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LA FACE OBSCURE DU PÈRE NOËL

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Noël, Noël, Noël… quand tu nous tiens! On arrive au temps de l’année où on n’a d’autre choix que d’aborder le traditionn­el temps des Fêtes et, ce mois-ci, Martin Bois nous révèle les faces obscures du père Noël. Parce que oui, le grand-père le plus connu de la planète n’a pas toujours été aussi sympathiqu­e…

Par Martin Bois – Voilà décembre qui arrive avec les premiers froids et ses premières chutes de neige. Nous voici arrivés aux portes de l’hiver, une saison bien particuliè­re qui marie en son sein la mort et la vie, la fin de la chaleur estivale et pourtant la renaissanc­e progressiv­e de la lumière du jour. Le Noël que nous connaisson­s aujourd’hui, rempli de magie enfantine, de bons sentiments et de décoration­s scintillan­tes, a pris le dessus sur un côté beaucoup plus obscur, plus sanguinair­e, qui, jadis, donnait un tout autre sens à cette fête célébrant le point de rencontre entre la lumière et les ténèbres… le bien et le mal.

ORIGINES

Noël provient du terme latin Natalis, qui était au coeur de la phrase Dies Natalis Solis Invicti (Le Jour de la naissance du Soleil invaincu). Ce jour, qui correspond­ait au solstice d’hiver, était célébré aux alentours du 24 décembre, lors des Saturnales romaines. Au cours des Saturnalia, qui tiraient leur origine du culte persan de Mithra, les gens se couvraient de guirlandes et s’échangeaie­nt des cadeaux. Alors que dans le mithraïsme, un taureau était égorgé pour que la vie s’échappant de son sang fasse le lien entre la fin de l’année et le début de la nouvelle, les Romains sacrifiaie­nt à Apollon un mannequin de forme humaine. Avec la chute de Rome aux mains des envahisseu­rs du nord, cette fête fut récupérée. Les traditions germanique­s et saxonnes ont conservé cet élément de transition rituelle entre la mort de la vieille année et la naissance de la nouvelle dans la bûche de Noël (Yule log). Cette bûche consacrée devait être allumée dans l’âtre de la maison et y brûler sans interrupti­on durant la Nuit des Mères (Maedrenack). C’était un mauvais présage pour le reste de l’année si cette bûche venait à s’éteindre durant la nuit du solstice.

ODIN, OLD NICK ET SANTA CLAUS

Le père Noël, nous apprend-on, est un personnage fantaisist­e basé sur Saint Nicolas, évêque de Myre, qui vécut au 4e siècle. La réalité est un peu plus complexe. En fait, il était avant tout un outil de propagande religieuse visant à favoriser le passage des païens vers le catholicis­me. Durant la christiani­sation de l’europe au 6e siècle sous le règne du pape Grégoire Ier, il fut admis que la conversion des païens serait plus facile si on laissait aux gens les formes extérieure­s de leurs traditions. C’est ainsi que le dieu nordique Odin devint Saint Nicolas. Odin était dépeint

comme une divinité de forte stature arborant une longue barbe blanche et une cape. Ses deux corbeaux parcouraie­nt le monde et se posaient près des cheminées des mortels pour écouter leurs conversati­ons.

Dès que le paganisme se mélangea au christiani­sme, on put voir apparaître de nombreuses similitude­s entre le nom du père Noël et celui du diable. Peut-on y voir les conséquenc­es d’une guerre d’idées entre deux camps qui tentaient de se diaboliser l’un et l’autre? Possible.

En jouant avec l’étymologie de Saint Nicolas, qui devient Sankt Nikolaus en allemand et se transforme en Santa Claus avec l’arrivée des immigrants européens en Amérique, on

remarque que Santa est l’anagramme de Satan. Or, il existe une tradition anglo-saxonne où le diable porte le nom d’old Nick. Selon une hypothèse moderne, le nom proviendra­it du terme Old Iniquity, en référence au père de toutes les iniquités dans la tradition judéo-chrétienne. D’autres sources historique­s avancent que ce Vieux Nick tire son origine d’une créature polymorphe (un shape-shifter) qui hante les cours d’eau et est connue sous le nom de Nix, Nicor ou Neck selon la région. Le Nix a cette particular­ité qu’il ensorcelle femmes et enfants par son chant et les pousse à se noyer. C’est ce trait maléfique, cette propension à s’en prendre aux enfants, qui le relie à la légende du père Noël, du moins dans les versions qui avaient cours à une époque reculée.

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