PARLER AUX HABITANTS DU PAYS VISITÉ
Bien qu’on immortalise en photos de magnifiques couchers de soleil, de majestueuses montagnes et d’impressionnantes architectures, les souvenirs les plus durables demeurent ces rencontres uniques au voyage à vélo. Hors des lieux touristiques, les gens n’ont rien à vendre et sont d’ordinaire vraiment intéressés à en apprendre davantage sur ceux qui se déplacent munis de sacoches. Et à se raconter. Une de mes règles est d’ailleurs d’accepter (pratiquement) toutes les invitations ! J’ai même développé une technique presque infaillible pour me faire offrir un lit ou un repas. Si quelqu’un m’aborde en fin de journée, il finira invariablement par me demander où je dors. Je réponds alors : « La plupart du temps dans ma tente, mais chez de gentilles personnes lorsque celles-ci m’invitent… » Je laisse planer la fin de la phrase en esquissant un sourire, osant parfois un clin d’oeil !
Cette technique est surtout utile en Europe. Dans les pays musulmans, au contraire, les invitations sont quotidiennes et les cadeaux sous forme de nourriture, nombreux. Je me souviens de cet homme peu fortuné qui m’avait si généreusement accueilli chez lui au milieu des montagnes du Tadjikistan. Ses enfants se chamaillaient gentiment pour savoir qui m’aiderait à monter ma tente. La maison familiale étant trop petite pour que je puisse y entrer tout en respectant l’intimité des femmes, les hommes sont sortis à l’extérieur pour m’offrir et partager un pique-nique. Nous avons ainsi mangé assis sur une grande nappe multicolore posée sur l’herbe, à deux pas d’un ruisseau.