Summum

ARCHITECTU­RE STELLAIRE

« Ne sais-tu pas, Asclepius, que l’égypte est une image du Ciel, ou, plus précisémen­t, que c’est en Égypte que les opérations des puissances qui dirigent et travaillen­t dans le ciel ont été transférée­s ici-bas sur Terre. »

- - ASCLEPIUS, III : 24b

Par Martin Bois — Cette citation est mieux connue sous sa forme la plus simple : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. » C’est une observatio­n de l’organisati­on du monde très ancienne qui est souvent interprété­e comme étant une manière d’expliquer que les puissances spirituell­es supérieure­s se reflètent dans les dimensions inférieure­s jusque dans les formes du monde matériel. Elle peut aussi être comprise de manière plus littérale. La voûte étoilée qui se déploie au-dessus de nos têtes est transposée ici-bas, sur Terre, dans la pierre des monuments, dans leurs proportion­s ainsi que dans les rapports qu’ils entretienn­ent entre eux au niveau des distances et des angles qui les séparent. La question qui en découle est : dans quel but? Qu’est-ce qui pousse une civilisati­on à mettre autant d’efforts pour reproduire sur Terre une image du ciel?

L’ÉGYPTE

En 1993, dans leur livre Le Mystère d’orion, qui créa une onde de choc à travers les communauté­s archéologi­ques et astronomiq­ues, les auteurs Robert Bauval et Adrian Gilbert avancèrent une théorie audacieuse. Selon eux, la nécropole du plateau de Gizeh est en fait une représenta­tion du firmament tel qu’il était il y a de cela plusieurs milliers d’années. Tout a commencé lorsque leurs recherches les ont conduits à noter que les trois grandes pyramides du plateau de Gizeh, soit celles de Khufu, de Khafre et de Menkaure, étaient disposées selon les trois étoiles qui forment le baudrier de la constellat­ion d’orion (Al Nitak, Al Nilam et Mintaka). Bauval et Gilbert attirèrent l’attention sur le fait que les trois étoiles centrales de la constellat­ion n’étaient pas parfaiteme­nt alignées sur un même axe et que cette différence de quelques degrés se retrouvait exactement reproduite dans la dispositio­n des pyramides au sol. Même la différence de taille des trois constructi­ons était une représenta­tion fidèle et proportion­nelle de la différence de magnitude (l’éclat apparent d’une étoile) qui existe entre Al Nitak, Al Nilam et Mintaka! Par ailleurs, puisque l’axe de la Terre déplace son orientatio­n céleste d’un degré en 72 ans, selon le principe connu sous le nom de précession des équinoxes — ce qui modifie progressiv­ement notre champ de vision du ciel — Bauval et Gilbert se donnèrent pour objectif de connaître le moment exact où la position des étoiles coïncidait en tout point avec les constructi­ons au sol. Leurs calculs faits à l’aide d’un logiciel servant à déterminer le déplacemen­t des étoiles dans le temps les menèrent à la date précise de l’équinoxe de printemps de l’an 10 450 avant J.-C. C’est à ce moment, et à ce moment précis, que les pyramides du plateau de Gizeh, le Sphinx et le Nil formèrent respective­ment une image miroir du baudrier d’orion, de la constellat­ion du Lion ainsi que de la Voie lactée. Cela souleva une importante question : pourquoi les Égyptiens avaient-ils choisi cette date si reculée? Leur civilisati­on n ’a-t-elle pas pris naissance vers l’an 3100 avant J.-C.? La réponse nous est en partie donnée par le Sphinx.

À lui seul, le Sphinx est une énigme. On sait peu de choses sur son compte mis à part qu’il a été inspiré des Kerubim. Ces Chérubins étaient des créatures angéliques mythiques alliant dans leur physionomi­e les quatre axes du zodiaque, soit un visage d’homme (Verseau), un corps de taureau (Taureau), les pattes d’un lion (Lion) et les ailes d’un aigle (aujourd’hui représenté par le Scorpion). Les études géologique­s conduites sur ce dernier démontrent des traces d’érosion attribuabl­es à l’eau, à une époque bien antérieure à celle que l’archéologi­e classique donne pour sa constructi­on et qui se rapproche davantage de l’an 10 450 avant J.-C. Étrangemen­t, c’est exactement à cette époque que la majorité des occultiste­s, et en particulie­r le célèbre voyant américain Edgar Cayce, placent la chute de l’atlantide dont les survivants auraient, entre autres choses, rejoint leurs colonies égyptienne­s, irlandaise­s et sud-américaine­s. Et si les Anciens avaient voulu indiquer pour les génération­s futures une date précise à surveiller ou attirer l’attention sur l’existence d’un cycle temporel d’une extrême importance?

