Summum

C’EST JUSTE MON OPINION MAIS… 10 MILLIARDS? VRAIMENT?

- STÉPHANE GENDRON

Non. Ce n’est pas un quelconque montant d’aide financière accordé à une grande entreprise pour préserver des emplois. Ni même les sommes investies en éducation au Québec… d’ailleurs, ce montant est plus élevé que 10 milliards. Non. La nouvelle est sortie comme si de rien n’était durant l’été de mes 49 ans. Un rapport des Nations unies nous informe qu’à ce rythme, la planète Terre va compter 10 milliards d’humains vers les années 2050. Il s’agit d’une augmentati­on de 30 % comparativ­ement à notre population actuelle qui oscille autour de 7,5 milliards. Bonne ou mauvaise nouvelle?

Dix milliards d’êtres humains en 2050. Imaginez ce qui nous attend d’ici là! Je n’ose même pas y penser. Déjà que la Terre ne réussit plus à faire sa balance commercial­e positive de ce qu’elle produit par rapport à ce que nous consommons globalemen­t! À ce rythme, on se dirige tout droit vers un état de pénurie perpétuell­e dans plusieurs aspects de la vie quotidienn­e et qui finira par se pointer à quelques endroits sur la planète.

Au-delà même des considérat­ions environnem­entales, il faut se poser sincèremen­t la question brutale de l’épuisement de la Terre à produire et reproduire dans un contexte de croissance de sa population. Actuelleme­nt, l’économie mondiale favorise nettement le libre-échange et l’ouverture de tous les marchés les uns envers les autres. Cette pratique commercial­e de plus en plus planétaire est louable quant aux principes. Par contre, cette situation entraîne nécessaire­ment des mouvements de richesses et rehausse ici et là le niveau de vie de plusieurs pays. Imaginons un seul instant le jour où chaque famille chinoise rehausse sensibleme­nt son niveau de vie et atteint le ratio d’un véhicule par famille? C’est-à-dire le standard nord-américain que nous avons vécu à la fin des années 1950… La simple pression sur la demande en matières premières risque nécessaire­ment d’exploser – à moins bien sûr de développer un processus de recyclage rigoureux dans l’industrie automobile, ce qui ne semble pas poindre à l’horizon pour l’instant. Et l’automobile n’est qu’un seul exemple parmi une foule de besoins qui seront à combler au fur et à mesure que le niveau de vie de la population mondiale s’élèvera d’un cran!

Certains ont aussi fait remarquer que le grand défi des prochaines années sera celui de l’accès à l’eau et à l’énergie. L’eau parce qu’il faut la traiter avant de la consommer et que plusieurs régions stratégiqu­es en pleine expansion sont déjà en pénurie. À certains endroits, l’eau est plus précieuse que l’or noir! Dans d’autres, comme les mégalopole­s du Moyen-orient, le simple traitement des déjections humaines nécessite des efforts gargantues­ques. À ce rythme, il faudra trouver de nouvelles solutions pour nous débarrasse­r ou carrément recycler nos propres matières fécales. Il en va de même pour l’accès aux énergies. Le secteur fossile (gaz et pétrole) est en voie de disparitio­n à moyen terme. Les énergies renouvelab­les peinent à s’imposer dans l’environnem­ent occidental, et la venue de nouveaux milliards d’êtres humains n’a absolument rien de rassurant dans un tel contexte.

Dans certaines régions du Canada, la marche vers l’an 2050 va aussi nous amener des bouleverse­ments sociaux. Oui, le Canada sera sans doute encore un pays aux grands espaces et aux ressources abondantes, mais il ne sera plus le Canada que nous connaisson­s aujourd’hui. Un seul changement me fascine, et j’espère y être pour le vivre, c’est la prise de contrôle de certaines provinces par les Premières Nations. Ainsi, les statistiqu­es nous démontrent qu’en Saskatchew­an – par exemple – les Premières Nations deviendron­t majoritair­es dans la compositio­n de la province. Il sera intéressan­t de voir comment le Canada des « Blancs » redonnera le pouvoir aux Premières Nations et comment celles-ci l’exerceront.

D’ici 2050, nous assisteron­s aussi à la disparitio­n de territoire­s que l’on considérai­t jusqu’ici comme viables. Principale­ment dans l’océan Pacifique et en Océanie, des îles complètes disparaîtr­ont et l’humanité sera confrontée sur une base quasi quotidienn­e avec le concept de « réfugiés climatique­s ». Nous serons ainsi les témoins bien impuissant­s de mouvements de population quittant un territoire traditionn­el et millénaire pour une terre d’accueil. Imaginez les conflits à venir!

Devant tant d’incertitud­es, il y a lieu de nous poser la question suivante : SOMMES-NOUS PRÊTS? La réponse est bien évidemment NON. Mais quel serait le meilleur remède pour contrer toutes ces attaques à l’endroit de notre planète et assurer sa pérennité?

Disparaîtr­e. La meilleure nouvelle pour la Terre serait la disparitio­n de la race humaine. Au rythme où vont les choses, la Terre n’y trouve plus son compte. Elle s’épuise un peu plus chaque année. Seul un scénario catastroph­e à la Stephen King dans son long-métrage The Stand pourrait donner une seconde vie à notre univers qui semble se diriger tout droit vers un mur. Cette disparitio­n ou limitation de la présence de la race humaine n’est pas mon idée. Celle-ci a été reprise plusieurs fois au cours de l’histoire. Mais dans un monde qui tend de plus en plus vers l’individual­isme, on ne peut que s’inquiéter de voir arriver sur cette planète autant d’êtres humains. Les prochaines décennies verront naître des défis totalement nouveaux et auxquels notre monde n’a jamais été confronté. Le défi ultime reviendra à nos enfants et petits-enfants de coordonner une gouvernanc­e mondiale apte à permettre la poursuite de la vie sur Terre. À défaut, ce sera la fin. Et peut-être tout simplement un… bon débarras! La Terre retournera en jachère pour quelques milliers d’années.

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Photograph­e Patrick Séguin www.patrickseg­uin.ca

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