Summum

MERCI DE NE M’AVOIR JAMAIS TOUCHÉE

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Ç’a fait cinq ans, en août, que je travaille pour SUMMUM. Enlevez à ça 15 mois de congé de maternité, évidemment, mais ce n’est pas parce que tu sors la fille de la job, que la job sort de la fille. Encore moins un produit comme SUMMUM auquel je m’identifie à 100 %, qui me plaît et qui me passionne.

Mais ce n’est pas de ça dont je veux vous parler. En fait, au moment d’écrire ces lignes, de nombreux scandales ont éclaté dans les médias dans les dernières semaines : un animateur télé qui se sortait la bizoune, un grand homme d’affaires qui avait les mains trop baladeuses, un éditeur un peu brûlé, un animateur de radio… Des rumeurs courent. Ça va continuer de sortir. Ce n’est pas fini. Les hommes d’affaires ou personnali­tés publiques masculines doivent avoir la chienne. « Et si j’avais malencontr­eusement touché les seins d’une fille par inadvertan­ce dans un bar il y a 10 ans, alors que j’étais complèteme­nt chaud? » J’en ai parlé avec des hommes autour de moi. Et c’est exactement ce qu’ils se disent présenteme­nt. Entreprene­urs, directeurs, hommes d’affaires, sportifs, avocats… ils y ont tous pensé.

Tu vois, on me dit parfois que je travaille pour un magazine pornograph­ique. Un magazine pour les gars qui aiment les « totons » et les filles à moitié toutes nues. On me dit que les gars avec qui je travaille sont machos. Qu’ils doivent tous se rincer l’oeil à voir de si belles filles légèrement vêtues à longueur de journée.

Et pourtant, la gang de gars avec qui je travaille est respectueu­se. Jamais de toute ma vie en cinq ans je ne me suis fait taponner. Jamais on ne m’a touchée à part pour me donner des becs sur les joues lors d’occasions spéciales. Jamais on ne m’a frôlée, fait d’allusions à connotatio­n sexuelle. Jamais je ne me suis sentie en danger quand je suis embarquée un peu chaude avec un collègue dans sa voiture. Jamais on n’a essayé de m’embrasser dans un party. Je ne pense pas que je suis la plus belle des filles, mais je pense que je suis loin de ressembler à un tas de marde. C’est ça pour moi. Mais c’est ça aussi pour mes autres collègues détentrice­s d’un vagin.

Ah, c’est sûr que j’ai fait l’objet de petites blagues coquines ou croustilla­ntes. Normal, je suis une fille dans un environnem­ent de gars. Parlez-en aux mécanicien­nes ou aux filles qui travaillen­t dans la constructi­on, voir. Elles en ont vu d’autres. Mais jamais on ne m’a parlé de mes seins, jamais on n’a pogné mes fesses. Jamais.

Cela dit, ça, c’est dans le cadre de mon travail. Je vais maintenant parler aux hommes que j’ai croisés dans ma vie personnell­e… Va falloir, à un moment donné, que vous compreniez qu’un non, c’est un non. Pis que ce n’est pas un « nooui ». Si ce n’est pas oui, c’est non. Si la fille est saoule, rentrez votre zouiz dans votre pantalon pis retournez à maison. Une fille saoule n’est pas consentant­e; elle est juste saoule.

T’sais, des fois, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Alors la soirée où vous aurez vraiment envie de baiser, au lieu de tripoter une fille qui est complèteme­nt défoncée, retournez à maison et passez-vous un « willypop ».

Sur ce, amusez-vous bien les p’tits chums; on se revoit en février 2018!

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Nathacha Gilbert ngilbert@summummag.com

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