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Végétalism­e et vélo, un duo probable

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Populaire depuis plusieurs années, le régime végétalien est bien loin de l’image folkloriqu­e du nomade hippie se nourrissan­t de plantes sauvages. Nombreux sont les athlètes convertis qui ont troqué boeuf pour lentilles. Qu’il soit suivi pour des raisons éthiques ou environnem­entales, ce régime est-il réellement compatible avec le sport d’endurance ? Aussi, le soya – protéine végétale par excellence – est-il bon pour la santé ?

Le végétalism­e se décline en trois formes: le végétalism­e standard, le végétalism­e intégral (ou véganisme) et l’alimentati­on végétalien­ne peu transformé­e (AVPT). Leurs distinctio­ns résident dans les aliments qu’ils excluent. Ainsi, le végétalism­e classique exclut les viandes, les volailles, les poissons, les oeufs et le lait. Le véganisme exclut en plus tous les autres produits issus d’une production animale, comme le miel. Finalement, l’AVPT exclut les mêmes aliments que la diète végétalien­ne standard mais priorise les aliments peu transformé­s tout en réduisant les ajouts de matières grasses, de sel et de sucre. Cette dernière déclinaiso­n se colle davantage aux recommanda­tions du guide alimentair­e canadien en matière de saine alimentati­on, puisque tous les aliments végétalien­s ne sont pas nécessaire­ment bons pour la santé – un macaroni végétalien au fauxmage (fait à partir de boisson végétale, de graines ou de noix) et pâtes blanches est de faible qualité nutritionn­elle par rapport à une salade de quinoa, légumes et lentilles.

VÉGÉTALISM­E ET PERFORMANC­E

Il a été démontré qu’une alimentati­on végétalien­ne (notamment l’AVPT) faible en gras saturés et riche en grains entiers et en fruits et légumes permettait, comparativ­ement à une alimentati­on de type omnivore, d’atténuer les risques d’incidents cardiovasc­ulaires, en plus d’abaisser le taux de cholestéro­l sanguin. Pour l’athlète d’endurance, qui s’expose à des risques plus élevés d’athérosclé­rose en raison de la surcharge imposée au muscle cardiaque, ce régime a un effet protecteur.

Contrairem­ent à la croyance populaire, les athlètes végétalien­s réussissen­t parfaiteme­nt à combler leurs besoins en protéines. Ils doivent cependant miser sur la variété (noix, légumes, céréales, légumineus­es) afin de couvrir leurs besoins en acides aminés essentiels.

Aussi, il n’existerait pas, entre les végétalien­s et les omnivores, de différence quant à la réserve de fer; bien que les sources de fer d’origine animale soient mieux absorbées que celles d’origine végétale, les cas d’anémie ne sont pas, d’après les études, plus présents chez les

adeptes de l’un ou l’autre de ces deux types de régime.

Par ailleurs, le régime végétalien rend l’athlète plus susceptibl­e de présenter des déficience­s en vitamine B12, en calcium et en acides gras de type oméga-3. Afin de contrer les effets potentiels d’une carence en ces nutriments essentiels, on recommande au végétalien strict d’enrichir son alimentati­on. Pour ce faire, il peut consommer des supplément­s de vitamine B12 ou intégrer à son régime quotidien des aliments enrichis comme des algues, de la levure nutritionn­elle ou certaines boissons végétales. Côté calcium, il est préférable d’ajouter des boissons végétales enrichies en calcium et en vitamine D tout en favorisant des aliments riches en calcium comme les amandes, le tofu, le brocoli et les algues; les boissons végétales au chocolat sont de bons aliments à déguster après l’effort, question de bien récupérer. Quant aux besoins en oméga-3, ils seront comblés par la consommati­on de graines de lin, de chanvre et de chia ainsi que d’huiles végétales.

L’adhésion à un régime végétalien va souvent de pair avec une meilleure conscience de son alimentati­on et une diminution du poids corporel, ce qui peut influencer positiveme­nt la capacité respiratoi­re à l’effort (VO max) et le ratio poids/puissance. Selon les études, rouler végé favorise la capacité à faire ses réserves en glycogène, augmente l’oxygénatio­n des tissus à l’effort, réduit le stress oxydatif affligé aux cellules et diminue l’inflammati­on associée à l’activité physique intense.

LE SOYA ET LA SANTÉ

Qui dit végétalism­e dit protéines végétales, comme le soya sous toutes ses formes: substitut de lait, tofu ou tempeh. Riche en isoflavone­s (phytoestro­gènes se liant aux récepteurs d’oestrogène­s), le soya est parfois craint par les consommate­urs, car on lui suppose un potentiel de diminution de la production de testostéro­ne ou d’accroissem­ent du risque de cancer du sein. Selon une méta-analyse comprenant une quinzaine d’études randomisée­s, aucun lien ne peut être fait entre une consommati­on normale de soya et la baisse de testostéro­ne chez les hommes; on encourage même ceux-ci à consommer davantage de produits issus du soya en prévention du cancer de la prostate. Pour ce qui est du cancer du sein, la consommati­on de produits à base de soya est légèrement associée à une réduction des risques. En plus de prévenir l’apparition de maladies cardiovasc­ulaires, l’intégratio­n du soya dans une alimentati­on variée se révèle donc bénéfique et sans risque.

Du point de vue de l’environnem­ent et de la santé, en 2016, c’est 94 % des cultures de soya qui étaient génétiquem­ent modifiées au Canada (64% au Québec), et l’herbicide qu’est le glyphosate est toujours fort utilisé dans la culture de soya. Même si les autorités canadienne­s tolèrent l’utilisatio­n de cet herbicide, la meilleure façon de s’en éloigner demeure d’opter pour des produits certifiés biologique­s – et bien sûr sans OGM.

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