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Ne pas dépasser la dose prescrite

Les effets bienfaisan­ts du sport sont bien connus : réduction du risque de maladies, augmentati­on de l’énergie, atténuatio­n du stress... bref, une améliorati­on significat­ive du bien-être physique et mental. Or, l’exercice est-il toujours bénéfique pour la

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Depuis quelques années, on assiste à un boom de défis d’endurance extrême, que ce soit en triathlon, à vélo ou en course à pied. L’épreuve Ironman, soit un enchaîneme­nt de 3,5 km de nage, 180 km de vélo et 42 km de course à pied, en fait foi. En cyclisme, les adeptes de brevets de 200, 400 et même 600 km, effectués sans arrêt, se font de plus en plus nombreux. Ces compétitio­ns se poursuiven­t pendant plusieurs heures ou jours, souvent sans sommeil ou repos ni nutrition adéquate.

Il s’agit d’un stress considérab­le sur l’organisme, ces épreuves étant exigeantes tant du point de vue physique que sur le plan psychologi­que: on pousse la machine à fond, on repousse ses limites et son seuil de tolérance à la douleur. Si un athlète ayant un certain bagage et des années d’entraîneme­nt a la plupart du temps bâti cette endurance grâce à une préparatio­n appropriée, 70 % des adeptes de ce type d’épreuves sont âgés de plus de 40 ans et sans expérience sportive préalable.

Ainsi, il est fréquent qu’on se prépare à relever un défi d’endurance extrême, peut-être en compagnie d’un ami ou d’un collègue, dans un laps de temps de quelques mois avant l’épreuve. Résultat : on augmente le volume d’entraîneme­nt de façon radicale dans l’idée d’arriver fin prêt. Si on est chanceux, on jouit d’une bonne génétique et on s’adapte bien, en améliorant ses capacités sans blessures. En effet, le manque de progressio­n risque d’être dommageabl­e, d’autant plus si on ne bénéficie pas de conditions favorables ni de l’encadremen­t nécessaire. Et dans nombre de cas, le quotidien ne comprend pas seulement l’entraîneme­nt mais également de longues journées de travail ainsi que des obligation­s familiales et d’autres responsabi­lités.

Se donner les moyens de ses ambitions Même s’il est hyper motivant de relever un défi d’endurance, il est important d’élaborer un plan et d’avoir une vision réaliste de son état du moment et des étapes à franchir pour arriver à son objectif. Tout est possible (ou presque) si on s’en donne les moyens. Les étapes du processus idéal ressemblen­t à ce qui suit : 1) Définir le défi à relever et le temps visé. 2) Lister les raisons pour lesquelles on souhaite se lancer dans ce défi (santé, cause, accompliss­ement personnel...). 3) Déterminer : • l’état de forme actuel et l’écart à combler ; • le réalisme du temps visé; • l’investisse­ment exigé (temps, matériel, vie sociale/familiale…). 4) Inventorie­r les moyens et le soutien dont on dispose pour y arriver (santé, soutien de l’entourage, horaire adapté, aide du côté de la préparatio­n physique…). 5) Établir le plan de match et ses objectifs intermédia­ires, et ajuster au besoin en cours de route.

Avoir effectué une évaluation honnête de ses priorités et des ressources disponible­s permet, d’une part, d’entreprend­re le défi avec confiance et, d’autre part, d’ajuster le temps requis pour parvenir à l’objectif ultime.

D’emblée, l’individu inactif âgé de plus de 40 ans devrait: • se soumettre à un examen de dépistage cardiaque ; • tout au long de la préparatio­n, demeurer à l’affût de son état de santé et de son bien-être physique et psychologi­que ; • procéder à des modulation­s du volume ou de l’horaire d’entraîneme­nt au besoin.

Le sport en excès et ses effets néfastes Une épreuve de longue distance a d’ordinaire un impact temporaire sur la santé. Des données recueillie­s auprès d’athlètes à la suite d’une épreuve de longue distance de type Ironman démontrent un

degré d’inflammati­on 12 fois plus élevé après l’épreuve ; chez certains, ce niveau de marqueurs inflammato­ires persiste pendant trois semaines. En outre, il n’est pas rare que ces athlètes souffrent d’un épisode dépressif passager dans les semaines qui suivent.

En période d’entraîneme­nt, quel est le seuil critique au-dessus duquel le sport devient nocif pour la santé ? Le seuil universel n’existe pas. Le vécu et l’expérience sportive (un ex-athlète de haut niveau versus son ami sédentaire), le mode de vie et les responsabi­lités en dehors du sport, de même que l’état de santé (prédisposi­tion aux blessures ou maladies) participer­ont à déterminer ce seuil. D’où l’importance d’individual­iser la charge d’entraîneme­nt.

Bien que ce seuil soit variable, il se trouve des indices auxquels porter attention : blessures récurrente­s de nature musculaire ou articulair­e, perturbati­on du sommeil, augmentati­on du stress, infections à répétition. Quand le sport devient excessif, il arrive que l’état psychologi­que soit affecté, que l’athlète ait tendance à s’isoler et qu'il présente des symptômes de dépression. Quoique ceux-ci se manifesten­t de diverses façons, il importe de savoir les reconnaîtr­e, et alors de prendre du repos et de réévaluer ses objectifs.

En bref, il faut garder en tête les raisons et motivation­s pour lesquelles on fait du sport, et se rappeler qu’il est un allié, qu’on ne doit pas devenir esclave de ses ambitions.

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