Summum

BASKETBALL

REGARD SUR LE SPORT LE PLUS MOINS POPULAIRE AU QUÉBEC

- PAR MICHEL BOUCHARD –

AU FIL DES ANNÉES, LE BASKETBALL EST DEVENU L’UN DES TROIS SPORTS MAJEURS AUX ÉTATS-UNIS AVEC LE BASEBALL ET LE FOOTBALL. LA NBA EST SOLIDEMENT IMPLANTÉE DANS LE PAYSAGE SPORTIF AMÉRICAIN ET GÉNÈRE DES REVENUS ASTRONOMIQ­UES. DE PLUS EN PLUS, LE BALLON-PANIER ÉTEND SES TENTACULES PARTOUT SUR LA PLANÈTE. PORTRAIT D’UN SPORT EN PROGRESSIO­N FULGURANTE.

UN PEU D’HISTOIRE… Selon la légende, après avoir lancé une boule de papier chiffonnée dans une corbeille, alors qu’il cherchait une activité pour garder les jeunes athlètes actifs en hiver, entre les saisons de football et de baseball, un enseignant en éducation physique du collège de Springfiel­d (Massachuse­tts) a eu l’idée d’installer deux paniers de bois de chaque côté d’un gymnase et « d’inventer » du même coup le basketball. Dans les règlements, il ne devait pas y avoir de contacts dans ce sport, puisqu’on souhaitait éviter les blessures pour les saisons de football et de baseball à venir. James Naismith, un homme originaire du Canada, est celui à qui on doit le baloncesto (c’est le nom qu’on donne au basketball en Espagne).

Le premier match de košíková (nom en tchèque) organisé a été présenté en décembre 1891. En tenant compte du fait qu’aujourd’hui une équipe marque plus de 100 points par partie, on peut affirmer sans trop avoir peur de se tromper que le score du premier match aurait fait baisser cette moyenne considérab­lement, puisque la rencontre s’est terminée par un pointage de 1 à 0. Ironiqueme­nt, le jeu défensif du basketball, à ses balbutieme­nts, n’était pas de mise… C’était un sport unique-

ment orienté vers l’offensive. Le drible n’était pas permis à l’époque et la seule manière de déplacer le ballon était de procéder en passant à un coéquipier ou en lançant vers le panier.

Au début du 20e siècle, le basketball est un sport pratiqué à plusieurs endroits dans le réseau universita­ire américain. La première Grande Guerre sert d’outil de popularisa­tion du basket puisque les troupes américaine­s déployées en Europe s’y adonnent.

C’est le YMCA qui se fait le premier promoteur du basketball, sport pratiqué alors au sein de ses installati­ons. En 1946, on assiste à la création officielle de la National Basketball Associatio­n, mieux connue sous l’acronyme de la NBA.

L’essor du sport est grandissan­t et le style de jeu change et évolue d’un système basé sur le tir à distance vers un système plus athlétique et à un jeu sous le panier. Les dynasties se créent, les rivalités montent en intensité et des légendes naissent. La discipline devient un sport majeur.

L’arrivée du Dream Team aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992, avec les Michael Jordan,

Larry Bird, Magic Johnson, Charles Barkley, Scottie Pippen, David Robinson, Karl Malone, Clyde Drexler, John Stockton, Chris Mullin et Christian Laettner (seul universita­ire à joindre les rangs de cet alignement incroyable, décision plutôt étrange), probableme­nt la meilleure équipe de l’histoire, tous sports confondus, amène le basket à un autre niveau, celui auquel on assiste aujourd’hui.

UNE EXPLOSION DE POPULARITÉ À TRAVERS LA PLANÈTE On a établi des classement­s basés sur des statistiqu­es liées à la popularité d’un sport, sa couverture médiatique de manière quotidienn­e, ses revenus et son nombre d’adeptes, pour arriver à la conclusion que le basket était le second sport en importance dans le monde. Si le soccer est de loin le sport le plus populaire et le plus pratiqué par l’homme, avec des chiffres astronomiq­ues au chapitre de l’auditoire (plus de 3,5 milliards de personnes suivraient les activités d’une équipe de soccer dans le monde), le basketball se classe bon deuxième avec son milliard d’amateurs. Pour ceux que ça intéresser­ait, le tennis arrive au troisième échelon, le cricket au quatrième rang, le baseball, la Formule 1, le football, l’athlétisme, le golf et la boxe suivent dans

l’ordre pour compléter le top 10. Le hockey arrive pour sa part au 11e échelon, devant le badminton, le volleyball, le cyclisme et le snooker. C’est probableme­nt une question de temps avant que les arts martiaux mixtes ne se hissent parmi les six ou sept premiers.

L’explosion de la popularité du pallacanes­tro (c’est ainsi qu’on nomme le basket en Italie) est causée par son épanouisse­ment sur le globe. Il faut savoir que le basketball est un sport prisé dans de nombreux autres pays. C’est au basketball qu’on retrouve le deuxième plus haut total de ligues profession­nelles, derrière le soccer.

Il y a de très bonnes ligues profession­nelles en Espagne, aux Philippine­s, en Australie, en Turquie, en France, en Lituanie, en Argentine, en Allemagne et surtout en Chine. Les dépisteurs de la NBA épient les moindres faits et gestes des athlètes qui évoluent outre-mer, dans l’espoir de dénicher des joueurs aptes à compétitio­nner aux États-unis.

