Summum

Sum 41 : contre toute attente

- PAR JEAN-FRANÇOIS CYR PHOTOGRAPH­E : ASHLEY OSBORN

TRUMP A EU UN IMPACT IMPRÉVU SUR MON TRAVAIL

Fondé en 1996, le populaire groupe punk-rock Sum 41 proposait un nouvel album intitulé Order in Decline, le 19 juillet dernier. Les production­s s’accumulent pour la formation canadienne qui a déjà créé plusieurs albums au fil des ans, dont Does This Looked Infected? (2002) et Chuck (2004), qui lui a permis de devenir influente sur la scène punk internatio­nale. Malgré quelques propositio­ns décevantes comme Underclass Hero (2007) et Creaming Bloody Murder (2011), Sum 41 a survécu à l’épreuve du temps.

Nous l’avions déjà souligné dans un article publié il y a environ trois ans, le véritable danger du groupe n’a jamais été la qualité douteuse de certains de ses disques : le chanteur-guitariste et leader de Sum 41, Deryck Whibley (39 ans), est passé à deux doigts de mourir en 2013, en raison de graves problèmes d’alcoolisme. À 34 ans, son corps était au bord du précipice. Mais le combat tenace de Whibley pour s’en sortir a fonctionné; il a réussi à se remettre sur pieds, en plus d’écrire les paroles d’un sixième album, 13 Voices (2016), qui traite des sujets de l’autodestru­ction et de la reconstruc­tion. Cette offrande qui mélange les styles (punk, rock, alternatif, indie, pop) a été bien accueillie par la critique, en général.

En prévision de leur tournée canadienne avec la formation californie­nne The Offspring, tournée qui s’arrêtera à la Place Bell de Laval le 17 novembre prochain, entrevue avec le guitariste-chanteur Deryck Whibley.

Il y a trois ans, nous avions parlé de ton long passage à vide. Tu m’avais dit avoir choisi le plaisir et la vie plutôt que la souffrance et la mort. Comment vas-tu aujourd’hui? Je vais très bien. Je me sens à des années-lumière d’où j’étais avant l’album 13 Voices. Mon état s’améliore chaque année. Je fais ce que je sais faire de mieux, je crois. Je suis dans une routine qui me convient : je produis des albums et je livre des spectacles un peu partout dans le monde. C’est parfait. Je suis fier de ce que j’arrive à accomplir avec les autres gars de Sum 41. Je me rends compte que ce serait ridicule de ne pas profiter de cette vie…

Au cours de diverses entrevues accordées à des journalist­es, tu as dit que cet album était le plus honnête et le plus personnel de ta carrière. Tu peux expliquer? Certains journalist­es ont interprété mes propos de cette manière. Je comprends. Mais, je dois souligner que mon travail avec Sum 41 est toujours sincère. Ça dépend seulement des périodes de ma vie… Parfois, je traite de sujets qui sont directemen­t associés à ma vie personnell­e, tandis que d’autres chansons portent sur des sujets plus sociaux ou universels.

En fait, comment décrirais-tu Decline In Order? L’album tend vers le côté plus costaud des compositio­ns de Sum 41. Je pense même qu’il est plus lourd que la plupart de nos autres albums. Cela dit, ce n’est pas une offrande metal. Nous continuons de faire de la musique punk-rock avec une touche plus mordante. Quels sont les thèmes qui ont influencé l’écriture des paroles? C’est lorsque la majorité des morceaux ont été écrits que j’ai réalisé qu’ils avaient une teneur politique. Ce n’était pas une démarche consciente. Avec du recul, j’ai réalisé que j’avais été influencé par les transforma­tions sociales survenues en Amérique du Nord, ces dernières années [Deryck Whibley réside à la fois aux États-unis et au Canada]. Tout le parcours du président Donald Trump, qui a polarisé la population, a eu un impact imprévu sur mon travail, notamment. Durant la plus récente tournée du groupe, j’avais l’impression que tout allait de mal en pis [États-unis, France, Royaume-uni, par exemple] sur la planète.

Concrèteme­nt, ça signifiait quoi pour toi? Je me levais le matin dans une chambre d’hôtel d’une ville X, j’ouvrais la télévision et je constatais qu’il y avait beaucoup de turbulence politique et de colère dans la population. C’est comme si le chaos s’installait un peu partout.

Donc, ce chaos t’a inspiré? Oui et non. Je ne voulais pas m’en inspirer directemen­t. Mais, les bulletins de nouvelles continuaie­nt de traiter de troubles sociaux. C’est comme s’ils me sautaient en pleine face, sans que je cherche quoi que ce soit… Cela dit, je n’ai pas l’impression que Decline In Order est une sorte de pamphlet politique. En vérité, je ne fais que partager mes sentiments et mes frustratio­ns à l’endroit de ce qui se passe dans le monde…

Et tu ressens beaucoup de frustratio­n? Huuum, oui ! J’ai réagi à des idées, des décisions ou des valeurs, qui sont vraiment douteuses. Mais, l’album n’est pas du militantis­me politique. Je ne parle pas du contrôle des armes à feu ni d’une guerre en particulie­r. Je ne veux pas changer le monde. Je suis seulement inquiet… Chose certaine, je suis en colère à propos de ce qui se passe dans le monde.

Comment trouves-tu le public québécois, en général? The best ! (rire) En général, les Québécois connaissen­t très bien la musique. Je sais qu’il existe au Québec de nombreux amateurs de rock, voire de musique lourde comme le heavy metal. D’ailleurs, Sum 41 a joué de nombreuses fois au Québec. Quand nous allons commencer notre vraie tournée internatio­nale, à l’automne, nous allons passer à Montréal. Et qui sait combien de temps nous allons proposer Order In Decline en tournée? Probableme­nt que nous aurons d’autres dates au Québec…

Qu’est-ce que Sum 41 aimerait réaliser dans les prochaines années? Quelque chose qui n’a pas été fait encore? Plus, toujours plus ! À vrai dire, je n’ai rien de spécifique en tête. Mais, quand je réalise à quel point notre public de fans grossit un peu partout sur la planète, je veux juste continuer à livrer des albums et des spectacles pour voir jusqu’où Sum 41 peut se rendre…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada