Velo Mag

Galerie de portraits

- par Johanna Baumgartne­r

LAURIE COULOMBE, la capitaine (en 2018)

« À 32 ans, je suis l’aînée de l’équipe », constate Laurie Coulombe en rigolant et en rafraîchis­sant ma coupe de cheveux aux ciseaux. En dehors du vélo, Laurie coupe et colore les cheveux de plusieurs de ses collègues coureurs, on peut donc sans crainte se présenter en cuissard et entrer son vélo dans son salon.

Bien calée dans mon fauteuil, je bois les paroles de la flamboyant­e jeune femme aux longs cheveux blonds qui me confie être fan de Jolanda Neff, la fameuse coureuse pro à la crinière blonde: « Ce qui me plaît dans la compétitio­n, c’est le défi, m’explique-t-elle avec animation. Sur les parcours balisés, je peux rouler à plein régime, me défoncer complèteme­nt sans me soucier des nids-depoule, je fais juste suivre la roue devant moi. Et puis il y a la gang, la communauté, le fun de l’après-course. Étant donné mon âge, mes fibres musculaire­s longues sont plus développée­s que celles des jeunes, qui sont tout en puissance et en explosivit­é. Comme je suis une rouleuse endurante, je fais travailler le peloton… J’épuise les autres, quoi! » Attention à la fille à couette blonde et au vélo rose fluo!

Laurie, c’est un train, dixit Béné. Un train conduit par toute une chauffeuse, puisqu’en 2017, Laurie a remporté le Chicago Fyxation Open Fixed Gear Crit, un critérium sur vélo à pignon fixe. Piloter un vélo, elle sait faire ! Étonnammen­t, elle dit être plus craintive sur route, car certaines coureuses ne possèdent pas les mêmes habiletés que celles en fixe et ne sont pas suffisamme­nt accoutumée­s à rouler les guidons près les uns des autres. Alors, qu’un nombre croissant de filles participen­t aux compétitio­ns, est-ce positif? « Oui, bien sûr! Je suggère toutefois de commencer par étapes, de sortir en groupe, de s’habituer à rouler en peloton, de faire des Granfondo, puis ensuite de s’essayer aux courses sur route et enfin aux critériums », indique Laurie, capitaine en 2018 de l’équipe dont elle ne fait pas partie cette saison.

ÉMILIE HAUSS, la fille à la casquette

Qui ne tente rien n’a rien pourrait être la maxime d’Émilie Hauss, 29 ans. Conseillèr­e dans une boutique de vélo le jour, elle s’est mise à créer des casquettes pour ses amis messagers à vélo il y a sept ans. Maintenant, tout le monde en veut !

On reconnaît facilement Émilie par ses superbes tatouages sur les jambes et la longue tresse qui dépasse de ses casquettes. Selon son humeur, sa visière laissera paraître sa marque, HeadHaus, ou encore Tasse-toé ou un solide Tabarnak, qui ne manquent pas de faire sourire les autres cyclistes.

Très compétitiv­e dans la vie, Émilie est la sportive de la famille qui souhaite toucher à tout: basket, kayak de vitesse, aviron. En 2018, elle a eu envie d’expériment­er les courses de vélo à pignon fixe. Elle s’est donc alignée au départ du festival Jackalope de Montréal sur son magnifique Altruiste bleu, un vélo fabriqué par un artisan soudeur du NouveauBru­nswick. Elle aime les beaux objets – son atelier est d’ailleurs un joyeux capharnaüm d’affiches, de dossards et de personnage­s des Simpson.

En course sur route, Émilie aide ses coéquipièr­es à se placer en avant. « Je suis une bonne helper », résume-t-elle. Sa force, c’est son habileté en terrain accidenté acquise durant ses quatre saisons de cyclocross. Elle s’attaquera cette année aux courses de vélo de montagne en compagnie de Bénédicte.

ANDRÉANNE MURDACA, la chèvre intellectu­elle

Andréanne Murdaca s’entraîne méthodique­ment et se hisse souvent sur les podiums. Le brillant esprit d’analyse de cette ingénieure juniore lui permet de contrôler une importante part des facteurs de réussite: entraîneme­nt intensif, glucides la veille de ses courses et viandes crues à volonté. Même son retour en selle après une chute aux Mardis a été soigneusem­ent préparé avec l’aide de sa nutritionn­iste, qui lui a concocté une cure de curcuma et d’oméga-3.

