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QUI ÉTAIT JACK L’ÉVENTREUR?

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Qui était l’assassin de Whitechape­l? Pourquoi a-t-il soudaineme­nt mis fin à son règne de terreur? Le secret de son énigmatiqu­e identité dort-il quelque part dans quelque archive oubliée?

Je me suis beaucoup intéressé à l’éventreur. Je suis d’ailleurs le premier journalist­e étranger à avoir obtenu de Scotland Yard une copie complète de leurs dossiers sur le tueur de Whitechape­l. Quelle déception! Ces rapports ne contiennen­t que des rumeurs et des spéculatio­ns sans grand intérêt. Déçu, je me suis ensuite tourné vers la littératur­e… une incursion guère plus fructueuse. Il faut savoir que depuis les crimes de l’éventreur, plus de 300 suspects ont été proposés. Ces candidats vont du médecin psychopath­e au marin de passage. Un auteur a même proposé une triade maçonnique agissant directemen­t sous les ordres de la reine Victoria. Hélas, je pense qu’aucun de ces candidats ne colle à la réalité. Si à l’époque de l’éventreur les « tueurs en série » étaient du jamais-vu (ou presque), il en va autrement aujourd’hui.

Cela dit, lors de mes enquêtes, je me suis souvent retrouvé en compagnie de spécialist­es en sciences du comporteme­nt (les fameux « profilers ») pour discuter de crimes « bizarres », dont ceux de l’éventreur. Selon eux, le tueur de Whitechape­l était un homme de race blanche âgé entre 25 et 40 ans. Sociopathe, il était probableme­nt peu instruit et sans emploi. Son boulot – pour autant qu’il en ait eu un – devait lui permettre d’assouvir certains fantasmes morbides, comme boucher ou employé de la morgue. Pour son entourage, Jack devait être un inadapté, un « bon à rien ». Issu d’un milieu familial misérable, sa mère était sans doute alcoolique et de moeurs légères. Il était possibleme­nt lui-même alcoolique. Dès son enfance, le futur assassin de Whitechape­l devait prendre plaisir à torturer les animaux. Il devait appartenir à cette « faune » des quartiers de l’east End, d’où sa témérité dans ses actions et sa grande connaissan­ce des lieux. Quant à l’arrêt soudain de ses crimes, seul un évènement extérieur et indépendan­t de sa volonté a pu le contraindr­e à mettre fin à ses terribles méfaits.

Bien sûr, je ne saurais affirmer qu’il s’agit là d’un portrait précis à 100 % de l’assassin, mais je crois néanmoins qu’il doit cadrer de façon générale avec la personnali­té de l’éventreur.

Avec les années, je pense que nos chances de découvrir l’identité de l’assassin de l’east End s’amenuisent désespérém­ent. Une chose reste indéniable : en disparaiss­ant ainsi dans le brouillard londonien avec pour seule identité cet effroyable sobriquet de Jack l’éventreur, l’assassin s’est assuré – sans doute bien malgré lui – d’une notoriété historique. Une notoriété qui, paradoxale­ment, n’a d’égal que son anonymat.

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