QUELQUES CAS MARQUANTS AU QUÉBEC
1. Le mordant humoriste Mike Ward a fortement brassé la cage de la liberté d’expression avec ses propos à l’endroit de Jérémy Gabriel dans son spectacle Mike Ward s’expose, riant de son handicap d’une manière douteuse, disons. En juillet 2016, l’humoriste a été condamné à verser 35 000 $ à Jérémy Gabriel et 7000 $ à sa mère, Sylvie Gabriel, en dommages punitifs et moraux. Selon le jugement, il aurait outrepassé les limites de son droit à la liberté d’expression « de façon intentionnelle » et a fait preuve d’une discrimination « injustifiée » à l’égard de Jérémy Gabriel. 2. Guy Nantel a lui aussi passé un mauvais moment à propos de la liberté d’expression. Un homme, qui a été accusé d’avoir menacé Guy Nantel et Mike Ward, a plaidé coupable en avril 2018 aux trois chefs d’accusation qui pesaient contre lui. Jean Darveau, fin quarantaine, s’en était notamment pris à Nantel sur Facebook après la première de son nouveau spectacle en novembre 2017, proférant des menaces de mort à son endroit : « Jusqu’où es-tu capable d’aller pour défendre ton ostie de définition d’abrutis sur la liberté d’expression? Pour la mienne, je suis prêt à tuer et mourir, not kidding moron. [...] Toi Ward et moi dans le même ring. Le dernier vivant gagne. [...] Je vais te mettre une balle dans la tête, je vais passer à l’acte bientôt. » 3. En décembre 2016, l’auteure et militante politique québécoise d’origine algérienne, Djemila Benhabib, a été dispensée de verser des dédommagements financiers à l’école musulmane de Montréal, qui la poursuivait en diffamation pour 95 000 $. Lors d’un entretien avec l’animateur Benoît Dutrizac, anciennement au 98,5 FM, à l’hiver 2012, elle avait comparé l’enseignement confessionnel musulman offert à l’école à « de l’endoctrinement digne d’un camp militaire en Afghanistan ou au Pakistan ». Elle avait aussi dit que les étudiants devaient mémoriser des versets coraniques misogynes, et que les filles devaient porter le voile. La juge Carole Hallée a donné raison à madame Benhabib. 4. Au printemps 2018, le documentariste Will Prosper, porte-parole du mouvement citoyen Montréal-nord Républik, a déposé une plainte devant le Conseil canadien des normes de la radiotélévision au sujet d’une blague faite par l’humoriste José Gaudet, qui comparait le musicien et animateur Gregory Charles à des matières fécales. Le lendemain de la diffusion en direct de cette blague à la radio, Gaudet a dit regretter ses propos en les qualifiant de « petite joke ». Visiblement, il s’est rendu compte que sa blague avait merdé… 5. À la fin mai 2018, une dizaine de membres d’atalante, un groupe d’extrême droite anti-immigration et anti-islam, a fait irruption dans les bureaux montréalais du média Vice dans le but d’intimider ses journalistes. Ils voulaient témoigner de leur insatisfaction à la suite de la publication d’un article. Vêtus de noir et masqués aux couleurs du drapeau québécois, les membres du groupe Atalante ont circulé autour des bureaux, crié et jeté des papiers sur les employés. Selon ICI Radio-canada, Atalante « s’est vanté de son action sur sa page Facebook en expliquant avoir voulu réagir à la publication d’un article à son sujet ». Le groupe reproche à Vice « d’attiser un climat dangereux, voire provoquer une guerre ouverte » entre l’extrême droite et les antifascistes. Évidemment, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec s’est dit scandalisé. Selon lui, il s’agissait d’une attaque directe à la liberté de presse.