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Bromont… ou Véloville pour les intimes

… ou Véloville pour les intimes

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Connaissez-vous une municipali­té où il y a plus de kilomètres de sentiers que de kilomètres de rues ? C’est le cas de Bromont. Ce n’est pas tout : la ville des Cantons-de-l’Est est à la veille de mettre un chapeau sur son vélodrome pour une pratique à longueur d’année. Voilà au moins deux bonnes raisons pour que VéloMag soit citoyen temporaire… en rêvant d’y déménager.

Àvendre : vélodrome olympique. Peu de kilomètres au compteur. » La piste des Jeux olympiques d’Atlanta de 1996 dormait dans un entrepôt de Disney World en Floride avant que le Centre national de cyclisme de Bromont l’achète, en 2000. Toutefois, cette piste nécessitai­t assez rapidement l’ajout d’un toit, Bromont n’étant pas la Floride. La chose n’est toujours pas réalisée en 2019 – quoique le projet n’a jamais été aussi près d’aboutir. En attendant, il est facile d’y accéder pendant la belle saison. Mais avant de faire son premier tour de piste de manière autonome, il faut prévoir une initiation de deux heures qui donnera quelques clés pour cette pratique cycliste. Nous sommes cinq à suivre la formation sous la houlette d’Éric Van Den Eynde. L’homme au regard de lynx a propulsé sur la piste les plus grands athlètes de la discipline au Canada. Véritable bibitte de vélodrome, il a à coeur de transmettr­e son (immense) savoir, à des débutants comme à des pros.

Martin Gagné est venu avec ses deux enfants, Anthony et Charles. Bien qu’ils connaissen­t le cyclisme, c’est la première fois qu’ils poseront les roues sur du bois laminé. Même chose pour ma compagne, Fabienne, qui roule autant sur le bitume que sur sentier, mais pas sur la surface inclinée d’un vélodrome. Pour ma part, j’ai déjà fait plusieurs tours, avec toujours le même plaisir, même si Éric m’a déjà dit que je ne ferais pas carrière…

SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT

Donner son premier coup de pédale sur un vélo à pignon fixe sans freins n’est pas inné. Nous débutons sur un cercle de bitume plat, histoire de bien comprendre que le vélo Felt n’est pas comme notre monture habituelle. Après quelques tours, nous saisissons qu’il faut pédaler avec notre tête autant qu’avec nos jambes.

« Oui, il faut pouvoir sortir de sa zone de confort. Et c’est dans la tête que ça se passe. Autrement, toute personne capable de rouler à 20-25 km/h sur une piste cyclable peut se lancer sur une piste de vélodrome. » Nicolas Legault, directeur général du Centre national de cyclisme de Bromont

Préambule nécessaire: la saison précédente, une journalist­e plutôt aventurièr­e de Vélo Mag avait complèteme­nt bloqué devant l’exercice, faisant ainsi partie du trio d’individus incapables d’embarquer sur la piste parmi les 500 à 600 personnes qui suivent le cours d’initiation chaque année. « Oui, il faut pouvoir sortir de sa zone de confort. Et c’est dans la tête que ça se passe. Autrement, toute personne capable de rouler à 2025 km/h sur une piste cyclable peut se lancer sur une piste de vélodrome », souligne Nicolas Legault, le boss du Centre national de cyclisme de Bromont. À voir mes quatre acolytes pédaler avec le sourire, j’aurais tendance à le croire…

C’est Éric qui partage avec nous le secret du plaisir que ressent le pistard. « C’est une autre façon de faire du vélo, précisetil. Il faut prendre conscience de ce que l’on fait et avancer palier par palier. Monter sur le vélo, commencer à rouler, s’engager d’abord dans la zone de transition… Puis, quand on se sent prêt, on passe à l’étape suivante en roulant enfin sur la piste. »

Après nous avoir vus tourner sur la Côte d’Azur, la partie plate en bas de la piste, il nous indique que nous sommes mûrs pour monter sur la piste.

Il y a quelque chose d’incontesta­blement ludique à rouler sur le bois laminé. La sensation de vitesse est directe: transfert de l’énergie du coup de pédale, contact avec la surface lisse, simplicité du vélo et, évidemment, inclinaiso­n de la pente qu’il faut combattre en allant vite. C’est vous, et vous seul, qui êtes maître à bord. On en éprouve un fort sentiment de liberté, malgré les exigences de la discipline.

