Chronique d’épouvante
UN GENRE À NE PAS ÉVITER! GENRE LONGTEMPS SOUS REPRÉSENTÉ, LES JEUX D’HORREUR ONT FAIT NAÎTRE QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU QUI VA BIEN PLUS LOIN QUE DANS LE CINÉMA, MAIS ILS ONT ÉGALEMENT ANNONCÉ LA MATURITÉ DES JEUX VIDÉO.
L’horreur au cinéma, longtemps honnie des adultes, a enchanté les adolescents des années 80 et 90. Dans les jeux, son arrivée a été plus longue, d’abord à cause du niveau technique des 8 bits, et à cause d’un Nintendo qui règne en maître absolu dans les années 80 avec sa NES et ses jeux édulcorés. Un certain Capcom sort bien Sweet Home, mais il ne dépassera pas les frontières du Japon. D’un autre côté, difficile de réaliser un jeu d’horreur sur le matériel d’alors, à l’exemple de Texas Chainsaw Massacre édité par Atari, et dans lequel on interprète le tueur qui se promène sympathiquement dans une forêt en plein jour, et où le but consiste à éviter des pièges et à découper ce qui ressemble à des petites filles. Quelques jeux sortiront également sur les ordinateurs d’alors, mais ce genre restera moins populaire. L’arrivée des ordinateurs et consoles 16 bits est une tentative de renouveau avec des jeux comme Elvira, mais c’est surtout la Genesis qui fera sensation lorsqu’elle voit arriver Splatterhouse 1 et 2. Le héros portant un masque maudit façon Jason connaît son succès, découpe chaque portion d’ennemi, et le jeu marque les esprits.
C’est le passage à la 3D qui va cependant marquer un tournant. D’abord sur PC avec Alone in the Dark, un jeu français qui fera parler de lui et inspirera LE succès sur Playstation qui fera gagner au genre ses lettres de noblesse. En 1996, la sortie de Resident Evil est un véritable choc! Imaginez, le monde sortait à peine des jeux 16 bits où les héros s’appelaient Mario, Sonic, Donkey Kong, ou encore Earthworm Jim, et là vous mettez du monde qui demande des jeux matures et plus violents en présence de ce monument de l’horreur. Resident Evil a été un carton plein! Propulsé immédiatement au panthéon des jeux cultes.
Face à ce succès, Konami emboîte le pas et sort Silent Hill qui connaîtra lui aussi la gloire. D’autres jeux voient également le jour, dont la tentative ratée de Capcom Dino Crysis, mais lorsque les autres sociétés s’intéresseront au genre, la sortie de la Playstation 2 et de la Xbox n’est plus très loin. Mieux vaut développer sur ces nouvelles machines qui peuvent pousser plus loin les graphismes.
LE CINÉMA AVAIT POUSSÉ LE GENRE HORREUR, ET DES SOCIÉTÉS DE JEUX VIDÉO ONT VOULU ELLES AUSSI FAIRE TRÈS FORT.
L’EXPÉRIMENTATION Les années 90 se sont avérées le paroxysme de la représentation de la violence à l’écran qui s’est prolongé jusqu’au début des années 2000. Le cinéma avait poussé le genre horreur, et des sociétés de jeux vidéo ont voulu elles aussi faire très fort. De nombreux jeux se sont alors succédé, tous plus innovants les uns que les autres, tout en reprenant les codes de Resident Evil, le « père » de tous. Un jeu a alors soulevé la controverse : Manhunt. Excellent du début à la fin, ce jeu met en scène un condamné à mort obligé de tuer une armée de psychopathes pour s’échapper d’un jeu télévisé. À un moment où les jeux vidéo sont encore la cible des associations les plus conservatrices, c’est le titre rêvé pour demander censure. Aucun éditeur ne se risquera à nouveau d’ailleurs, à part Hatred dans un genre différent, mais qui se verra vite interdit.
La génération Xbox 360/PS3 a été timide, mais a vu l’arrivée de jeux innovants et la naissance de séries telles que Alan Wake, The Last of Us ou encore Dead Space. En tout cas, après une légère retombée du genre, les jeux d’horreur sont à nouveau en vogue. Le retour de Mikami, père des Resident Evil dans le genre horreur, a vu l’arrivée des Evil Within, puis Resident Evil, après les épisodes 5 et 6 ratés, a offert un 7e opus qui s’est réinventé. Chez les autres éditeurs, une pléthore de jeux d’horreur sont en développement; le genre a repris, est désormais reconnu et est là pour rester.