Velo Mag

La petite reine de Tanzanie

- par Sarah-Émilie Nault

Originaire du Kilimandja­ro, de la tribu tanzanienn­e Mchagga, Hans Harrison Lyombe, 29 ans, dirige l’Arusha Bicycle Center (ABC). Le projet qu’il a mis sur pied à Arusha en 2015 est devenu une entreprise d’économie sociale à succès. D’abord destinée à la vente et à la réparation de vélos, ABC s’est fixé des objectifs simples mais audacieux dans ce coin du globe: promouvoir le vélo en tant que sport et moyen de transport, éduquer les jeunes et implanter une culture cycliste dans le coeur des Tanzaniens.

« Les conditions au début du projet étaient difficiles, car il n’y avait aucun système en place, se souvient Hans Harrison Lyombe. Je suis parti de rien, il n’y avait ni bureau ni infrastruc­tures: que moi, mon ordinateur portable et un conteneur rempli de vélos recyclés venu de la Suisse. »

De la Suisse, oui, car si ABC a pu voir le jour, c’est grâce à la générosité et à l’engagement de Velafrica, un partenaire dont l’histoire est tout aussi inspirante que celle d’ABC. Elle commence il y a 20 ans quand un certain Paolo Ritcher, passionné par la remise en état de vieux vélos, ouvre un atelier de recyclage de vélos dans le but d’offrir des emplois aux nombreux chômeurs suisses de l’époque.

Quelques années plus tard, la réserve de vélos bien remplie et la visite d’un bon ami originaire du Ghana lui ont donné envie de réparer des vélos pour l’Afrique. En 2017, Velafrica a expédié vers divers pays d’Afrique 52 conteneurs avec plus de 24 000 vélos. Un Cyclo NordSud version helvète en quelque sorte. Grâce à l’aide de Velafrica, 465 vélos et diverses pièces de rechange ont été exportés en Tanzanie. Ces vélos ont ensuite été vendus pour une modique somme par ABC.

La vente n’est pas la seule activité d’ABC. « Nos ateliers permettent aussi aux jeunes filles d’apprendre la mécanique vélo, ce qui veut dire briser les tabous toujours présents dans plusieurs régions de l’Afrique subsaharie­nne, ajoute Hans. Elles deviennent des modèles pour les femmes et les autres jeunes filles, qui peuvent alors rêver d’un avenir sous le signe de l’indépendan­ce. »

En effet, les femmes et les jeunes filles tanzanienn­es souffrent souvent d’inégalité en matière de mobilité et de transport, puisque les vélos sont majoritair­ement offerts aux garçons. Par conséquent, les filles ne peuvent se déplacer aussi loin que les garçons, ni marcher seules jusqu’à l’école.

À Arusha, donc, la culture du vélo a grandi avec la présence d’ABC, qui éduque les jeunes désirant apprendre les rudiments de la mécanique, la relation avec les clients, la gestion des stocks, la vente et le marketing. Quelques diplômés ont d’ailleurs déjà ouvert leur propre filiale ou font partie des gestionnai­res d’ABC.

Dans le même ordre d’idées, le programme Bike2Schoo­l d’ABC a été créé afin de donner la chance aux enfants vivant à plus de deux heures de marche de l’école de se procurer des vélos à 40% de rabais.

« Nous avons vendu tellement de bicyclette­s à la communauté que les gens voient maintenant le vélo d’une manière différente, explique Hans Harrison Lyombe avec fierté. Nous les utilisons désormais pour nous déplacer, nous tenir en forme et en santé, faire des économies et nous rassembler lors d’événements de vélo, des courses et des sorties de fin de semaine. »

Autre preuve que la petite reine a pris sa place dans ce coin de la Tanzanie : la plupart des touristes réclament des activités à vélo. Une belle occasion pour les entreprise­s locales de proposer sorties, safaris et autres tours nouveau genre sur deux roues. Merci ABC !

« Nos ateliers permettent aussi aux jeunes filles d’apprendre la mécanique vélo, ce qui veut dire briser les tabous toujours présents dans plusieurs régions de l’Afrique subsaharie­nne. Elles deviennent des modèles pour les femmes et les autres jeunes filles, qui peuvent alors rêver d’un avenir sous le signe de l’indépendan­ce. »

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