « LA RÉINCARNAT­ION » qui est plus ardue, qui consiste à un peu mourir et revenir dans mon corps, espérons-le, sous une meilleure personne.

LES FAMEUSES RECETTES RENDU AU LENDEMAIN DE VEILLE

Gatorade : Les sportifs prennent ça pour s’hydrater et se donner des électrolyt­es, et clairement en lendemain de veille, tu as les mêmes qualités que quelqu’un qui fait du sport, c’est donc la recette champion!!!

Une petite bière : OUIIIIIIII­I! Parce que c’est logique. D’ailleurs, si jamais tu t’écrases un pouce avec un marteau, pour diminuer la douleur fesse-toi sur l’autre pouce.

Mon meilleur truc, c’est moi qui l’ai inventé : dormir dans le regret jusqu’à ce que ça passe! De préférence, un endroit frais, avec peu de lumière, pas de bruit et si possible avec une petite brise. En fait, ça concorde parfaiteme­nt avec le rebord de la toilette en porcelaine, et le tourbillon lorsque tu actionnes la chasse d’eau.

C’EST MOI L’ÉPAIS? Mais Guillaume, il est où le bout où tu es un épais dans cette chronique? En fait, si tu t’es déjà dit plus d’une fois : « Ça, c’était la dernière fois. L’alcool, pu jamais. Moi, c’est fini », bienvenue dans le club des épais.

J’ai déjà pris la décision d’arrêter de boire de l’alcool. J’ai réussi pendant un an et demi. Et à toutes les fois que tu refuses un verre, en disant : « Non merci, je ne bois pas », ça fait un frette. Le monde s’imagine « Ah mon Dieu, pour moi y devait battre sa femme! ».

- Non, c’est con tu me diras, moi j’haïs ça vomir le lendemain. - Mais Guillaume, t’es pas obligé de boire à t’en rendre malade! - Ouin, mais j’pas obligé de boire non plus.

Je ne sais pas pourquoi, mais naturellem­ent notre ego minimise toujours le problème du lendemain de veille. Ce n’est jamais de notre faute : « Ouf, je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé, j’pense que quelqu’un a mis quelque chose dans mon verre! » Euhhh oui mon chum, DE L’ALCOOL.

Et quand tu prends ta décision, c’est pas mal le « vice » le plus difficile à arrêter, parce que pour une raison obscure, tout le monde t’incite à boire. Tsé le bon vieux chum de gars : « on fête ça, SHOOTER ».

- Non merci, j’ai arrêté de boire. - Ah! Come on! Juste un p’tit shooter, ça jamais tué personne… - Es-tu certain de ça? Parce que mettons le 38e petit shooter peut tuer quelqu’un, encore plus s’il est pris au volant!? - ENWEYE PINEAULT… - Es-tu en train de me crier après? On dirait que c’est peut-être plus toi qui devrais arrêter l’alcool? - Common’ Pineault, les shooters sont déjà payés!

Voyons, c’est pas un peu ça aussi le CONSENTEME­NT. #Noncestnon.

Hey, ça t’a coûté quoi? 2,75 $? On s’entend que c’est pas un voyage dans le Sud. Sérieux ça tu déjà marché avec quelqu’un ça, faire la pitié par l’argent. Si oui, j’voudrais pas te voir avec une fille.

- Aimerais-tu ça qu’on couche ensemble? - Non! - Come on, j’ai déjà acheté les condoms… j’en porte un actuelleme­nt!!! Je te rappelle le CONSENTEME­NT et #Noncestnon.

Pis c’est vraiment juste avec le vice de l’alcool qu’on fait ça insister de même… Prenez la même situation, mais avec un gars qui a arrêté de jouer :

- Une p’tite game de poker? - Ah non, merci. J’ai arrêté de jouer. - Come on! Juste une p’tite game de black jack d’abord! - Écoute, j’ai perdu mon char, mon condo pis ma blonde à cause du jeu… - Skip-bo d’abord?

MES RAISONS Bref, moi j’avais décidé d’arrêter de boire, non pas parce que j’étais alcoolique, mais parce que j’savais pas boire, encore plus quand c’était gratis. Moi généraleme­nt, dans ma soirée, il y avait différent stade genre - plaisir, tout le monde est fin, pourquoi je porte des pantalons.

Donc, la décision m’est venue après être sorti sur une terrasse à Montréal en criant : « Shooter pour toi, toi, pis toi même si je te connais pas. » J’avais pointé une femme enceinte, un buisson, pis mon reflet dans la porte patio. Bon, l’histoire ne le dit pas, mais ça se peut aussi que j’avais texté mon ex, appelé pour insulter mon boss et vomi sur le bar… Ça, on ne le saura jamais.

SOUVENIRS VAGUES Ah, il se peut bien, si ma mémoire est bonne que l’agent de sécurité vienne sur la terrasse pour poliment me demander de quitter les lieux. Ce à quoi j’avais répondu : « DO YOU KNOW WHO I AM? »

Au même moment, deux autres contrevena­nts se sont mis à se battre. Fiou! Sauver par plus épais que moi. Le doorman s’était rapidement occupé de les immobilise­r par un savant coup de poing à la gorge du premier homme, et un splendide coup de pied dans le genou du second. Genou, qui je me le rappelle encore avait plié à l’envers (ce qui selon mes apprentiss­ages en ostéopathi­e, N’EST PAS NORMAL). C’est à ce moment précis que j’ai COMPLÈTEME­NT DÉGRISÉ, en me rappelant mes dernières paroles qui flottaient encore dans les airs comme une bulle de bande dessinée « DO YOU KNOW WHO I AM? »!

Le doorman s’est retourné vers moi, après bien avoir apprêté les gars comme deux crêpes au sol, il m’a fixé directemen­t dans les yeux et m’a dit « NO SIR, I DON’T KNOW WHO YOU ARE ».

Moi de répondre, avec la voix la plus féminineme­nt chambranla­nte : « Mais c’est pas grave, je me connais et je vais m’exclure. »

Je suis content d’être en vie pour vous raconter mon histoire, buvez avec modération et soyez sage!!!

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