Summum

MIKE BEAUDOIN RACONTE SON PREMIER ONE NIGHT

- PHOTOGRAPH­E : SARAH DAGENAIS

Un humoriste qui raconte des premières fois et qui ne passe pas par quatre chemins… c’est du bonbon. Quand c’est signé Mike Beaudoin, c’est le paradis sur la Terre. Attendez-vous à être décoiffé parce que Mike vous a préparé une première chronique qui risque carrément de vous faire tomber en bas de votre chaise.

Hey! Salut le SUMMUM. On se connait pas vraiment encore, alors je vais me présenter. J’ai 32 ans, un kid de 8 ans, j’suis humoriste et j’ai eu ma première relation sexuelle à 18 ans. J’pense que t’as tout ce qu’il te faut.

À chaque nouvelle chronique, je vais te raconter des situations que j’ai vécues ainsi qu’à quel point j’suis mauvais pour gérer ce qui se passe dans ma vie.

On commence en force parce qu’aujourd’hui, je te raconte la première fois qu’une fille m’a ramené chez elle pour du sexe. Je devais avoir 20 ans, je finissais un show d’humour dans un p’tit bar de Sainte-julie; je sais, j’ai une vie de rockstar. Le show avait vraiment bien été et j’avais été drôle, ce qui n’est pas toujours le cas quand tu commences, donc j’avais réussi grâce à mes jokes de caca et à ma shape d’adolescent mal nourri à attirer une fille dans le bar.

Honnêtemen­t, je pense qu’elle avait juste pitié de moi, mais pour vrai, ça faisait mon affaire. Bon, c’était pas la plus belle de la place, mais j’étais loin d’être le plus beau faque… ça s’annule.

Elle m’aborde, on discute ensemble : fille super sympathiqu­e, douce, un peu gênée. Je t’épargne les détails inintéress­ants, mais moi et elle, ça clique.

Tranquille­ment, elle s’approche de mon oreille en me chuchotant : « Viens-tu chez nous? » Je n’ai clairement pas hésité pour lui dire oui, tout en essayant de camoufler mon érection en la plaçant entre mes jeans et mon ventre. Tu sais de quoi je parle, hein? Le bon vieux truc de la mettre par en haut? OK, on s’éloigne.

Donc je prends mon auto et je l’embarque. Ça aurait été con de ma part de la regarder marcher dans la rue en roulant à 2 km/h à côté d’elle. On arrive à son appartemen­t super cosy. Y a déjà une musique en arrièrefon­d qui joue. Les lumières sont tamisées juste assez pour qu’on puisse se voir, mais pas trop fortes pour remarquer les défauts de l’autre... Une pro.

Elle s’approche de moi, m’embrasse en me mordant la lèvre et me prend la main pour m’emmener dans sa chambre. Pas de bla-bla, pas de niaisage. Elle était rodée.

Tout était parfait, ça s’annonçait être un beau moment. J’ai pas écrit une belle nuit parce que ç’a juste duré un moment. Bref.

Elle est assise au pied du lit, je suis debout devant elle. J’arrive pour prendre son chandail et l’enlever, mais elle me frappe sur la main en me disant : « Oh non! Toi, tu touches à rien, c’est moi qui décide. Déshabille­toi. » En une fraction de seconde, la p’tite fille gênée au bar était rendue la dominatric­e de Sainte-julie.

Mais bon, j’suis bandé faque je l’écoute. J’enlève mon linge et j’essaie une autre fois de la dévêtir et elle me crie après : « HEY! Occupe-toi de ton linge, pas du mien. » Ça serait mentir si je disais que j’avais pas peur que ce soit un piège. C’est pas que j’regarde beaucoup de porno, mais à ce moment-là, ça m’a traversé l’esprit que, peut-être une fois tout nu, elle allait sortir de la chambre pis que cinq hommes noirs allaient venir pour me donner une bonne leçon. Ouin, j’suis déjà tombé là-dessus par hasard.

Mais j’suis encore debout au milieu de la chambre pas de vêtements devant une fille semi-fâchée, c’est pas tellement l’idée que j’me faisais de mon premier one night. C’est là que je me suis dit que j’allais jouer la game comme elle, sortir mon côté agressif, autoritair­e et viril. Je l’ai regardée en criant : « HEY! ENLÈVE TON LINGE! »

Ç’a pas marché. Parce que t’as beau essayer fort fort fort, mais quand tu te fâches pis que t’as pas de linge, on dirait que tu perds ta crédibilit­é.

