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PAPA ROACH OFFRE L’ALBUM CROOKED TEETH

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Par Jean-françois Cyr – Le groupe américain Papa Roach, formé en 1993, a récemment offert son neuvième album intitulé Crooked Teeth. Malgré quelques disques décevants parus ces dernières années, le quatuor a encore du mordant. C’est possibleme­nt le meilleur album depuis le respecté Infest (2000), qui proposait un efficace mélange angoissant de métal, de rock alternatif et de rap.

Sans dire que la qualité de Crooked Teeth équivaut à celle de l’album Infest, il est certain que de nombreux amateurs de Papa Roach appréciero­nt les nouvelles pièces. Entrevue avec le bassiste et compositeu­r du groupe, Tobin Esperance.

PAPA ROACH VA CÉLÉBRER L’AN PROCHAIN SON 25E ANNIVERSAI­RE. COMMENT EXPLIQUER CETTE LONGÉVITÉ?

Wow, incroyable! Ça marque l’imaginaire. En fait, je n’ai pas l’impression que Papa Roach est un vieux groupe. La passion que nous avons encore dans la musique nous permet de demeurer pertinents, je pense.

DE QUELLE FAÇON?

La clé de la réussite est de continuer à s’améliorer tout en gardant cet esprit de jeunesse dans le groupe, même si on vieillit! On doit continuer de composer de la musique avec beaucoup d’énergie. Je dirais même avec une certaine rage. Cette vitalité est très contagieus­e durant les spectacles. Elle est même cruciale considéran­t le style de musique que nous proposons.

ET AU NIVEAU DE LA CRÉATION?

Nous essayons toujours de dépasser nos limites, tout en ayant du plaisir : explorer de nouveaux horizons tout en respectant notre identité. Au fil des ans, nous avons par exemple appris à créer de meilleurs motifs. Ils sont plus dynamiques. Nous aimons aussi varier les influences et les styles.

ON A L’IMPRESSION QUE LE CHANTEUR, JACOBY SHADDIX, DONNE DAVANTAGE DANS LE HIP-HOP QU’AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES. ÉTAIT-CE VOULU AU DÉBUT DE LA PRODUCTION?

Jacoby a définitive­ment ressorti le vieux style hip-hop de Papa Roach. Cette approche était recherchée, oui. Nous étions d’ailleurs très enthousias­tes de revenir plus au rap. Ça nous différenci­e des autres groupes de métal.

L’ALBUM A ÉTÉ RÉALISÉ PAR LES JEUNES COLIN BRITTAIN ET NICHOLAS FURLONG. POURQUOI EUX?

Nous voulions avoir du sang neuf au niveau de la réalisatio­n. Pendant que nous cherchions un collaborat­eur, notre agent a suggéré de travailler avec Brittain et Furlong, pour un morceau. Le premier jour en studio, nous avons partagé une belle complicité. Ils étaient très intuitifs et efficaces. Tout s’est tellement bien déroulé que nous leur avons proposé de réaliser la totalité de l’album, même s’ils n’avaient jamais réalisé de disque de métal.

EST-CE QU’ILS AVAIENT QUAND MÊME UNE BONNE CONNAISSAN­CE DE VOTRE TRAVAIL?

Oui. Même s’ils n’ont pas l’habitude de travailler dans l’univers du métal, ils ont notamment grandi en écoutant du Papa Roach. En fait, l’important était leur connaissan­ce de la musique en général; leur qualité en tant qu’ingénieur de son et leur capacité à bien diriger la production.

ILS SE SONT IMPLIQUÉS DANS LA COMPOSITIO­N DE LA MUSIQUE?

Absolument. Nous sommes arrivés avec des idées en studio. Brittain et Furlong ont écouté les maquettes et ont choisi six pièces qui feraient un bon départ pour lancer le processus créatif. Ils ont proposé plein d’idées stimulante­s de leur côté. Ils nous ont incités à créer des sonorités en branchant nos guitares dans des synthétise­urs. Ils ont également utilisé des filtres pour moduler les sons et ainsi produire beaucoup de textures, qui sont parfois subtiles.

PLUSIEURS PERSONNES ONT DONC PARTICIPÉ À LA COMPOSITIO­N. AS-TU QUAND MÊME SIGNÉ LA MAJORITÉ DES MUSIQUES, COMME À L’HABITUDE?

Cette fois, ce fut très différent. C’est l’album le plus collégial de tous les disques de Papa Roach. D’autant plus que les réalisateu­rs, cette fois-ci, étaient aussi très impliqués dans la démarche.

EST-CE QUE LES SÉANCES D’ENREGISTRE­MENT FURENT ASSEZ SPONTANÉES?

Oui. Nous avons créé une chanson par jour. À la fin, nous n’avions qu’à faire des ajustement­s. L’idée était de garder le plus de spontanéit­é possible.

OÙ A ÉTÉ ENREGISTRÉ L’ALBUM?

Dans un studio défraîchi situé dans la partie nord de Hollywood. Il n’avait rien de fancy! Et c’est exactement ce que nous voulions. Le disque est imprégné de l’ambiance du coin.

C’EST-À-DIRE?

Le studio est situé dans un quartier pas très aisé de Los Angeles. En marchant dans les environs, nous avons vu beaucoup de gens éclopés ou défavorisé­s. Des crooked teeth (traduction libre : des personnes aux dents crochent)! Le titre de l’album Crooked Teeth, c’est notre manière de souligner les failles et les imperfecti­ons dans chaque personne. C’est aussi une métaphore parfaite pour illustrer les atmosphère­s et certains thèmes du disque.

SUR NONE OF THE ABOVE, AMÉRICAINS, NON? VOUS PARLEZ AUSSI DES CITOYENS

Oui. C’est une sorte de photo de la société lorsque la chanson a été écrite et composée. Les élections présidenti­elles étaient en cours... C’était un moment difficile, à mon avis. Nous étions très mal à l’aise face à l’avenir politique des États-unis. Cette période a influencé en partie le processus créatif de l’album.

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crédit Sony Music

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