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SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN

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RIRE JAUNE

On surnomme affectueus­ement « petit parc de la galette » ce coin de pays lové entre Ferland-et-Boilleau et le parc national des Grands-Jardins. De La Baie, on le rejoint en empruntant la route 381 tout du long, sans jamais bifurquer. On se trouve ainsi à remonter la magnifique rivière Ha! Ha!, celle-là même que les colonisate­urs de la Société des vingt-et-un ont longée jadis, au XIXe siècle. L’air de rien, le dénivelé est toujours positif ; lorsqu’on enjambe le petit lac Ha! Ha!, l’altimètre affiche tout de même près de 300m de gain positif.

Puis arrive le défi du jour: la côte du lac Ha! Ha!, le fameux « monstre » qu’ont dompté les participan­ts du Grand défi Pierre Lavoie 2016. « C’est ce qui fait tout l’intérêt de cette randonnée. Peu de gens peuvent se vanter de l’avoir montée sans poser le pied par terre ; réussir est en soi un grand bonheur », affirme Sylvie Dubois, qui est chargée de mitonner les parcours et les voyages du Club Vélo Jonquière. Avec des pourcentag­es flirtant avec les 17%, nd ce segment donne tout sauf l’envie de se dilater la rate. Heureuseme­nt, quelques courts plateaux ponctuent l’ascension d’environ 4 km.

La descente donne pour sa part l’envie de rire jaune. Et pour cause : en ne touchant pas aux freins, il est possible d’atteindre près de 100 km/h, avertit Sylvie Dubois. À moins d’avoir l’âme d’un trompe-la-mort – ou de s’appeler Jens Voigt sur la 16e étape du Tour de France 2009 –, on ne recommande pas d’essayer. Gardez-vous plutôt des jambes pour retourner jusqu’à La Baie, votre point de départ. « Le seul aspect négatif de cette rando, c’est qu’il n’y a pas toujours d’accotement le long de la route, mais elle est bitumée », spécifie notre experte. À bon entendeur…

PASSERELLE­S, FACE DE SINGE ET SURPRISE

Les Retraités de Lanaudière à vélo comptent 150 membres dans leurs rangs... et presque tout autant sur leur liste d’attente ! C’est dire la popularité des randonnées organisées par ces cyclistes « retraités ou sur le point de l’être » – les statuts et règlements de l’OBNL sont intraitabl­es sur ce point. Chaque semaine, jusqu’en septembre, les membres du club se donnent rendez-vous autour de Joliette pour une randonnée de 30 à 80 km.

Ce point de ralliement n’est pas arbitraire ; il est possible de tricoter plusieurs trajets à partir de la ville de 20 000 âmes. « Nous sommes entourés, à l’est et à l’ouest, d’une multitude de rangs de campagne plats. Au nord, nous nous retrouvons rapidement sur les contrefort­s des Laurentide­s, un terrain de jeu pour les grimpeurs », raconte Sylvan Beaudoin, 66 ans et membre des Retraités.

De fait, Joliette même se prête bien à une brève escapade sur deux roues. La municipali­té est dotée d’un réseau cyclable de 40 bornes qui tutoie les rives paisibles de la rivière L’Assomption. Trois passerelle­s, dont une flottante au parc Louis-Querbes, installée de mai à octobre, permettent d’enjamber sans peine le cours d’eau. À ne pas manquer : les chutes à Morin et le sentier du parc Riverain et de l’île Vessot.

Pour un défi d’envergure, on prend la direction du village de Sainte-Mélanie, à partir duquel on s’engage sur le peu fréquenté chemin du Lac Nord. Au croisement du rang du Pied-de-la-Montagne, la route s’élève lentement mais sûrement pendant 3 km. À l’intersecti­on du chemin William-Malo, on signale à droite, vers une finale sur des pentes dignes de ce nom.

« La dernière section est une vraie face de singe ! En groupe, il y a toujours des échappées », rigole le Crabtreen. Une fois le point culminant atteint, basculez tranquille­ment en roue libre jusqu’au rang Saint-Albert, où se déploie un formidable point de vue sur les parages. Amateurs de gravel bike, psst : une surprise vous attend sur la droite. De rien.

