Summum

AttAqué PAR unE mOuFEttE, MAlGRé MOi

- PAR ALEX ROOF PHOTOGRAPH­E : FRANCA PERROTTO - WWW.FRANCAPERR­OTTO.COM

Avec le métier d’humoriste, je fais beaucoup de route. il m’arrive souvent d’arrêter dans certaines villes uniquement pour aller aux toilettes. Désolé Berthiervi­lle, je ne connais pas votre slogan, mais je vous propose celui-ci : « Venez déféquer à Berthier! »

l’autre soir, je revenais d’un spectacle alors que l’envie d’uriner surgit. J’arrête ma voiture sur le bord de l’autoroute avec les quatre « flashers » activés. Je me dirige vers un buisson, je me sors le « zouize » et je commence à uriner.

Alors que j’urine paisibleme­nt à 23 h sur un buisson, je vois que celui-ci bouge et un chat noir en sort aussitôt. On dit que les chats noirs sont signe de malchance, je vous dirais que c’est encore plus le cas lorsque le chat a une ligne blanche sur le dos! Pour celles qui n’auraient pas compris, je parle ici d’une moufette!

Et je ne sais pas si vous saviez, mais une moufette tape à terre avant d’uriner, un peu comme une fille qui claque son « shooter » dans un bar à 3 h du matin : tu sais qu’un jet va sortir! Sûrement fâchée par le fait qu’elle se faisait attaquer par sa propre arme, c’est-à-dire un jet de pisse, la profession­nelle et ceinture noire de l’urine ne semblait pas contente. C’est comme si j’allais voir Georges St-Pierre et que j’y parlais vraiment mal en anglais. C’est lui l’meilleur là-d’dans!

Je suis peut-être simplement tombé sur une moufette qui aimait les « golden showers ». lorsqu’elle a reçu mon urine, elle a peut-être répliqué avec une intention de séduction. Et qui sait, peut-être que toutes les moufettes sont des fans de « golden showers ». Ce ne sont pas des attaques, ce sont des invitation­s!

il m’est impossible de vous décrire ce que mes jeans pouvaient sentir. Je les ai enlevés avec la même panique qu’une fille qui se déprend d’une toile d’araignée et j’ai lancé mes jeans dans la forêt. J’ai couru à ma voiture pour me sauver de la borne fontaine noire et blanche.

Après deux ou trois minutes à rouler en voiture, je me rends compte que ça sent la moufette à plein nez. il m’est passé par la tête : « Est-elle embarquée avec moi sans que je m’en rende compte et suis-je en train d’y donner un ‘’lift’’ gratis sans l’savoir? »

Heureuseme­nt, elle n’était pas à bord. le problème est que je sentais la moufette de la tête aux pieds : cheveux, t-shirt, boxers, bas, souliers, même mon bracelet de montre! Je conduis une voiture neuve (vraiment pas grâce à ma paye du SUMMUM) et il n’était pas question que ça sente la bête puante pendant des mois.

Je m’arrête à nouveau sur le bord de la route pour me déshabille­r et j’ai laissé tous mes vêtements, à l’exception de mes souliers, sur le bord de l’autoroute 40 à la hauteur de Yamachiche. Si quelqu’un est intéressé par un t-shirt, des bas et des boxers (jus de tomate vendu séparément), gâtez-vous! À nouveau dans ma voiture, j’ai pris un journal qui trainait sur ma banquette arrière afin de le mettre sur mon siège pour éviter que mon dos et mes fesses touchent à mon banc. le tout se passait relativeme­nt bien, car il faisait noir et il y avait peu de voitures sur la route. Comme quoi une « badluck » en amène parfois une autre, la lumière qui indique que je manquais d’essence s’est allumée. Mon tableau de bord indique que je peux rouler encore 60 kilomètres alors que j’étais à minimum 100 kilomètres de chez moi. Je dois donc aller gazer.

Heureuseme­nt, les paiements à la pompe existent! J’arrête à Berthiervi­lle, ma ville fétiche pour les fluides, et je mets de l’essence flambant nu dans une station-service beaucoup trop éclairée pour passer inaperçu. Alors que je viens pour payer, je vois que c’est écrit près du clavier interac : « Paiement à la pompe hors d’usage. Veuillez payer à l’intérieur. »

Même si j’avais voulu payer, mon portefeuil­le était rangé au même endroit que d’habitude, c’est-à-dire dans la poche arrière de mes jeans… dans le fossé. il faut donc que je rentre à l’intérieur et que je convainque le commis que j’ai perdu mon portefeuil­le et que je vais revenir demain

pour payer.

JE n’étAis PLus un PRisOnniER ORdinAiRE,

Avez-vous une idée de quoi j’ai l’air? Je suis un évadé de prison! J’suis flambant nu, j’sens la pisse, j’ai pas de portefeuil­le, et l’encre du journal a déteint dans mon dos. J’ai la section « Nécrologie » d’étampée sul’ corps : j’ai l’air de m’être fait tatouer mes victimes!

Je ne pouvais pas entrer au dépanneur la graine à l’air et, heureuseme­nt, j’avais une belle boîte de 30 masques flambants neufs. Je me suis donc fait une couche bleu hôpital pour cacher mes parties intimes. Je n’étais plus un prisonnier ordinaire, j’étais rendu un évadé de Pinel!

J’étAis REndu un évAdé dE PinEL!

Puisqu’il était dépassé 23 h, je devais le convaincre au travers de la fenêtre de peser sur le bouton pour débarrer la porte. Même moi, j’me serais pas laissé entrer! Heureuseme­nt, il m’a reconnu en tant qu’humoriste et c’est pourquoi il m’a ouvert et j’ai pu lui expliquer la situation.

Je lui ai dit que je reviendrai­s payer l’essence le lendemain et… j’suis jamais retourné! Êtes-vous malades, avez-vous vu le prix du gaz?

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