Dictionnaire infernal
comparaison entre l’édition de 1818…
Né à la fin du 18e siècle, Jacques Collin de Plancy se range d’abord du côté des philosophes. Pour lui, parmi les croyances désuètes figurent, entre autres, celles offertes par la religion. la première édition de son Dictionnaire infernal dévoile d’ailleurs son scepticisme au grand jour. dans son article sur les démons, par exemple, il questionne : « Si le diable a tant de force, pourquoi des légions de démons n’ontelles pu vaincre Saint-antoine, dont les tentations sont si fameuses? est-ce parce que dieu le soutenait et l’empêchait d’être vaincu? dieu s’amusait-il à le voir souffrir? il voulait l’éprouver, diront les fanatiques. Quelle épreuve! un père fouette-t-il son fils pour le plaisir de connaître s’il recevra un châtiment comme récompense? » l’écrivain conclut en affirmant que les démons sont un produit de l’imagination et que si on leur résiste, ils s’enfuiront.
… et celle de 1863
Près d’un demi-siècle plus tard, l’auteur, qui en est alors à la sixième et dernière édition de son oeuvre, a complètement retourné sa veste. dans le même article traitant des démons, il épouse désormais la version de l’Église en affirmant que ce sont « des anges tombés qui, privés de la vie de dieu depuis leur révolte, ne respirent plus que le mal est ne cherchent qu’à nuire ». il renchérit en prônant qu’on « ne peut nier leur existence sans tomber dans l’absurde et dans l’inexplicable. lock, Clarke, leibniz, Newton, toutes les têtes solides ont compris l’impossibilité de cette négation ».