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Conseils de pros

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Tel un padawan du cyclocross, j’ai trouvé chez mon ami Charles Ostiguy un véritable Yoda de 1,85 m. Il connaît bien le jeu, s’y applique, et y met le temps comme l’énergie. C’est grâce à lui que j’ai appris le plus important, l’automne dernier : maîtriser les bases pour me concentrer sur le déroulemen­t de la course.

Maghalie Rochette, elle, est championne canadienne de la discipline et s’adonne à celleci sur le circuit profession­nel européen, dont on ne devine pas l’ampleur chez nous : c’est énorme, et le calibre, monstrueux. Les deux me disent la même chose : pour avoir un minimum de plaisir en cyclocross, mieux vaut pratiquer sa technique, essayer des trucs, encore et encore. Trouvez-vous un parc, trimballez des cônes, des bidons, de quoi vous créer des balises, et faites comme eux : pratiquez.

Les virages

« Je prends toujours les virages comme en F1, large à l’entrée en visant l’apex et large à la sortie, explique Charles. Ça limite l’inclinaiso­n du

bike, donc la perte de traction, et on garde ainsi un max de vitesse. »

Parce que, justement, « l’objectif, en pratiquant les virages, est d’apprendre à ne pas perdre trop de vitesse, afin d’économiser de l’énergie, renchérit Maghalie. Moins on perd de vitesse, moins il faut forcer pour réaccélére­r. Il faut sortir du virage avec le plus de vitesse possible, donc trouver la ligne, et la vitesse d’entrée permet cela. Dans les courses, je profite toujours des virages pour relaxer et respirer. Mais j’utilise aussi souvent les virages pour effectuer des dépassemen­ts ».

Les départs

« En cyclocross, effectuer de bons départs aide à se sortir du trouble rapidement ! » remarque très justement la championne canadienne. Le principe est de partir vite, « question d’être bien positionné quand le parcours se resserre et ne permet plus de dépasser », poursuit mon maître. On voudra pratiquer sa position, savoir où mettre sa pédale, clipper très rapidement, et répéter le geste jusqu’à en faire un automatism­e.

La course à pied

« C’est rarement là que ça se gagne dans le circuit nord-américain, mais c’est dans ces portions pieds à terre qu’on brûle des cartouches quand on court lentement ou mal », précise Charles. Une notion d’économie des forces à laquelle Maghalie adhère. Elle ajoute que « de courir régulièrem­ent prévient les blessures lorsqu’on fait des embarqueme­nts et débarqueme­nts sur le vélo à grande vitesse. Personnell­ement, je cours trois, quatre fois par semaine, toute l’année ».

L’embarqueme­nt et le débarqueme­nt de son vélo

Efficacité et aisance sont les mots d’ordre ici. « L’idée est d’utiliser ces moments pour relaxer plutôt que de stresser à leur approche », indique Maghalie, tandis que Charles insiste sur le naturel du geste acquis. On peut ainsi voir venir « le prochain obstacle plutôt que d’obséder sur son vélo, ses pédales ».

La gestion de l’effort

« Le cyclocross, c’est court, mais c’est bien assez long pour avoir le temps de frapper un mur !, » constate celle qui s’est frottée aux meilleures du monde tout l’automne. « J’ai longtemps pensé que c’est celui qui force le plus qui gagne, mais en réalité, c’est celui qui est le plus économe et qui force aux bons moments. »

« Après le sprint du départ, observe Charles, la pire affaire est de lâcher à un certain point. Même si les autres sont partis en avant. Parce qu’à la fin, tu peux juste donner le meilleur que t’es capable de donner. Des fois, c’est toi le plus fort, et ce sont les autres qui sont à risque de craquer. » Faut apprendre à juger la situation, donc.

L’essai constant de son matériel

« C’est tellement, tellement, tellement, tellement important, insiste mon ami. Primo, avoir le stock nécessaire, simple et fonctionne­l. La pression des pneus peut faire pencher la balance ; il faut prendre le temps de faire des tests de pression, en tenant compte des conditions, apprendre à reconnaîtr­e le terrain pour savoir quels pneus choisir. »

Maghalie croit aussi que « la base, c’est d’avoir de l’équipement fonctionne­l. Je dis toujours que le plus important, c’est d’être confortabl­e : avec son casque, ses souliers, son cuissard, sa position. Plus vous l’êtes, plus vous aurez envie de passer du temps sur le vélo. Et c’est en passant du temps sur votre vélo que vous deviendrez meilleur. »

Charles conclut : « Il faut effectivem­ent faire rouler son vélo de cyclocross. Faire du volume sur la route, le connaître par coeur. Être à l’aise AVEC son vélo, ça compte aussi énormément. »

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