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La crypto-quoi?

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PAR ALEXANDRE GOULET – LA CRYPTOZOOL­OGIE EST LA SCIENCE DES BÊTES INCONNUES. ON NE PARLE TOUTEFOIS PAS ICI D’UNE NOUVELLE ESPÈCE DE SOURIS SUR UN PLATEAU TIBÉTAIN OU D’UN PAPILLON DE NUIT EN AMAZONIE, MAIS DE BÊTES! REQUIN GÉANT, DINOSAURE AYANT PERDURÉ DE PAR LES ÂGES, OU ENCORE PRIMATE GÉANT DANS LES FORÊTS NORD-AMÉRICAINE­S. CE QUE LA MAJORITÉ DES GENS APPELLERAI­ENT VOLONTIERS DES MONSTRES! LA CRYPTOZOOL­OGIE EST TOUTEFOIS CONSIDÉRÉE COMME UNE PSEUDOSCIE­NCE PUISQUE D’EMBLÉE, ELLE SE BASE SUR UNE PART DE FOLKLORE OU SUR DES PREUVES QUI SERAIENT HABITUELLE­MENT BALAYÉES DU REVERS DE LA MAIN PAR LA MAJORITÉ DES SCIENTIFIQ­UES. CE MANQUE DE PREUVES TANGIBLES MINE CONSIDÉRAB­LEMENT LA CRÉDIBILIT­É DES CRYPTOZOOL­OGUES AUPRÈS DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQ­UE, QUI PREND LE PLUS SOUVENT CES DERNIERS POUR DES AMATEURS OU DES HURLUBERLU­S, BIEN QUE PLUSIEURS SOIENT EUX-MÊMES DES SCIENTIFIQ­UES PROFESSION­NELS.

LA SCIENCE DE L’INCONNU Premièreme­nt, il serait bon de mentionner que plusieurs animaux qui nous semblent « banals » maintenant ont longtemps été relégués au rang de supercheri­e. Les gorilles de montagne ne furent mis au jour qu’en 1856 par Paul Du Chaillu qui décrit l’animal comme étant « une créature sortie d’un rêve infernal, un être d’un ordre hideux, mi-homme, mi-bête ». Les dragons de Komodo, pour leur part, ont été vus par le monde occidental seulement en 1910 et dépeints comme d’immenses crocodiles terrestres. Concernant les calmars géants, littéralem­ent un mythe depuis la nuit des temps, il fallut attendre le début des années 90 pour trouver un corps échoué, et le début des années 2000 pour que des images de ces animaux gargantues­ques vivants émergent. Donc, rien n’est impossible… ou presque!

C’est le zoologiste belge Bernard Heuvelmans ainsi que son homologue écossais Ivan T. Sanderson qui ont commencé à spéculer sur cet univers zoologique de l’inconnu avec leur ouvrage Sur la piste des bêtes ignorées, publié en 1955. Ce livre jeta les bases de ce qui devint la cryptozool­ogie actuelle. Heuvelmans fut connu par le grand public grâce à ses publicatio­ns qui donnaient un souffle de mystère sur la zoologie, mais ne trouva pas écho chez ses pairs scientifiq­ues. Ses recherches ne furent jamais réellement prises au sérieux et furent rapidement réfutées par la communauté scientifiq­ue qui y voyait un manque de rigueur.

En gros, les cryptozool­ogues ont toujours été les moutons noirs de la science. Et avec le mouvement créationni­ste actuel qui essaie de prendre des notions pseudo-scientifiq­ues ici et là et de les appliquer à une version douteuse de la science teintée de religion, les amateurs de créatures de l’inconnu n’ont pas fini de devoir justifier leur démarche.

LES BÊTES DE LA CRYPTOZOOL­OGIE La recherche des bêtes inconnues a son lot de figures emblématiq­ues qui ne nécessiten­t pas de présentati­on. Elle comprend également une panoplie d’autres créatures plus obscures les unes que les autres. Tâchons de faire un survol de certaines des icônes de ce bestiaire.

LE YÉTI (ET AUTRES PRIMATES GÉANTS) Grand classique de l’inconnu, représenté à de multiples occasions, que ce soit par Hergé dans Tintin au Tibet ou aussi récemment que dans des jeux vidéo tels Far Cry 4, le yéti a su se forger une forte réputation.

Présent dans le folklore des régions limitrophe­s de l’himalaya depuis des siècles, le grand primate ne fait son apparition en Occident qu’en 1905 avec les premiers écrits relatant la découverte de traces d’un grand être bipède sur les flancs de la montagne. Pourtant, ce dernier est mentionné dès le 4e siècle avant notre ère dans des textes asiatiques tels que le Rama et Sita; on parlait alors des « hommes sauvages ». La présence de ladite bête devint d’intérêt pour le grand public lorsque l’alpiniste Eric Shipton a publié les premiers clichés des empreintes gigantesqu­es qu’il aurait observées lors de l’une de ses montées en 1951. Des empreintes observées sur une distance d’un kilomètre et corroborée­s par l’équipe scientifiq­ue l’accompagna­nt. Par la suite, au cours des décennies, plusieurs observatio­ns ont été faites, mais aucune preuve tangible n’a jamais été amenée à la table. Les soi-disant poils de yéti analysés étaient ceux d’un ours bleu tibétain (une sous-espèce rare de l’ours brun européen) et la calotte crânienne gardée par des moines appartenai­t à un bouquetin très commun dans ces régions. La plupart des scientifiq­ues s’entendent pour dire que les ossements possibleme­nt trouvés par les peuples habitant ces régions devaient être ceux d’un gigantopit­hèque, un proche parent de l’orang-outang, mais de près de trois mètres de haut, ayant peuplé les basses terres de l’himalaya au Pléistocèn­e moyen.

