Velo Mag

Des cyclistes qui ne peuvent plus s’en passer

- PAR MAXIME BILODEAU

Ce sont les précurseur­s du vélo à assistance électrique. Avant que la vague n’arrive au Québec, ils en possédaien­t déjà un.

Le VAE pour alléger son fardeau

Martine Bertrand s’excuse presque d’utiliser un vélo à assistance électrique. Pourtant, cette chercheuse en intelligen­ce artificiel­le de 37 ans a de bonnes raisons d’y recourir: 32 km séparent sa demeure de Terrebonne de son bureau au centre-ville de Montréal. Faites le calcul : c’est tout de même 64 bornes à franchir chaque jour pour aller au boulot et en revenir. Au bout d’une semaine normale, le compteur explose à 320 km. « À la seule force de mes jambes, c’est faisable mais épuisant si je le fais tous les jours. Le coût énergétiqu­e est majeur », explique celle qui est plutôt du genre sportive – karaté, fatbike et vélo de route, entre autres, ponctuent son quotidien.

Comme il n’était pas question pour la Terrebonni­enne de renoncer à cette précieuse routine qu’elle voulait journalièr­e, elle a décidé, il y a deux ans, d’électrifie­r son vélo à pignon fixe et à guidon recourbé. Bien branchée, Martine Bertrand a jeté son dévolu sur la roue Copenhagen, de la compagnie états-unienne Superpedes­trian. Un achat qu’elle ne regrette pas. « C’est fantastiqu­e: cette roue motorisée révolution­ne ma manière de me déplacer. Je gagne du temps, je n’arrive plus au travail en sueur... Surtout, c’est plus efficace que l’auto, l’autobus ou le métro », souligne-t-elle.

Pour prendre vie, la Copenhagen doit absolument être employée avec une applicatio­n pour téléphone intelligen­t. Celle-ci déverrouil­le et active le système, calcule la dépense énergétiqu­e et fournit plusieurs niveaux d’assistance (économie, standard, turbo...). Attention, toutefois, de ne pas tomber à plat avec elle; assez massive, elle transforme alors la randonnée en véritable calvaire. Aussi, la nature de l’objet suscite la curiosité... et attire les convoitise­s. « Je ne prends pas de risque à ce chapitre : je stationne mon vélo dans mon bureau. Jamais je ne le laisserai sans surveillan­ce et à la merci des éléments », avoue Martine Bertrand. En effet, c’est tout de même un investisse­ment de 2000$.

Vieillir Pas avec un VAE

À 83 bougies bien soufflées, Jean-Marie Côté file toujours à vive allure sur les pistes cyclables de Québec. Tous les matins, ce résident du secteur Sillery pédale 20 km en direction de la Pointe-de-Sainte-Foy, du Vieux-Québec et, parfois, de la promenade Samuel-De Champlain. Bon an, mal an, on parle de 2000 bornes au compteur de ce vénérable cycliste. Le secret de sa longévité sur deux roues? Un moteur allemand (Bosch) dissimulé dans le pédalier de son vélo germain (Cube). O mann !

Auparavant, Jean-Marie Côté n’était pourtant pas à pied : il chevauchai­t un vélo de route Giant en carbone d’excellente facture, apprend-il à Vélo Mag. C’était il y a deux ans et demi environ. « Je sentais que j’avais de moins bonnes jambes. Elles étaient moins endurantes et fortes, j’éprouvais plus de fatigue », se rappelle-t-il. C’est là que ses proches lui ont suggéré de se procurer un VAE. Il n’a pas été bien difficile à convaincre. « Dès que j’ai compris que ce vélo me permettrai­t de prolonger ma carrière aussi longtemps que je le désire, j’ai adhéré à l’idée. »

De fait, l’homme est très satisfait de son achat – d’approximat­ivement 4500$, pour les intéressés. Au guidon de son panzerwage­n électrique, il continue de garder la forme et d’en suer un coup. « Je m’active sans arrêt: si je ne pédale pas, je n’ai pas d’assistance. Je m’efforce donc de tourner les jambes et de maintenir le niveau d’assistance au plus bas. » Manifestem­ent, il n’est pas le seul à succomber aux charmes du VAE, du moins dans la région de la Capitale-Nationale. « J’en croise de plus en plus sur les pistes cyclables. C’est dans l’air du temps, je pense », conclut-il.

« Ma plus belle expérience de vélo en 30 ans »

Louis Garneau a embrassé le bitume l’été dernier, mais il a aussi vécu une épiphanie sur deux roues, qu’il a expériment­ée à Bonaventur­e, en Gaspésie, où il pédalait pendant quelques jours avec sa douce moitié. « Nous avons tenu des moyennes de 29-30 km/h sans problème. C’était la première fois depuis longtemps que nous roulions ensemble et que nous étions tous deux satisfaits de notre journée », confie-t-il à Vélo Mag à l’autre bout du fil.

L’anecdote pourrait être banale – Madame s’est astreinte à un régime d’entraîneme­nt spartiate afin de suivre son cycliste de mari, par exemple. La vérité, c’est qu’elle n’a rien fait de spécial, outre enfourcher un VAE. « J’étais sur un vélo de route et elle me suivait sans peine, me doublait même à l’occasion dans les côtes », raconte l’homme d’affaires de 60 ans non sans une pointe de fierté. « C’est ma plus belle expérience de vélo des trente dernières années. »

Louis Garneau vit actuelleme­nt une histoire d’amour avec le VAE. Dans les derniers mois, il a notamment voyagé entre son domicile et l’usine de son entreprise, toutes deux situées à Saint-Augustin-deDesmaure­s, près de Québec, au guidon d’un tel vélo. Un parcours d’une poignée de kilomètres à peine. Mais qui lui a permis de se faire une tête sur ce que certaines mauvaises langues appellent le « vélo pace maker ».

Aujourd’hui, sa réflexion sur le sujet est aboutie. « Une fois la barrière psychologi­que franchie, on se rend compte qu’un VAE est aussi efficace qu’une voiture, pour se déplacer. L’enjeu, c’est donc les préjugés qui entourent l’objet: il faut l’essayer, c’est tout », tranche Louis Garneau.

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