Summum

Claude Bégin

- PAR NATHACHA GILBERT INSTAGRAM : @CLAUDIN_BEGIN

Vous êtes de quel groupe, dites-moi? De ceux qui tripaient sur Accrophone, ou encore vous êtes un fan fini d’alaclair Ensemble? Au contraire, vous le suivez depuis le lancement de sa carrière solo il y a trois ans, peut-être? On a eu la chance d’attraper le chanteur pendant qu’il était de passage en Colombie-britanniqu­e.

Claude, tu évolues dans le monde de la musique depuis plusieurs années déjà, mais tu t’es fait connaître du public concrèteme­nt en 2015, quand tu as sorti ton premier album solo (Les Magiciens). Est-ce aussi à ce moment que tu as vu la différence auprès du public? Je dirais qu’il y a eu une différence dans chacune de mes vies; je me sens comme si j’avais eu plusieurs vies dans ma carrière, en fait.

T’es comme un chat… Ouais, c’est ça. Je suis constammen­t en transition d’une vie à l’autre; j’espère qu’il va m’en rester à un moment donné. (Rires) Mais oui, effectivem­ent. Après cet album-là, qui était l’époque post-karim [Ouellet; Claude assurait la réalisatio­n], il y a eu une bonne différence. Ça s’est traduit dans la rue aussi. Les gens ont pu m’associer à quelque chose de concret. J’avais tellement changé de look depuis Accrophone. Là, j’étais le gars aux cheveux longs qui apparaissa­it nu dans son clip, t’sais. Ç’a changé un peu avec l’arrivée de Cheval-serpent. Là, j’étais devenu le gars dans Cheval-serpent.

Justement, ton entrée dans le show-business. Autant les filles ont vu en toi le nouveau sex-symbol du Québec que les gars t’ont vu comme un des leurs on dirait. Ce n’est pas un « issue », mais j’ai senti que je suis allé dans une zone où… c’est comme si les gens du public, sans toujours les écouter et faire ce qu’ils veulent, n’étaient plus sûrs d’où je m’en allais. La confusion entre mon passage dans Cheval-serpent et la crédibilit­é de ma musique et de ma carrière, à un moment donné, la ligne est devenue mince.

As-tu regretté ton passage dans Cheval-serpent? Je ne regrette jamais rien. Je te dirais que je l’ai géré peut-être plus difficilem­ent après coup. Quant à la crédibilit­é musicale, j’ai l’impression que ce sont deux mondes qui, des fois, se fracassent, le monde du cinéma et de la musique. C’était un rôle. Et y’a comme des gens qui l’associent à la réalité et qui me regardent en disant : « Hey, le traître! » Ils font une joke, mais on dirait qu’ils le pensent quand même. C’est très isolé, mais dans l’imaginaire collectif, je me suis positionné de façon étrange avec ce rôle. Cette business-là m’intéressai­t particuliè­rement et c’était une chance immense, pour un gars qui n’avait jamais acté comme moi, d’avoir un rôle dans une série majeure comme celle-là.

Ça te donne quand même envie de recommence­r à faire un peu d’acting? Je pense qu’il faut que j’en fasse d’autres, et j’ai pris les moyens en joignant une agence. Il faut que j’en fasse d’autres pour justement ne pas être associé à un seul rôle dans ma vie pis n’avoir eu qu’une expérience. Ça s’est très bien passé, mais je veux aller un petit peu plus loin pour voir si vraiment j’aime ça. Quel genre de rôle t’aimerais faire? Je ne sais pas! On tâte le terrain… et tu prends pas mal ce qu’on te propose hein! Ce sont des opportunit­és; j’ai passé quelques auditions, j’ai joué dans une production récemment, mais je ne sais pas si j’ai le droit d’en parler… Ça va pas pire, là, pour un gars qui n’a aucune formation là-dedans. D’ailleurs, il va falloir que, pour ma crédibilit­é dans ce monde-là, je fasse un minimum de formation, comme ma gérante me l’a suggéré.

Touches-tu encore au rap ou tu te concentres présenteme­nt sur ta carrière solo? Mon dernier album Bleu nuit est sorti il y a quelques mois. J’ai dû mettre sur pause mes spectacles… En fait, j’ai mis sur pause pas mal d’affaires à cause de mon fils qui est présenteme­nt dans l’ouest. La chose la plus importante pour moi, ça va toujours rester mon fils. J’ai tout mis sur pause pour [venir le voir], donc, en ce moment, j’essaie de donner à Alaclair ce que je peux pour que ce soit efficace. Ma carrière solo, j’ai essayé de semer une graine et on attend de voir si ça va pousser. Les chansons roulent quand même bien à la radio. […] Faut que je fasse attention, une carrière solo, ce n’est pas de l’acquis. Alaclair, c’est quelque chose de longue date, ce sont mes meilleurs amis. Il faut que je donne autant sinon plus à ce groupe-là, donc je vais essayer de m’impliquer un peu plus dans Alaclair.

Claude, j’ai l’impression que t’es le genre de gars qui peut faire 36 millions d’affaires en même temps. J’ai l’impression que si je te donne 3-4 morceaux de bois, un marteau pis un crochet, t’es capable de me faire une table! (Rires) Je me trompe? Non! En fait, on vieillit et on commence à se connaître. Ce qui m’allume, c’est créer, évidemment, mais on dirait que j’aime avoir le mérite d’avoir fait quelque chose à partir de presque rien. Ton exemple était très bon; je te fais une table avec trois morceaux de bois. Tu vois, j’aime tellement ça partir avec une photo qui était dont ben mauvaise, mais dont le décor était si beau. Puis je réorganise tout ça. J’ai le goût de « gosser » avec les affaires. C’est la même chose avec la musique. J’avais un gros studio. Là, je suis rendu avec un sac à dos, un laptop, des caisses de son portable pis un micro… et je peux te faire un album au complet en un après-midi au top de la montagne que je vois en ce moment. C’est ça qui m’allume […] Dans tout ce que je vais faire dans ma vie, que ce soit dans l’immobilier, la photo, la musique, si tu me donnes l’opportunit­é de créer, ben je vais triper.

Tu me disais que tu t’en allais un mois en France avec tes comparses rappeurs. As-tu une tournée prévue dans le cadre de ton dernier album? Non, maintenant que mon fils est en Colombiebr­itannique, j’essaie de faire mon horaire pour les prochains mois. J’avais tout bloqué pour cette raison-là et c’est pour ça qu’il n’y a pas eu vraiment de tournée pour ma carrière solo. Du côté d’alaclair, il va y avoir énormément de shows en raison de la sortie d’album et les lancements qui ont lieu en novembre. Mais Alaclair va prendre une grande place pour moi dans la prochaine année et peut-être que je vais me mettre à prévoir une tournée pour Claude Bégin sur le « side ». On verra!

JE SUIS CONSTAMMEN­T EN TRANSITION D’UNE VIE À L’AUTRE

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