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Rwanda, le pays de tous les possibles

Le pays de tous les possibles

- TEXTE ET PHOTOS JACQUES SENNÉCHAEL

« Ça te dit, d’aller au Tour du Rwanda ? » Un flot d’images m’a traversé l’esprit après que Frédéric Gates, coach de l’équipe canadienne LowestRate­s.ca, m’ait fait cette propositio­n. Je pressentai­s que cette aventure ne serait pas qu’une course de vélo, mais toute une expérience. Veille de course à Musanze

Il n’y a pas que les gorilles dans le nord-ouest du Rwanda. Musanze, la petite ville proche du parc national des Volcans où batifolent les grands singes, est le siège de l’Africa Rising Cycling Center. Ce bijou de centre de formation se consacre aux métiers du cyclisme, athlètes compris.

Celui qu’on appelle Joke, pour Jonathan « Joke » Boyer, est en quelque sorte le père de ce site situé un peu à l’extérieur de la ville. Côté vélo, il sait de quoi il parle : premier Américain à avoir participé au Tour de France en 1981, il en a cinq à son actif, avec une très honorable 12e place en 1983. À l’époque, déjà, il étonnait ses collègues cyclistes en puisant son énergie dans les noix et les fruits plutôt que dans la viande. En 2006, il s’installe au Rwanda et fonde avec quelques compères une équipe cycliste. Les compères en question: Adrien Niyonshuti – il représente­ra le Rwanda en vélo de montagne aux Olympiques à Londres – et Tom Ritchey, qui se passe de présentati­on. L’équipe a en prime l’assentimen­t de l’ autoritair­e Paul Kagame, le président actuel du Rwanda, qui a sorti le pays de l’ornière du génocide de 1994 ; le président a même fait cadeau au centre de quelques Pinarello, histoire de prouver qu’il prenait la démarche au sérieux.

Il faut dire que cette histoire dépasse largement du cadre de la chose cycliste. Team Rwanda, le centre de formation, le Tour du Rwanda sont davantage des symboles d’espoir et de victoires qu’une modeste aventure de vélo. Même si le terrible génocide est toujours bien présent dans les esprits, la dynamique pratique cycliste vient donner une autre image du pays des mille collines. « Les gens sont extrêmemen­t fiers de leur équipe nationale, souligne Joke Boyer. Pendant le Tour, ils reconnaiss­ent leurs héros, qui viennent de toutes les régions rwandaises. Le spectacle et les médias sont là. Grâce à Sandrine Uwayezu (lire l’entrevue en page 23), le Tour du Rwanda connaîtra cette année 2017 la première femme mécanicien­ne africaine sur un grand tour tour; c’est un tout autre symbole pour le Rwanda que le génocide. » Joke Boyer ne cache pas qu’il aimerait qu’un de ses rêves devienne réalité : une équipe rwandaise au Tour de France dans les cinq ou dix ans.

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