Expédition Québec Plein Nord
L’audace et le courage
Certaines crises de la quarantaine sont plus intenses que d’autres. Celle de SimonPierre Goneau est, de l’avis du principal intéressé, « audacieuse ». À la mi-février, au guidon de son fatbike Panorama, le Lévisien de 41 ans s’est élancé du point le plus au sud du Québec, la borne frontalière 720, dans la municipalité d’Elgin, au sud de Montréal, et si tout va bien, de 10 à 12 semaines plus tard, il devrait atteindre le point le plus au nord de la province. Si vous avez été attentif pendant vos cours de géographie à la petite école, vous avez compris que l’homme pédalera le Nunavik au grand complet pour atteindre le cap Wolstenholme, à l’extrémité nord de la péninsule d’Ungava.
« Rien ne me garantit que je vais aller au bout de cette aventure. C’est un vrai défi personnel, avec tout ce que cela comporte d’incertitude », avoue-t-il candidement. Bien des choses peuvent en effet dérailler durant cette épopée de plus de 2800 km en autonomie. Du sud jusqu’à Chisasibi, dans la région de la Baie-James, un véhicule pourrait le heurter, faute de l’avoir vu, et mettre fin abruptement à son projet. Au-delà, sur les 1300 km de banquise de la baie d’Hudson, blizzards, ours polaires et meutes de loups vont assurément l’inquiéter et contribuer à l’apparition prématurée de quelques cheveux blancs. Et c’est sans oublier l’ennui, tout bête. « Je suis papa d’un petit garçon de sept ans et d’une fillette de neuf ans », précise-t-il.
Paradoxalement, c’est un peu pour eux que Simon-Pierre Goneau se lance ce défi. Au mitan de sa vie, il dresse un constat en demi-teintes du chemin parcouru. « Plus jeune, il y a certaines choses que je n’ai pas faites, et je le regrette aujourd’hui. Cette expédition, c’est pour prouver à mes enfants que tout est possible, qu’ils ne sont pas obligés de se conformer à un moule, qu’ils peuvent s’en écarter et tout de même filer le parfait bonheur », confie-t-il, philosophe. Pour cela, il faut néanmoins avoir le courage de se jeter dans le vide. C’est comme ça qu’on abat les barrières psychologiques, celles qu’on érige devant soi: à grand renfort d’amour du risque. expeqcnor.com