La promesse du nord

Objectif : la taïga en juillet

En décembre dernier, un vieux chum me revient avec un projet de jeunesse: un road trip vers la baie James pour visiter les barrages. J’ai un flash: je monte à vélo, tu viens me rejoindre en auto…

Objectif : juillet 2020. Racine–Eeyou Istchee Baie-James: 1454 km. J’ai 53 ans. Le vélo est accoté sur le mur depuis trois ans. Je suis gros et… démobilisé (disons ça comme ça). Mon flash, monter à vélo à la baie James, devient un défi, un besoin, une promesse.

Je repars la machine de remise en forme. Ma nature de crinqué revient au galop. J’accroche au plus vite ma monture, un beau Kona, pur gravel, à mon rouleau: j’ai 35 livres à perdre. Ma crise de la cinquantaine n’a qu’à bien se tenir. Les ours, les mouches noires, la foudre et la faim ne m’arrêteront pas. Je suis même prêt à la rencontre salvatrice du chamane… (Je niaise.) Sans blague, ce trip-là m’interpelle vraiment, sans que je sache trop pourquoi. Comme si l’austère et mythique taïga me réservait une surprise.

C’est peut-être une grosse balloune, mon affaire. Ça cache sûrement des doutes, des peurs. J’en ai parlé à mon père, au CHSLD. Il a compris l’éloignement, l’isolement. Il a ouvert grand ses beaux yeux mouillés. C’est un beau voyage, ça, fais-le ! Nous avons parlé d’autres choses. De son enfance. De la mienne. Il m’a demandé si mon frère avait encore l’ambition d’écrire. Je suis ton seul fils, p’pa. Il m’a regardé, étonné. Il s’est tourné vers la fenêtre. Vers le nord. Silencieux.

Vélo Mag se fera un plaisir de faire un suivi du défi de Nicolas Proulx. On peut aussi le suivre sur son blogue