L’art d’aménager un boulevard

LAVAL Boulevard Le Corbusier

Laval, un haut lieu de pratique du vélo utilitaire ? Ne riez pas : depuis l’adoption de plans de mobilité durable et active au tournant de la dernière décennie, la troisième ville la plus peuplée du Québec déploie de réels efforts en ce sens. L’été passé, elle s’est par exemple dotée d’une flotte de 40 vélos à assistance électrique (VAE) en libre-service, une première dans la province. Autre incitatif: les citoyens de Laval ont droit à une subvention de 400 $ pour l’achat d’un VAE, encore là du jamais vu.

La modernisation du boulevard Le Corbusier est le symbole par excellence de cette ouverture au transport sur deux roues. Cette importante artère située à un jet de pierre de la station de métro Montmorency et du centre-ville lavallois a longtemps été un cauchemar pour les cyclistes, raconte Marc Jolicoeur, directeur de la recherche chez Vélo Québec. « Il y a trois ans encore, des aménagements cyclables déficients y provoquaient des conflits entre les divers usagers. C’était le royaume des pistes bidirectionnelles protégées par des poteaux et de la peinture au sol », décrit-il.

Depuis 2016, cet axe a subi une véritable transformation. Sur Le Corbusier, on trouve dorénavant des pistes unidirectionnelles à mi-niveau entre le trottoir et la chaussée, aménagées en même temps que les voies réservées aux autobus au centre de la chaussée. En outre, des bandes végétales ont été ajoutées de chaque côté du boulevard. « Pour y arriver, une voie de circulation automobile a été sacrifiée. Or, comme cela s’est fait concomitamment au développement du transport en commun, les opposants n’ont eu d’autre choix que de se taire », souligne Marc Jolicoeur.

Le but avoué de l’ensemble de ces mesures novatrices : que la part modale des transports actifs atteigne 14 % à Laval d’ici 2031. Il y a du chemin à parcourir: elle n’était que de 7% en 2007.