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CALME-TOI LE WINNEBAGO ET RELAXE, MAX!

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Oh! Juin et juillet sont à nos portes. Qu’on sabre le champagne pis qu’on célèbre l’arrivée des vacances estivales comme si ça faisait 10 ans qu’on n’en avait pas eues!

Et si seulement on avait pris le temps de les prendre, nos vacances… Tous les ans, c’est la même affaire : un gros projet de roadtrip, on s’en va magasiner dans le Vermont, un peu de plage à Old Orchard, une petite visite en Gaspésie même si on n’aime pas le poisson pis les crevettes, on passe par Montréal pour aller s’pogner avec son conjoint parce qu’on est pognés dans le trafic, un mariage à l’autre fin fond du Québec d’un cousin qu’on a vu une fois quand on avait trois ans et trois quarts, une épluchette de blé d’inde, un party hotdogs, une autre épluchette de blé d’inde, un méchoui et, finalement, on recommence à travailler le lundi matin.

Les vacances estivales sont devenues des marathons où y’a trois règles : faire le plus d’affaires possible en moins de temps possible, dépenser le plus d’argent possible et être le plus fatigué possible.

Parce qu’on ne prend plus le temps de se reposer, pendant les vacances. Des projets qui n’en finissent plus, des travaux qu’on traîne depuis beaucoup trop longtemps sur le terrain, des voyages pas si nécessaire­s et loin d’être zen… C’est quoi la presse? Peut-on prendre cinq minutes pour ventiler? Ça commence à être étourdissa­nt...

Et, en même temps, même si on voulait vraiment prendre du temps pour nous, on dirait que la société nous met toute la pression nécessaire pour ne pas qu’on en prenne, justement. Les garderies nous « obligent » à sortir les enfants pour qu’on passe du temps avec eux, les sites touristiqu­es se fendent les « founes » en huit pour nous vendre des billets de saison pour qu’on profite de leurs attraction­s, les annonces de municipali­tés des 150 coins du Québec font de la pub à la télé pour qu’on aille les « visiter »… On se couche à des heures impossible­s parce qu’on « veut en profiter au maximum ». On fait des partys parce que « c’est tellement rare qu’on peut se voir tout le monde en même temps; quel plaisir d’avoir des vacances ensemble »…

Le gros problème, c’est qu’on ne sait pas relaxer, les Québécois. Il faut tout le temps qu’on ait un projet sur la table; tout le temps qu’on ait un voyage de prévu; tout doit être « booké » à la minute près; tout le temps qu’on passe du temps avec tout le monde pour ne pas vexer personne…

Cette constante pression qu’on ressent de toujours devoir être parfait fait en sorte qu’on s’oublie complèteme­nt en tant qu’humain. On ne prend pas de temps pour nous, pas de temps pour bien dormir, pas de temps pour faire ce que l’on aime vraiment. On est constammen­t dans la projection et on ne vit plus le moment présent.

Pis ça, c’est sans oublier qu’on doit absolument mettre toutes les photos de nos voyages et activités illico sur les réseaux sociaux pour que tout le monde voie à quel point on est heureux.

Le sommes-nous vraiment?

Sur ce, je m’en vais louer mon Winnebago. On s’en va faire le tour des États en trois jours pis flamber tous nos RÉER à Vegas!

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 ??  ?? Nathacha Gilbert
ngilbert@summummag.com
Nathacha Gilbert ngilbert@summummag.com

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