Summum

La musique du Diable

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«LE TRITON EST UN AUTRE NOM DONNÉ À L’INTERVALLE DE QUARTE AUGMENTÉE OU DE QUINTE DIMINUÉE»

PAR CHARLES LAPLANTE – DERNIÈREME­NT, LA CHANTEUSE POP QUÉBÉCOISE LAURENCE NERBONNE S’EST FAIT ACCUSER D’ÊTRE DE CONNIVENCE AVEC LE DIABLE PAR UN COMMENTATE­UR INSTAGRAM PARTICULIÈ­REMENT ZÉLÉ EN MATIÈRE DE SYMBOLES CACHÉS. BIEN SÛR, L’IDÉE FAIT SOURIRE N’IMPORTE QUI D’UN PEU SAIN D’ESPRIT. MAIS BON… C’EST CONNU, DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, L’ÊTRE HUMAIN EST À LA RECHERCHE DE DIVERS SENS CACHÉS OCCULTES DANS À PEU PRÈS TOUTES LES FACETTES DE LA VIE EN SOCIÉTÉ. SELON CERTAINS ALLUMÉS, LE DÉMON SE CACHE PARTOUT. BIEN ENTENDU, L’ART NE FAIT PAS EXCEPTION À CETTE RÈGLE ET LA MUSIQUE EST UNE CIBLE PARTICULIÈ­REMENT APPRÉCIÉE PAR LES GENS QUI HALLUCINEN­T BELZÉBUTH PARTOUT. VOICI LA PETITE HISTOIRE DE LA SUPPOSÉE PRÉSENCE DU SEIGNEUR DES TÉNÈBRES DANS LA MUSIQUE MODERNE. L’ORIGINE DU MAL : LE MOYEN ÂGE Le « triton » est un autre nom donné à l’intervalle de quarte augmentée ou de quinte diminuée. Si tu n’étudies pas en musique, t’es probableme­nt en train de te dire un beau gros « WTF? », alors disons simplement que c’est une suite de trois tons qui donne un sentiment que quelque chose de terrible va se produire. À la fin de l’époque médiévale, il était interdit de jouer le triton dans les compositio­ns de musique classique et on lui a même trouvé un surnom : Diabolus in Musica. Oui, oui, le même nom que l’album de Slayer sorti en 1998.

SATAN EST PARTOUT : LES ANNÉES 60 On fait ici une grosse ellipse, mais c’est au milieu des années 60 que les gens ont commencé à voir et à entendre le diable partout dans la musique rock. Il faut dire que le conservati­sme strict des parents américains et anglais était une excellente motivation pour la provocatio­n. Les Beatles ont ouvert le bal en mettant la photo d’aleister Crowley – romancier occulte et provocateu­r du début du 20e siècle – sur la pochette de Sgt. Pepper. Ensuite, les Stones ont renchéri en lançant l’album Their Satanic Majesties Request. Mine de rien, c’était la première fois que le nom du prince des ténèbres était mentionné dans le titre d’un album rock. Ensuite, vers la fin de la décennie, Black Sabbath enregistre la pièce Black Sabbath, qui est construite autour du triton et qui raconte la rencontre entre Ozzy Osbourne et le diable. Inutile de mentionner qu’un an plus tard, après la sortie du premier album du groupe, plusieurs parents ont ordonné à leurs ados de brûler leurs copies du disque de ces prolétaire­s sataniques de Birmingham, Angleterre. LE CULTE GRANDIT : LES ANNÉES 70 Dans les années 70, outre Black Sabbath, c’est surtout Led Zeppelin qui met de l’huile sur le feu de la panique des parents du monde entier. Jimmy Page collection­ne les objets ayant appartenu à Aleister Crowley et il utilise beaucoup de symboles occultes lors de la création des pochettes des albums de son désormais légendaire quartet. Les extravagan­ces dont font preuve les membres du groupe tout au long de leur carrière en matière de sexe, de drogue et de rock’n’roll ne font rien pour améliorer la réputation de Page, Plant et compagnie. Le délire atteint son paroxysme au milieu de la décennie quand des admirateur­s hallucinen­t des paroles sataniques lorsque la pièce Stairway to Heaven est jouée à l’envers. C’est également dans les années 70 qu’alice Cooper, le père du shock rock, a commencé à terroriser les foules avec son allure de méchant et ses paroles décadentes qui inspireron­t beaucoup d’autres musiciens par la suite.

LE DIABLE, UN COURANT DOMINANT : LES ANNÉES 80, 90 ET 2000 Le heavy metal a pris sa place dans la culture populaire dans les années 80. C’est surtout grâce à lui que l’allégeance au démon a fini par être décomplexé­e. Bien sûr, les parents ont continué longtemps de mettre la faute des comporteme­nts violents de leurs enfants sur le dos des artistes hors-normes et suppôts de Satan. On se rappelle des accusation­s qui ont pesé sur Slayer ou Marilyn Manson à la suite des suicides et des fusillades, entre autres choses. Aujourd’hui, en 2018, c’est plus tranquille du côté de la peur du diable dans l’art. Il faut dire que la réalité de vivre dans un monde où Donald Trump est le président des États-unis et où il y a des montées de l’extrême droite dans tous les pays est un brin plus angoissant­e que le bonhomme rouge avec une queue et des cornes…

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