Les voies ferrées, ces meurtrissures urbaines
Parcs Jarry et Saint-Roch
Sur une carte, on jurerait que la partie ouest du parc Jarry, l’un des plus fréquentés de Montréal, est pourvue d’un appendice. Le nom de ce carré vert bel et bien indépendant: le parc Saint-Roch. Géographiquement, les deux parcs sont situés à cheval sur les quartiers Villeray et Parc-Extension, dans l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Surtout, ils semblent se compléter l’un et l’autre, former un seul et même immense lieu de détente urbaine.
Physiquement, toutefois, les parcs Jarry et Saint-Roch sont véritablement sciés en deux par une voie ferrée, propriété du Canadien Pacifique. L’unique option pour la traverser : emprunter le ponceau qui l’enjambe – l’article 26.1 de la Loi sur la sécurité ferroviaire interdit en effet de pénétrer, sans excuse légitime, sur l’emprise d’une ligne de chemin de fer. « Avec ses feux clignotants, sa cloche et ses barrières, c’est un aménagement bien fait », commente Marc Jolicoeur, directeur de la recherche chez Vélo Québec. « Pendant l’été, des milliers de personnes, dont des cyclistes, l’utilisent tous les jours. »
Il n’en a pas toujours été ainsi. Avant sa construction il y a une vingtaine d’années, on se rabattait plutôt sur une passerelle piétonnière sise au sud afin de franchir la meurtrissure urbaine. Les trois étages de cette structure qu’on grimpait à l’aide de marches offraient un dégagement minimal de 7 m, pour ne pas nuire à la circulation des trains en dessous. S’y aventurer avec un vélo était un chemin de croix, se souvient Marc Jolicoeur. « Il fallait débarquer de son vélo, puis le transporter. Ce n’était vraiment pas pratique », dit-il. De quoi décourager les cyclistes urbains les plus endurcis.