COMMENT ASSURER DU TRAVAIL A LA POPULATION S'IL N'Y EN A PRESQUE PLUS, ET SURTOUT COMMENT VA-T-ELLE VIVRE?
QUELLE SOCIÉTÉ FUTURE?
Et cette omniprésence n’est anticipée pour l’instant ironiquement que par les grands décideurs de la Silicon Valley qui ont leur solution : construire des bunkers en raison possible des futures inégalités qui seront telles qu’ils envisagent comme possible une révolution des masses appauvries. On parle ici de Steve Huffman, PDG de Reddit, Antonio Garcia Martinez, ancien cadre de Facebook, ou encore Yishan Wong, également ancien de Facebook. Nous sommes dans une société où ce sont les entreprises et les banques qui dictent les lois du marché aux gouvernements, et aucun consensus n’est réalisé en cas de crise. Lorsque les ordinateurs et robots sont arrivés, les licenciements ont suivi; lorsque l’asie s’est ouverte à la concurrence, les délocalisations n’ont alerté que les élus locaux.
Si les IA vont d’abord permettre d’alléger les effectifs d’une société, leur développement et leur présence toujours accrue vont inéluctablement conduire à un choc sociétal. Que vont devenir les millions de personnes ayant perdu leur emploi? Nous serons dans des proportions bien supérieures aux 11 millions d’expropriés aux États-unis à la suite de la crise de 2008. La nouvelle répartition démographique en France, pays aux localités parfois dévastées par le chômage et la crise, peut être un indice… tout comme la situation au Brésil : deux pays fortement touchés par les inégalités. La population qui profite de la mondialisation vit dans les villes, tandis que ceux touchés par la pauvreté les délaissent au profit de la province. Au Brésil, la situation est semblable et même bien pire avec les favelas d’un côté qui regroupent les exclus et la criminalité de rue, et de l’autre côté l’apparition de quartiers privés réservés aux riches. Cette situation risque malgré elle de devenir un modèle pour les autres pays.
Au-delà du changement de la répartition démographie, c’est notre modèle de société capitaliste qui va obligatoirement subir une profonde remise en question au fur et à mesure que des métiers seront progressivement assurés par des IA ou des machines. Comment assurer du travail à la population s’il n’y en a presque plus, et surtout comment va-t-elle vivre?
À cela s’ajoute l’évolution technologique qui va bouleverser également notre conception de l’argent ou du coût de fabrication. Le but est de parvenir, dans quelques dizaines d’années, à construire un produit non en assemblant comme maintenant différentes pièces, mais en le créant molécule par molécule qui seront assemblées les unes aux autres. Avec ce type de procédé, des matériaux rares et hors de prix seront faciles à créer, mais surtout, cette méthode va progressivement abaisser le coût de fabrication à zéro. Dans une telle société, la capacité à travailler et l’argent ne diront pas grand-chose, l’homme qui cherche sa place et qui veut faire partie d’une société inclusive peut se retrouver exclu. La société devra alors réfléchir à son avenir au risque d’avoir des centaines de millions d’exclus lâchés dans la nature et qui seront insensibles aux discours de modernité. Pour l’instant, le combat politique se déplace de la traditionnelle droite/gauche vers ceux qui profitent de la mondialisation versus les exclus. Il y a un certain « équilibre » qui voit gagner les candidats de la mondialisation, excepté Trump, mais avec l’arrivée des robots et des IA, cette proportion va progressivement s’inverser.