Challenge cycliste des bleuets
VéloMag a pris part au Challenge cycliste des bleuets qui a eu lieu le 2 septembre dernier. Cette 5e édition a été à la hauteur de sa réputation, a-t-on pu constater.
➊ Une organisation rodée au quart de tour
On ne monopolise pas la 169, la route qui ceinture le lac Saint-Jean, en criant ciseau. Le matin du Challenge, Vélo Mag assiste à la réunion pré-événement dans les catacombes (lire: la chambre des joueurs) de l’aréna du secteur Mistassini de la ville de DolbeauMistassini, point de départ et d’arrivée des 205 km. La tension est à son comble, et le mercure du thermomètre va dans le même sens. Les représentants de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC), de la Sûreté du Québec, de GardaWorld et de l’organisation suent à grosses gouttes alors que Paul Morel, le grand chef, déballe ses consignes. Rien n’est laissé au hasard.
➋ Un défi accessible
Environ 60% des 174 participants inscrits au Challenge cycliste des bleuets habitent à l’extérieur du Saguenay–LacSaint-Jean. Certains proviennent d’aussi loin que Gatineau et Sept-Îles, quand même! Il faut dire que cette randonnée sportive offre le cadre idéal pour rouler une première très longue distance. Cela se reflète d’ailleurs dans le profil des participants, parmi lesquels on trouve maints vétérans de la Boucle et du Grand Défi Pierre Lavoie, notamment. Pour eux, s’enfiler 205 km en une seule journée, même si le parcours est très plat (à peine 500 m de dénivelé positif), représente un véritable défi.
➌ Une aventure épique
On qualifie parfois le lac Saint-Jean de mer intérieure. Ce n’est pas faux: longue de 43 km et large de 24 km, l’étendue d’eau de plus de 1000 km2 donne franchement l’impression de tutoyer la haute mer. C’est en partie ce qui explique le succès de la Véloroute des bleuets, ce circuit cyclable de 256 km qui permet d’effectuer le tour du lac à vélo : le parcourir au complet marque les esprits. Le même phénomène se produit avec le Challenge cycliste des bleuets, car on part à la conquête d’un monstre.
➍ Des pelotons sécuritaires
Deux choix de pelotons s’offrent aux participants : celui de 32-33 km/ h et l’autre, de 29-30 km/ h. Tous deux fonctionnent selon un principe de boîte fermée de laquelle on ne s’échappe pas, à moins d’avoir un sacré bon prétexte (crevaison, bris mécanique...). Les consignes : rouler trois de largeur, ne pas déborder la ligne jaune médiane, et laisser des corridors de sécurité sur les côtés. À la surprise de Vélo Mag, les instructions sont passablement bien respectées : tout le monde est à son affaire. Au final, on ne déplore qu’une seule chute dans notre groupe, les 32-33 km/ h; dans ce type de rencontre sportive, c’est négligeable.
➎ Des encadreurs du tonnerre
La bonne tenue des troupes est assurée par des encadreurs au maillot distinctif – on en compte quatre par peloton. La mission de ces cyclistes du coin formés et certifiés par la FQSC : préserver la sécurité des participants en leur prodiguant conseils et directives. Tout au long de la journée, on les voit se balader et orchestrer leurs actions par l’entremise de radios portatives qu’ils trimballent sur eux. Dans les dernières bornes, ils gèrent avec brio les cas de participants un peu justes. Certains de ceux-ci, manifestement, ont surestimé leurs capacités.
➏ Les paysages jeannois
Des épinettes, en veux-tu, en v’là. Les paysages de ce coin du Québec, heureusement, ne se résument pas qu’à sa forêt boréale. On aime la rivière Ashuapmushuan, l’une des dernières rivières encore vierges au Québec. On aime aussi le segment entre Roberval et Chambord, de loin le plus pittoresque de la journée. On aime moins, par contre, les ultimes kilomètres, entre Péribonka et Dolbeau-Mistassini, pendant lesquels on ne sait plus quelle position adopter. Z’avez déjà eu mal au troisième métatarse du pied gauche? Moi non plus, sauf quand l’odomètre dépasse le cap des 200 bornes.
➐ Les histoires de route
En six heures et demie, c’est inévitable : maintes péripéties surviennent. À proximité de Saint-Félicien, un clébard a échappé à la garde de son maître pour venir nous encourager d’un peu trop près. Un chien dans un jeu de quilles, littéralement. Mais sans abat, fiou. À l’entrée d’Alma, un étourdi au volant d’un pick-up n’a pas saisi le signal « subtil » qu’est une voiture de la Sûreté du Québec aux phares allumés, notre ouvreur de chemin. Résultat : nous avons échappé de peu au carambolage... sans toutefois éviter quelques sueurs froides.
➑ La franche camaraderie
Pédaler, manger, fixer la roue en avant de soi, recommencer: au bout d’un certain temps, cette routine confine à l’ennui. Les heures de selle deviennent interminables. L’esprit, comme un junkie, recherche de la stimulation. C’est le bon moment de piquer un brin de jasette avec ses camarades de route. Vélo Mag a ainsi appris qu’un Championnat mondial de pétanque se préparait à Desbiens, peu après le Challenge. Autre fait cocasse: au moment même où nous roulions, un coureur à pied réalisait son propre tour du Lac SaintJean. Quand on se compare, on se console.
➒ Les (nombreux) à-côtés
Dès la récupération de son dossard à l’aréna du secteur Mistassini, on comprend que l’organisation du Challenge cycliste des bleuets gâte ses participants. Au maillot et à la tuque parsemés de mille baies bleues que chaque participant se voit remettre s’ajoutent des ravitaillements pas piqués des vers ainsi qu’un buffet de ligne d’arrivée de circonstance. S’ensuivent une douche et un festin de tourtière du Lac, autour duquel on se raconte ses faits d’armes.
➓ Le long congé sportif
Le Challenge cycliste des bleuets se déroule pendant la longue fin de semaine de la fête du Travail. L’occasion est parfaite de joindre l’utile à l’agréable et d’explorer la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean sur deux roues. Autre option: on peut (comme l’auteur de ces lignes) s’inscrire au triathlon de SaintFélicien, puis enchaîner avec les 205 km le lendemain. Congé mémorable garanti !
L’auteur était l’invité du Challenge cycliste des bleuets.