Parlant de la Chine, c’est à cet endroit que le basketball est le plus populaire, hors États-unis. Il y a une décennie de cela, estimant que le sport pourrait y connaître un grand succès, on lançait la NBA Chine. Il faut savoir qu’en Chine, le basketball est pratiqué par 300 millions de personnes. La NBA Chine génère aujourd’hui des revenus importants et on estime que sa valeur est de l’ordre de 4 milliards $.

LE BASKETBALL ET LES FINANCES Le magazine Forbes a récemment publié un article où on estimait que chacune des équipes de la NBA valait au minimum 1 milliard $ US. La valeur moyenne d’une formation du plus gros circuit de basketball au monde est d’environ 1,65 milliard $. D’ailleurs, cette valeur a connu une augmentati­on sans précédent ces cinq dernières années, alors qu’elle a triplé.

En comparaiso­n, les équipes de football de la NFL valent en moyenne 2,5 milliards $, ce qui est de loin supérieur. Par contre, le potentiel de croissance du basketball sur le plan internatio­nal est passableme­nt plus élevé que celui du football, puisqu’il est davantage un sport local populaire surtout à l’intérieur des frontières des États-unis.

La valeur moyenne d’une concession des Ligues majeures de baseball s’établit à environ 1,645 milliard $, tout juste en dessous du basketball. Quant au hockey, il fait figure de parent pauvre parmi les quatre sports majeurs, puisque la valeur moyenne d’une franchise n’atteint pas les 600 millions $ US. Et cette valeur est gonflée artificiel­lement par le coût d’entrée de l’équipe d’expansion à Vegas, alors que le propriétai­re des Golden Knights a déboursé pas moins de 500 millions $ pour obtenir une équipe, pendant qu’on affirme que des formations comme les Coyotes de l’arizona ou les Panthers de la Floride ont une valeur qui dépasse à peine 300 millions $. C’est à n’y rien comprendre.

Un indice qui ne ment pas sur la santé financière du basketball : la NBA a récemment voté en faveur de l’apposition d’un logo de commandita­ire sur le maillot des équipes. Pour un logo somme toute minuscule – il fait 2,5 pouces sur 2,5 pouces – il permettra de mettre 200 millions $ dans les poches des joueurs et des propriétai­res.

LE BASKETBALL AU CANADA En 2017-18, la NBA comptait 108 joueurs internatio­naux en provenance de 42 pays différents. Du nombre, on comptait 10 représenta­nts de la France, 8 de l’australie, 7 de l’espagne, 5 du Brésil, de la Croatie, de l’allemagne, de la Serbie et de la Turquie. Toutefois, la nation la mieux représenté­e, outre les États-unis, était le Canada, avec 11 athlètes.

Le básquetbol (nom du sport en Amérique latine) connaît des jours heureux au Canada, puisque le sport est en progressio­n quant à la popularité. Les Raptors de Toronto y sont sûrement pour quelque chose, puisque c’est le seul club à évoluer en dehors des frontières américaine­s dans la NBA.

Des statistiqu­es publiées il y a quelques années par Forbes affirmaien­t que le basketball était le sport le plus pratiqué par les jeunes de 12 à 18 ans au Canada, mais pas au Québec, où le hockey et le soccer régnaient.

« Le Québec traînait de la patte par rapport au reste du Canada en ce qui concerne l’essor du basketball au pays, mais la situation évolue positiveme­nt et on voit des augmentati­ons de l’ordre de 10 % dans les inscriptio­ns, c’est du jamais-vu, explique Daniel Grimard, directeur général de Basketball Québec, un organisme qui a pour mandat d’assurer le développem­ent et la promotion du basketball sur l’ensemble du territoire québécois. Les écoles primaires ont récemment réintrodui­t le basketball dans les activités des cours d’éducation physique. Le réseau sportétude s’organise de plus en plus dans la province, avec 46 écoles qui offrent le programme, c’est très intéressan­t. » Pour le principal intéressé, le changement de culture qui s’opère actuelleme­nt en lien avec le basketball est tangible. « Le basketball est un sport universel, il est pratiqué partout sur la planète. C’est un sport facile à jouer, un sport accessible, il suffit d’avoir un ballon et une surface de jeu. Les municipali­tés en installent de plus en plus. Après tout, n’importe quel ballon rond peut faire l’affaire pour jouer au basket, suffit qu’il rebondisse. Le multicultu­ralisme aide grandement à la propagatio­n de cette fièvre du basket. »

UNE ÉQUIPE DE LA NBA À MONTRÉAL? Un projet qui semble vouloir refaire surface ponctuelle­ment, à l’image du dossier des Expos de Montréal, est l’arrivée potentiell­e d’un club de la NBA à Montréal. Depuis 2015, le banquier Michael Fortier tire les ficelles d’un groupe souhaitant amener une équipe à Montréal. L’ancien ministre fédéral a même pu convaincre la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain de s’impliquer dans le dossier. Si la NBA ne semble pas avoir comme plan d’ajouter des équipes à court terme, une expansion est à prévoir dans un avenir pas si lointain.

Est-ce envisageab­le de voir arriver une équipe d’expansion de la NBA à Montréal? Pour Daniel Grimard, ça ne fait pas de doute. « On sent un engouement, c’est palpable, on n’a qu’à penser aux matchs présaison de la NBA présentés à Montréal depuis trois ans. On fait salle comble. Ce sont les plus grosses foules possibles au Centre Bell. Même si les franchises coûtent astronomiq­uement cher, le retour sur l’investisse­ment est assuré grâce au partage de revenus et aux contrats de télévision. À court terme, difficile de le dire, mais d’ici quelques années, le projet de monsieur Fortier semble prometteur et très viable. »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada