Summum

De M.net à M.twitch

- Par nicolas lacroix

Qu’il l’avoue ou pas (il ne le dira pas lui-même, mais ne m’obstine pas quand je le mentionne), denis talbot est un pionnier. Un visionnair­e. Pensez-y deux minutes, achaler son patron Pierre Marchand à MusiquePlu­s pour lancer une émission sur internet et l’informatiq­ue en 1998, en direct, alors que 80 % des ménages québécois n’ont même pas internet… et encore moins un ordinateur!

Réponse dudit patron : « oK, mais t’auras pas une cenne! »

Qu’à cela ne tienne : Talbot, ses commandita­ires et ses nombreux collaborat­eurs ont mis sur pied, avec M. net, une émission qui a rapidement devancé la tendance et migré vers le jeu vidéo. C’est d’ailleurs une constante chez Talbot : devancer les tendances. on y reviendra.

Au cours de ses 16 ans à MusiquePlu­s, M. Net verra défiler des acteurs majeurs de la couverture technologi­que au Québec depuis plus de 20 ans : stéphanie Harvey, laurent lasalle, Gina Desjardins, alain McKenna, Camille DG, et bien d’autres.

« il ne faut jamais avoir peur de s’entourer de gens qui connaissen­t ça mieux que nous, me dit Talbot, sur sa longue liste de collaborat­eurs. Trop d’animateurs ont cette crainte d’avoir l’air fou. »

M. net prendra fin, malgré lui, à la fin de l’année 2014, après l’achat de

MusiquePlu­s par les frères Rémillard, qui revoient la grille-horaire de la station culte.

« On a fait 2409 émissions. J’aurais aimé ça me rendre à 2500, mais on en a décidé autrement. »

Mais, déjà en 2005, Talbot se lance dans le podcasting avec Yan Richard et Gina Desjardins justement. Oui, en 2005. Encore un beau coup de vision de sa part. le podcast Radio Talbot est toujours actif d’ailleurs, même s’il a évolué.

« on faisait ça comme hobby, mais comme c’était dans les débuts du podcast, on se ramassait dans le top 10 canadien! », rappelle-t-il en riant.

Je mentionne à Denis qu’à mon âge, je me demande si le jeu va finir par perdre son intérêt. Et lui? « Je ne penses pas. Ça dure depuis longtemps. »

ah, oui? Depuis quand?

« Dans les années 70, en vacances avec mes parents à old orchard, sur le quai il y avait un jeu électroniq­ue de cowboy qui m’obsédait. C’est bien beau la plage pis la mer, mais chaque moment où je pouvais, j’allais mettre 25 cents dans ce jeu. »

Voilà pour les origines du superhéros branché M. net. Celui qui ne fait pas le ménage.

En janvier 2015, quelques mois après l’achat de Twitch.tv par Amazon, Denis Talbot décèle encore la tendance, déménage Radio Talbot sur cette plateforme et se met à diffuser trois fois par semaine (au minimum).

Comment voit-il la démocratis­ation des médias grâce à Twitch, YouTube et compagnie? « C’est super, en principe. Reste à voir comment l’utiliser. Je vois trop de gens imiter les autres. ‘’Sois toi-même’’ est le conseil que je donne le plus souvent à ceux qui me demandent mon avis sur ce qu’ils font. ne fais pas ce que je fais, ou ce que telle autre personne fait. Fais ce que TU fais et tu vas te démarquer. »

Il poursuit. « L’autre affaire, c’est l’équipement. Les gens, encore là, imitent les autres et achètent tel ou tel micro évolué avec un écran, mais parlent tellement loin de celui-ci que ça ne sert à rien. » « Pas vraiment, même s’il y a des efforts chez les généralist­es », se contente-t-il de dire.

Qu’est-ce qui est le plus de travail, une émission de télé quotidienn­e en direct ou un stream en direct sur Twitch? « Ça se ressemble en termes de préparatio­n, mais la grande différence, c’est que là, je suis seul pour tout faire. Par exemple, quand il y a un problème technique, je dois tout régler moi-même. […] C’est ce que je trouve le plus dur de la pandémie, comme bien du monde : l’équipe me manque. Chacun est chez lui, c’est pas pareil. Mais bon… »

la passion, la vision, la tendance. les trois constantes chez Talbot. D’ailleurs, il termine la discussion en m’invitant à venir jouer avec eux en ligne. Malheureus­ement, ils sont plutôt PC et moi, je suis sur les consoles, mais on se reprendra Denis, entre deux « vieux » passionnés de jeu.

longue vie, M.Twitch!

apprivoise­z vos outils, bref. Ce qui m’amène à ma prochaine question : trouve-t-il qu’il y a assez de couverture des jeux, vu l’ampleur du phénomène, dans les médias traditionn­els? Considéran­t que le jeu vidéo représente une plus grosse industrie que la musique et le cinéma, je me doute de sa réponse.

il ne faUt jaMais avoir PeUr de s’entoUrer de gens QUi connaissen­t ça MieUx QUe noUs

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