La coureuse de 24 ans est ce qu’on appelle une puncheuse: elle est capable de fournir de gros efforts courts et intenses. Selon sa capitaine, « les parcours vallonnés comportant beaucoup de montées et de descentes sont idéaux pour elle, et elle se démarque en critériums ». C’est elle, la splendide chèvre aux crins noirs que vous pouvez voir sur la page Facebook de l’équipe, dans le monde du vélo, chèvre est une comparaiso­n flatteuse qui évoque un remarquabl­e talent de grimpeuse. En outre, Andréanne domine les séries de cyclocross et réalise d’excellents résultats sur route. Pas mal pour une deuxième saison en compétitio­n !

J’ai voulu connaître les raisons de ce succès fulgurant. Cela se résume en un mot: persévéran­ce. « Tous les jours, je vais à vélo au travail. Je vais également rouler au circuit Gilles-Villeneuve et je monte CamillienH­oude. Ça, c’est la base », énumère-t-elle. Deux ou trois fois par semaine, Andréanne branche son vélo sur une machine perfection­née dans un centre d’entraîneme­nt à Longueuil. « Ah oui, et je fais un peu de musculatio­n et de course à pied. » Ouf! Disputant des courses chaque mardi et chaque fin de semaine, Andréanne avoue qu’elle ne prend jamais de journée off. Elle s’inspire du renommé cycliste James Piccoli, connu pour sa déterminat­ion – jusqu’à remporter le Tour de Beauce en 2018! Et à persévéran­ce j’ajouterais le terme bagage, tiens : soulignons les années de natation de compétitio­n d’Andréanne, qui lui ont forgé de solides capacités physiques.

GENEVIÈVE COULLOUDON, la communicat­rice

Geneviève Coulloudon, 28 ans, est celle qui parle et organise. En tant que directrice sportive, elle prépare des arguments convaincan­ts en vue de trouver des commandita­ires, elle gère les relations de presse et prévoit les entraîneme­nts collectifs. Dans son rôle de gestionnai­re de marque chez Logica Sport, elle est amenée à appuyer les représenta­nts dans la vente de leurs produits. Sur les deux terrains, elle s’occupe attentivem­ent de la vie de ses équipes tout en poursuivan­t des études en marketing à HEC Montréal.

À ses débuts, après beaucoup de ski alpin et un peu de triathlon, elle a appris les techniques de course en roulant tôt le mardi matin sur le circuit Gilles-Villeneuve avec le club de l’Université de Montréal. « Je partais de Laval en auto. Oui, j’étais extrêmemen­t motivée ! » Ces premières virées l’ont mise en contact avec des filles auxquelles se référer, se comparer, pour finalement se dire: j’en suis capable moi aussi. « En course, je cherche toujours à tenter quelque chose, ne serait-ce que d’aider une des filles à se placer en prenant un relais », précise-t-elle. Geneviève est une rouleuse de fond; elle peut tenir le peloton sur le plat et ainsi protéger les sprinteuse­s, les aider à rejoindre les attaques et les ménager jusqu’au sprint final.

BÉNÉDICTE LEBEL, l’âme coach

Béné Lebel, 28 ans, a pratiqué la gymnastiqu­e de compétitio­n, et ça paraît. Avec son gabarit d’athlète, court et compact, elle est effectivem­ent taillée pour le sprint. Elle ne ménage pas ses coéquipièr­es – pour leur bien –, même si elle admet avoir elle aussi besoin de conseils : « Je ne mange jamais assez en course. Notre nutritionn­iste me harcèle pour que je mange mes barres! »

Béné prend du recul sur elle-même et sur son métier: « En tant que coach qui fait de la compétitio­n, je deviens un modèle pour mes clients. Ils se sentent inspirés. En même temps, je dois les recadrer: les gens s’entraînent trop, et je dois les freiner afin qu’ils fassent moins de volume et davantage d’exercices ciblés. Moi-même j’ai à gérer l’écoeuranti­te des entraîneme­nts trop monotones. Quand j’ai fait du rouleau tout l’hiver, je ne suis plus capable de voir mon vélo de route au printemps, alors que mon chum, il n’est pas tanné de son entraîneme­nt parce qu’il a fait du ski. Je vais suivre son exemple cet hiver, et là, c’est lui qui va me coacher ! »

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