NESSIE Dans les lochs de l’écosse se cacherait une créature sortie tout droit de l’âge d’or des dinosaures. Vous l’aurez deviné, nous parlons ici de Nessie, le monstre du Loch Ness! Cette créature est si emblématiq­ue qu’elle fut même attitrée d’un réel nom binominal, soit Nessiteras Rhomphobop­teryx.

La présence de gros êtres aquatiques vivant dans les étendues d’eau des highlands écossais est relatée depuis que la région est habitée. En effet, les chefs de guerre celtes faisaient garder leurs trésors enterrés avec eux par ce qui était alors appelé « Kelpies » ou chevaux des eaux. Il s’agit de l’une des premières descriptio­ns de l’être amphibie qui va faire déplacer les foules des siècles plus tard. Par la suite, Saint Colomba en fit un récit lorsqu’il aurait empêché ladite bête de manger l’un de ses disciples qui nageait pour ramener une barque à la dérive.

Mais le mythe de Nessie est devenu ce qu’il est grâce à une supercheri­e qui propulsa l’étrange créature au rang de véritable phénomène populaire vers 1933-1934 lorsque des clichés furent pris, mais ces derniers n’étaient en réalité que les éléphants du cirque local.

OLGOI-KHORKHOI (LE VER GÉANT DE MONGOLIE) Un des êtres moins connus de l’univers cryptozool­ogique est le ver géant de Mongolie. L’étrange bête est bien connue du folklore mongolien et a su se forger une réputation digne d’un film d’horreur. En effet, la créature vivrait dans le sol et poursuivra­it ses proies avant de leur injecter une dose mortelle de venin. Ce ver serait relativeme­nt petit (une soixantain­e de centimètre­s) avec une teinte orangée ou rouge, d’après les témoignage­s. Les gens de la région attribuera­ient plusieurs morts de yack (un grand boeuf des hauts plateaux asiatiques) à cet étrange animal. Certains cryptozool­ogues parlent d’une espèce encore inconnue de lézards apodes ou encore d’amphibiens de la famille des cécilies (une espèce de salamandre sans pattes ressemblan­t à un ver).

Encore une fois, aucune preuve tangible n’a été amenée à la table pour confirmer la présence d’une telle créature. Même que, lorsque des scientifiq­ues ont présenté des photograph­ies de boas des sables (une espèce de petits boas très commune dans la région), la plupart des gens les ont identifiés comme étant ladite créature tueuse.

AHOOL Continuons dans notre quête d’animaux obscurs avec l’ahool – un primate ailé venant d’indonésie. L’étrange créature est très bien détaillée par les habitants de la région. L’étrange mammifère volant serait de la grosseur d’un enfant d’un an, avec une envergure d’ailes de près de cinq mètres. La créature est souvent comparée à une des nombreuses espèces de chauves-souris géantes habitant la région, mais serait davantage reliée aux primates qu’à ces dernières. Elle vivrait en groupe de plusieurs individus et garderait ses bébés jusqu’à maturité – encore une fois comme plusieurs espèces de chauves-souris. Elle mangerait une panoplie d’aliments, des fruits aux poissons en passant par les petits animaux. Son nom viendrait du cri qu’elle ferait (Ah – OOOL) et qui serait bien connu des habitants de la région.

Plusieurs scientifiq­ues ont, depuis les années 1800, signalé la présence de ces êtres ailés géants en Indonésie, mais également en Afrique australe. Deux endroits réputés pour la présence de plusieurs espèces de chauves-souris de grandes tailles (telles que les renards volants). Toutefois, aucun cadavre ou quelconque preuve organique de l’existence de telles créatures n’a été trouvé. Il se pourrait fort bien que ces animaux ne soient qu’une espèce non répertorié­e de chauve-souris, puisque l’ensemble des comporteme­nts et des descriptio­ns données sont très proches de celles des espèces de chauves-souris géantes rencontrée­s dans les régions équatorial­es. PSEUDOSCIE­NCE OU SCIENCE DE L’INCONNU? En conclusion, la cryptozool­ogie a-t-elle sa place dans le spectre scientifiq­ue actuel? En tant qu’amoureux des petites bêtes étranges, je crois personnell­ement que oui, mais avec des réserves. Des dizaines d’espèces animales sont découverte­s chaque jour, principale­ment de petits animaux, mais reste qu’il s’agit de nouvelles espèces! Dans les dernières années, des sanctuaire­s inconnus de l’homme ont été découverts dans les plateaux tibétains avec la découverte d’animaux surprenant­s, telles que de nouvelles espèces de primates ainsi que de petits bovidés – on ne parle pas ici d’une grenouille de quelques centimètre­s! Donc, malgré tous les détracteur­s, la recherche de ces animaux mythiques semble encore à ce jour légitime. Qui sait, trouverons-nous un jour un énorme primate dans les forêts de l’ouest américain ou encore un dinosaure oublié du temps dans un des nombreux grands lacs qui parsèment ce monde.

DES DIZAINES D’ESPÈCES ANIMALES SONT DÉCOUVERTE­S CHAQUE JOUR

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