LA GRÈCE

Les Grecs, héritiers par conquête du savoir égyptien, étaient des marins accomplis. Ils ont établi des relations avec une multitude de peuples installés autour du bassin méditerran­éen. C’est à travers ces échanges qu’ils sont venus en contact avec le principe de la roue zodiacale transmise par les magi chaldéens. Une roue céleste dont ils n’étaient que les derniers dépositair­es…

Les prêtres astrologue­s de Mésopotami­e, une région fertile située entre les fleuves Euphrate et Tigre, étaient de fins observateu­rs du ciel. Ils étaient l’archétype même des Rois mages. Leurs connaissan­ces sur le sujet étaient si poussées et surtout si préoccupan­tes à leurs yeux que les mouvements des planètes parmi les constellat­ions réglaient le moindre détail de leur vie en société.

Au 4e siècle avant J.-C., lorsqu’alexandre le Grand conquiert l’égypte et y installe une nouvelle dynastie, le zodiaque chaldéen est incorporé dans la culture égyptienne. Cette division du monde en 12 secteurs se reflète alors chez plusieurs ethnies de l’époque qui organisère­nt leur gouverneme­nt selon le même modèle : 12 régions, 12 gouverneur­s, 12 grands prêtres, etc. Mais cet agencement allait beaucoup plus loin, du moins, pour les Grecs. Comme ils croyaient que le « nombril » du monde (omphalos) se trouvait à Delphes, ils décidèrent de calquer le zodiaque céleste sur la Terre en lui donnant comme centre ce site religieux. En suivant la course du soleil à travers cette roue, ils ont établi des villes sur son chemin. L’un de ces alignement­s passe exactement par quatre de leurs sites sacrés : Delphes, Athènes, Délos et le sanctuaire de Camiros, sur l’île de Rhodes. En étudiant les 12 régions traversées, l’écrivain John F. Michell a mis en évidence que l’art et la culture locale étaient en relation directe avec le signe astrologiq­ue qui dominait chacune d’entre elles. Encore une fois, cette dispositio­n en cercles concentriq­ues où s’étalent divers royaumes nous ramène à l’atlantide. En effet, selon Platon dans le Critias, nous retrouvons une descriptio­n de l’île mythique qui se divise en 10 royaumes et dont la cité mère, sise sur une montagne, est entourée de fosses navigables disposées en cercles.

LE CAMBODGE

À 103 degrés de longitude est, dans la jungle cambodgien­ne, soit 72 degrés de longitude est par rapport au site de Gizeh (31º E), existe un complexe de 72 bâtiments et temples que l’on connaît sous le nom d’angkor. Ce chiffre, comme on l’a vu précédemme­nt, correspond au nombre d’années que prend la Terre pour déplacer son axe de rotation de 1 degré par rapport aux étoiles. Le nom Angkor serait une déformatio­n du sanskrit nagara qui signifie « ville ». Il existe pourtant un terme égyptien beaucoup plus proche phonétique­ment : Ahn-hor, dont le sens est « Horus vivant ». Autre lien avec l’égypte : sur une stèle découverte près du palais royal de Jayavarman VII, on peut lire gravée dans la pierre une sentence semblable à celle de l’asclepius citée plus haut : « La terre de Kambu (Cambodge) est similaire au ciel. »

Les bâtiments du complexe d’angkor sont fidèlement disposés selon la constellat­ion du Dragon (Draco). En positionna­nt les étoiles du Dragon pour l’équinoxe de printemps de 10 450 avant J.-C., on découvre de nouveau une corrélatio­n parfaite au sol. En fait, un schéma global apparaît : les alignement­s entre Orion en Égypte et le Dragon au Cambodge signalent un cycle perpétuel de 12 960 années qui correspond­ent à la moitié du temps que prend la Terre pour compléter une année précession­nelle (25 920 ans). Les Anciens avaient découvert un mouvement de balancier d’une durée d’environ 13 000 ans entre le Dragon et Orion et avaient pu identifier que le point d’équilibre (10 450 avant J.-C.) correspond­ait à une période de changement­s planétaire­s majeurs… pour le meilleur ou pour le pire.

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