J’avais l’impression d’être en punition pour quelque chose que j’avais pas fait. J’pense que c’était de l’intimidati­on, mais dans ce temps-là, on le savait pas. Après un p’tit moment, elle finit par se déshabille­r et me tire dans le lit. Elle me regarde avec des yeux de fille possédée et me dit : « Tu vas faire ce que je veux. »

Comme j’suis un garçon poli, j’écoute les consignes. Elle me demande d’aller entre ses jambes. Elle prend ma tête et pousse dessus pour m’avoir entre ses cuisses. L’ambiance est weird, elle a même pas l’air d’avoir de plaisir, elle est pas du tout lubrifiée; j’avais l’impression de manger une boîte de biscuits soda au complet, mais pas le droit de boire d’eau.

C’est là qu’elle m’a regardé pour me dire : « Vas-y, crache! » Une romantique! J’y vais d’un petit « spit », elle me fixe dans les yeux et me prend par la tête en hurlant : « J’AI DIT CRACHE CALVAIRE! »

As-tu déjà eu peur en étant tout nu? Moi oui, pis c’est pas cool.

Donc j’écoute ses consignes, j’ai de moins en moins de plaisir pis je crache partout. Ensuite, elle m’ordonne d’insérer ma main dans son entrejambe. Sur le coup, j’ai cru mal comprendre, jusqu’à ce qu’elle me gueule après : « J’AI DIT METS TA MAIN! » Donc je l’écoute, mais je suis vraiment pas focus, y’a une partie de mon cerveau qui se disait : « Ha! Ha! Je suis un ventriloqu­e », et l’autre qui se demandait : « Coudonc, as-tu perdu tes clés? Qu’est-ce qu’on cherche? » Soudaineme­nt, elle s’assoit sur moi, plante ses ongles dans mon chest de jeune malfamé et me dit : « Ce soir… T’es ma p’tite salope. » Eh la la… J’ai 20 ans, c’est mon premier one night, j’ai les yeux pleins d’eau pis je perds tranquille­ment mon érection parce que j’ai peur, le mot qu’on cherche ici c’est… vulnérable.

Le problème dans tout ça, c’est que j’veux m’en aller, mais je sais pas comment me sortir de cette situation-là. J’ai le cerveau qui « spinne » comme jamais, je suis en train de baiser et je pense à des plans pour m’évader; c’est probableme­nt ce feeling-là que tu ressens à ta première fois en prison.

Tout d’un coup, elle me dit : « Prends-moi à quatre pattes! » OUI! Le moment parfait d’évasion, j’suis en position de contrôle et pas elle. Je m’exécute d’un bon beat, j’ai du cardio, j’suis sur une bonne lancée et, soudaineme­nt, j’ai un flash.

Je commence à me donner comme jamais j’me suis donné de ma vie – j’étais en mode survie –, le Crossfit est pas aussi intense que la rapidité de mes va-et-vient, j’pense que de loin, j’étais flou. Pis elle, pendant ce tempslà, se met à gueuler : « Oh oui mon gars, oh oui, c’est ça que je veux, vas-y ma p’tite salope! » Donc je continue mon sprint et juste avant de perdre connaissan­ce, parce que mon corps n’a jamais vécu d’effort physique aussi exigeant, j’arrête et je fais semblant de jouir.

Oui monsieur, les gars aussi on « fake » parfois. J’ai sorti mon acting de cours de théâtre parascolai­re pis j’suis resté en elle à avoir des p’tits spasmes en espérant avoir l’air crédible.

C’est là qu’elle s’est retournée vers moi avec les yeux de Satan pour me dire : « T’es déjà venu? Vraiment? Wow! Dégage de chez nous pis reviens me voir quand tu seras capable de performer. » Moi, dans ma tête, je me disais : « Non, je reviendrai jamais ici » et « Wow, j’suis vraiment bon comédien. »

Mais j’avais réussi, j’suis sorti, j’ai camouflé mon entrejambe et le condom pour pas qu’elle voie que j’ai menti, j’ai mis mon linge et j’suis sorti de l’appart à la vitesse de l’éclair.

Mon premier one night a été un désastre. J’ai eu peur, j’ai pas assuré, j’ai fait semblant de jouir pis j’me suis sauvé en courant. J’en revenais pas. J’me souviens m’être dit : « Plus jamais de ma vie j’vais coucher avec une inconnue le premier soir. »

Par contre, l’expérience m’a fait comprendre qu’un one night, c’est comme être lendemain de veille : tu regrettes, tu te sens mal, tu te dis que c’était la dernière fois... pis la semaine d’après tu recommence­s.

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