Toute la gang parcourt la piste sans trop de difficulté. Anthony avouera toutefois qu’il était stressé au début et que la contrainte de « tout le temps travailler » pendant l’exercice était exigeante. Son sourire, quand il descend de son vélo, confirmera cependant le plaisir qu’il en a tiré. Fabienne, de son côté, a tenté l’expérience par curiosité. « J’ai dû vaincre mes peurs avant de commencer, expliquete­lle, mais quand j’ai réussi à embarquer et à débarquer du vélo, c’était OK. Nous devons nous déprogramm­er de nos habitudes cyclistes et être plus concentré sur nos gestes. Tu ne peux pas arrêter au moment où tu le décides, il faut anticiper. »

À part les heureux citoyens de Bromont, tout le monde n’a pas un vélodrome dans sa cour ; il est donc difficile de devenir un aficionado à la pratique régulière. N’empêche, quelques séances de vélodrome par année vous remettront le métabolism­e cycliste à l’heure. Vous comprendre­z bien mieux votre vélo, et votre coup de pédale retrouvera sa rondeur en plus de gagner en vélocité, fluidité, anticipati­on, contrôle, régularité… Ça, c’est un minimum. Il ne faut pas oublier cette magnifique sensation quand on fait corps avec son vélo et la piste afin de se propulser le plus vite possible.

SENTIERS À PROFUSION

« On compte 142 km de sentiers dans la ville de Bromont », souligne Annie Cabana, chargée de projet au parc des Sommets et responsabl­e des sentiers municipaux. « Autant vous dire qu’il y a de quoi satisfaire le débutant comme le descendeur le plus confirmé. »

« On compte 142 km de sentiers dans la ville de Bromont. Autant vous dire qu’il y a de quoi satisfaire le débutant comme le descendeur le plus confirmé. »

Afin de simplifier les choses, les cinq réseaux, avec chacun son nom, sont maintenant sous le chapeau de l’intitulé « parc des Sommets », qui regroupe toute l’offre vélo de montagne de l’endroit. Dans le but d’assurer la pérennité des sentiers, 83 % d’entre eux sont de juridictio­n municipale, les autres sont sous l’égide de l’entreprise Bromont, montagne d’expérience­s, ou encore sont soumis à des droits de passage ou à des servitudes. L’organisme Les Amis des sentiers de Bromont, quant à lui, a pour mission de développer et de préserver les sentiers, et c’est d’ailleurs lui qui gère nos contributi­ons volontaire­s lorsque nous profitons des lieux. On dénombre aujourd’hui 1900 membres, témoignant de l’attachemen­t des cyclistes à ce terrain de jeu.

Chaque réseau a sa personnali­té. Celui du mont Oak est clairement estampillé « débutantin­termédiair­e », voire « sentiers de proximité » quand on a peu de temps. La preuve: juste à l’entrée, un sentier doucement bosselé permet à Malcolm Germain, quatre ans, de faire ses premières armes sur sa draisienne. Les sentiers sont parfaits pour rencontrer ses premiers défis. On se sent en confiance sur des parcours sans grande difficulté qui ont en plus le mérite d’être à l’ombre.

Du côté du réseau du lac Gale, on se consacre plus à la randonnée pédestre, même si quelques événements ponctuels comme le Cross Triathlon permettent de parcourir les sentiers à vélo. Côté diversité de l’offre, c’est dans le réseau de la montagne que ça se passe. Du débutant à l’expert en passant par l’amateur d’enduro et de descente, toutes les pratiques sont ici envisageab­les. Les deux autres réseaux, celui de Berthier et celui du réseau villageois, sont davantage consacrés au transport actif – bravo à Bromont pour l’obtention d’une certificat­ion argent Vélosympat­hique! – et à l’interconne­xion entre différents points de la ville.

Vous avez compris qu’il suffit de quelques jours pour devenir accro de Bromont la ville cycliste. La pratique y est facilitée et toujours proche, et ce, peu importe sa discipline, son âge et son niveau. Ça vaut bien un toit sur un vélodrome…

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Les sentiers de vélo de montagne font partie de l’ADN de Bromont.

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