OUTAOUAIS REVISITER UN CLASSIQUE

Le tour du lac McGregor fait office de classique dans la communauté cycliste outaouaise. Du secteur Gatineau de la ville éponyme, on parle d’une randonnée vallonnée d’environ 60 km sur des routes somme toute peu achalandée­s. Deux perles rares échappent cependant à l’attention de plusieurs bouffeurs de bitume: les chemins Blackburn et du Rubis. « Auparavant, il fallait absolument y venir en gravel bike, étant donné leur surface en gravier. Ce n’est heureuseme­nt plus le cas ; ils ont été asphaltés récemment », explique Jean Roy, membre du club cycliste Vélo Plaisirs.

Le chemin Blackburn, qui se prend à partir de la 366, permet de découvrir l’intrigant lac Bataille. Dans son esquisse historique La Blanche de Templeton, le missionnai­re oblat Léo-Paul Pigeon écrit qu’« une rencontre peu amicale entre les hommes des entreprene­urs forestiers J. A. Perkins et Charles Bigelow » serait à l’origine du nom de ce lac de 0,6km2. Une anecdote à méditer dans cette montée de 5 km ponctuée de quelques belles faces de singe. « Personnell­ement, je le fréquente pour me préparer à des voyages difficiles comme la traversée des Alpes ou des Dolomites », précise Jean Roy.

Le chemin du Rubis est du même acabit. Bien que plus court – 3 km au lieu de 5 –, il est aussi plus ardu avec ses sections à 18%. « Il faut être prêt ; ça monte solidement dès qu’on s’y engage à partir de la 366 », prévient notre spécialist­e. Le jeu en vaut néanmoins la chandelle. Ce chemin offre une vue panoramiqu­e sur le lac McGregor et ses nombreuses îles, qu’il surplombe. Le coup d’oeil est encore mieux après la chute des feuilles, vers la fin d’octobre. L’ajout de ces deux allers-retours, des culs-de-sac, du moins pour les routiers, permet d’ajouter 16 km pas piqués des vers à la sortie.

CHAUDIÈRE-APPALACHES POÉSIE DU TERROIR

Chemin Vire-Crêpes, rang du Bois-de-l’Ail, route de la Pointe-du-Jour... Rouler sur la rive sud de Québec, c’est plonger la tête la première dans une poésie du terroir au fort potentiel évocateur. Surtout, c’est baguenaude­r dans une campagne paisible, pourvu qu’on s’éloigne des grands axes routiers. « Les gens pressés empruntent l’autoroute 20, la route 273, pas le rang Saint-Lazare! » s’exclame Micheline Dion, responsabl­e du club cycliste C2, de Lévis.

Pourtant, ils devraient peut-être y regarder à deux fois; plusieurs routes du coin ont récemment reçu un bitume tout neuf. De fait, cette absence de trous sur la chaussée a pour effet de rendre le cycliste exagérémen­t conscient des caprices d’Éole. En ce plat pays, il peut mener la vie dure, ou non. « Il y a plusieurs sections boisées qui offrent un répit momentané. Il y a également moyen de zigzaguer et, ainsi, de fractionne­r l’effort », indique cette jeune retraitée.

Micheline Dion recommande de rouler un bout droit jusqu’au Moulin du Portage, un ancien moulin à farine situé sur le bord de la Grande-Rivière-du-Chêne, où elle a « photobombé » une des nombreuses séances photo de mariage qui s’y effectuent. Elle conseille de prendre le chemin du quai de Leclercvil­le, à l’embouchure du SaintLaure­nt, avant de caboter sur la 132 avec le vent dans le dos jusqu’à la maison.

Une petite soif sur le chemin du retour ? C’est à la microbrass­erie La Confrérie, à Saint-Antoine-de-Tilly, que ça se passe. On y trouve une sélection de bières aux fruits de fabricatio­n artisanale à déguster sur un biergarten, une terrasse extérieure aménagée en bordure d’un verger. Prost !

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Chaudière-Appalaches
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Lac McGregor, Gatineau, Outaouais

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