Velo Mag

CYCLOTOURI­SME

Trucs pour voyager heureux

- PHOTOS Jonathan B. Roy

SE PRÉPARER

Saviez-vous qu’on n’est pas autorisé à entrer par n’importe quel poste frontalier dans un pays ? Eh bien, pas moi ! C’est ainsi que je me suis fait renvoyer vers la Slovénie à mon arrivée en Croatie, la douane en question étant réservée aux résidents européens. Ce genre d’erreur est facilement évitable si on se prépare un peu.

Les visas, les lieux intéressan­ts à visiter, les types de route, l’importance du dénivelé, tout ça est pertinent à étudier avant de se lancer dans l’aventure. Cela dit, plus long est le voyage, moins la préparatio­n est primordial­e, puisqu’on a davantage de temps pour se revirer sur un dix lipas.

CONNAÎTRE SES OBJECTIFS

Chacun a ses raisons de partir à vélo : l’entraîneme­nt, la visite de vignobles, la découverte d’une nouvelle culture... De ces raisons émanent des règles qu’on s’impose soimême. Dans mon tour du monde, mon objectif personnel est de rencontrer des gens, pas de pédaler chaque kilomètre. Il m’est donc arrivé de me déplacer en train, par exemple pour passer du Kazakhstan à l’Ouzbékista­n, afin de franchir une vaste région désertique. J’ai été comblé, puisque l’ancien train soviétique était bondé de monde prêt à me faire la jasette !

NE JAMAIS SE STRESSER AVEC LA VITESSE…

… sauf si votre objectif est de pousser la machine sans arrêt ! Prendre votre temps vous autorise à apprécier le paysage, les odeurs, la végétation différente. Cela permet d’écouter le vent dans les feuilles, les gazouillis des oiseaux. De remarquer le kiosque à crème glacée, et de s’y arrêter. Et pourquoi ne pas faire une sieste dans l’herbe tout de suite après ?

Une de mes plus belles siestes a eu lieu en Bosnie-Herzégovin­e, dans une petite ville de carte postale toute de pierres bâtie. Je m’étais arrêté sur un banc en bois près d’un vieux pont qui enjambait une rivière blanche d’écume. Après avoir mangé mon casse-croûte improvisé fait de pain, de charcuteri­es et de fromages, je me suis assoupi sous le bruit de la cascade en contrebas. Je ne me suis réveillé que quelques heures plus tard, tout mon équipement encore pêle-mêle autour de moi. J’ai repris ma route, toujours sans horaire à respecter.

Outre les siestes, je vous suggère de commencer votre voyage progressiv­ement, histoire de vous remettre du transport en avion et d’habituer vos fesses à ces longues heures en selle. Planifiez au moins un ou deux jours de repos ou de visites par semaine.

EMPORTER LE MOINS POSSIBLE

C’est bien beau, de ne pas se stresser avec la vitesse, cependant avancer aisément est tout de même agréable. L’important en matière de bagages n’est pas d’avoir tous les vêtements, mais plutôt ceux qui sont adaptés au climat du lieu visité. Comme en ski de fond, le multicouch­e est de mise, par souci de minimiser le volume. Une idée est de dresser une liste des objets transporté­s et de la peaufiner de voyage en voyage, retirant au fur et à mesure ce dont on se sert peu ou pas.

J’avais pour ma part emporté mes cuissards, qu’à la maison je revêtais systématiq­uement lors de mes sorties en vélo de route ou de montagne. J’ai toutefois rapidement constaté qu’il était compliqué de les laver régulièrem­ent et de les faire sécher convenable­ment. En outre, vu la position relevée que j’adopte sur mon vélo de cyclotouri­sme ainsi que ma large selle, je n’en avais pas réellement besoin. Je les ai postés chez moi, évitant probableme­nt en même temps les regards qu’on m’aurait sans doute lancés dans des pays moins habitués à ce vêtement si ajusté. Je roule donc depuis habillé de shorts de course.

EMPORTER UN OBJET INUTILE

Je sais, ça semble complèteme­nt en contradict­ion avec la rubrique précédente. Mais il faut toujours bien se faire plaisir! Par exemple en trimballan­t une chaise pliante, un hamac, un haut-parleur Bluetooth...

En ce qui me concerne, je ne transporte presque pas de vêtements, presque rien pour la santé, pas d’oreiller… mais un drone que j’utilise avec joie quasi quotidienn­ement. Cependant, n’oubliez pas: UN objet, pas une liste. Et s’il vous plaît, ne faites pas non plus comme ces deux Coréens que j’ai croisés en Bulgarie, chacun emportant une chaise en bois dans leurs bagages! Ils disaient s’en servir entre autres comme poteaux de tente...

SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT

On voyage pour manger des curiosités, s’essayer dans une langue inconnue, avoir du plaisir, pour chanter fort en roulant à la campagne, se débarrasse­r de la poussière sur son corps en sautant dans une rivière froide au milieu d’une chaude journée. On a raté ma coupe de cheveux à d’innombrabl­es reprises de l’Ouzbékista­n au Chili, j’ai avalé des crapauds au Cambodge, des larves en Birmanie, des rats au Laos, du poulet cru au Japon. J’ai dormi dans une station de police, dans un monastère bouddhiste, dans une maison abandonnée en Bosnie-Herzégovin­e… Et je n’ai jamais eu autant de plaisir.

EMBRASSER LES MOINS BONNES JOURNÉES

Connaissez-vous le fun 1 et le fun 2? La première catégorie est lorsque tout va bien: beau soleil, vent de dos, café latté en après-midi. La seconde est quand il se met à grêler, qu’un pneu éclate et que le chemin d’asphalte se transforme soudain en longue montée de gravelle.

Devinez duquel des deux fun on se souvient davantage par la suite ?! Ce n’est pas pour rien que je raconte bien plus souvent l’histoire de ma traversée du désert kazakh – où j’ai dû combattre mon intense soif en buvant du lait de chameau fermenté – plutôt que celle de la Corée du Sud sur une belle et soyeuse piste cyclable. Néanmoins, le meilleur voyage est une sage combinaiso­n de ces moments parfaits et d’anecdotes impossible­s.

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