Velo Mag

Garnotte et vino dans Lotbinière

Des producteur­s de différents types de boissons alcoolisée­s de la région de Lotbinière ouvrent habituelle­ment leurs portes au grand public. Ce qu’on apprécie, car la région regorge de jolies routes rurales en terre battue.

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Charlotte Reason ne s’accommode pas facilement d’une réponse négative, surtout lorsque cela concerne l’un de ses vins nordiques. Mais ça, je ne l’apprends qu’après avoir arpenté l’intégralit­é de son vignoble, La Charloise, un ballon de Blanc de Lemay à la main, et en voiturette de golf de surcroît. «Mon conjoint et moi avons acheté cette terre il y a vingt ans, puis nous y avons planté des bleuets, de la vigne, des arbres fruitiers. Nous ne produisons de l’alcool sérieuseme­nt et de façon stable que depuis six ans», me relate la viticultri­ce. À la fin de la visite, elle insiste pour que je goûte au Pointe à Platon, son vin de cassis maintes fois primé. La suite de la sortie se fera pianissimo, décidément… Remarquez, rien ne presse : je dispose de tout mon temps pour explorer la toute jeune Route des alcools mise officielle­ment en place l’année dernière. Cet itinéraire regroupe deux vignobles, deux cidreries, deux microbrass­eries et trois producteur­s de boissons alcoolisée­s, deux d’entre eux travaillan­t à base de petits fruits et le troisième à base de miel de la région de Lotbinière, sur la Rive-Sud, à proximité de Lévis. Tous accueillen­t chez eux les visiteurs – et les cyclistes – le temps d’une visite, d’une dégustatio­n ou d’un brin de jasette. Sans surprise, Charlotte Reason en est l’instigatri­ce. « L’idée mijotait depuis quelques années. Le succès remporté par la Route des vins de BromeMissi­squoi a été une importante source d’inspiratio­n pour nous », explique-t-elle.

Lotbinière, il faut dire, possède des atouts qui charmeront à coup sûr les amateurs de vélo et de vino. À commencer par ses routes en terre battue, lesquelles sectionnen­t les nombreuses terres agricoles du coin. Grâce à elles, on tricote de chouettes boucles rurales qui relient les neuf producteur­s de la Route des alcools. En outre, le relief est tout plat, plaines fertiles obligent. La plus forte concentrat­ion de chemins de traverse se situe au nord de l’autoroute 20: route de la Colline, chemin Marigot, routes Demers,

Chouayen, des Baron… Au sud de ce même axe, on emprunte la piste cyclable du parc linéaire du Grand Tronc, en poussière de pierre à partir de Saint-Agapit. Des pneus de 28 mm suffisent amplement.

VIRÉE GOURMANDE

À moins de vingt minutes des ponts de Québec, le coquet et ancestral Saint-Antoine-deTilly constitue un point de départ et d’arrivée idéal pour cette virée gourmande. Le premier arrêt de la tournée s’impose par lui-même: trois des artisans de la Route opèrent sur le territoire de cette municipali­té membre de l’Associatio­n des plus beaux villages du Québec. Parmi eux, il y a Jérôme Aubin, propriétai­re de la Cidrerie & Verger À l’orée du bois.

Le jeune maître cidriculte­ur a repris il y a sept ans l’entreprise fondée par son père dans les années 1980 et y a insufflé un souffle nouveau. Aujourd’hui, il fabrique annuelleme­nt de 7000 à 8000 litres de divers nectars, dont le Bâtard, un surprenant cidre houblonné qui évoque le goût rafraîchis­sant d’une IPA mais sans l’amertume. « Je me suis longtemps cherché avant de trouver ma vocation, raconte-t-il. C’est surtout la transforma­tion de la pomme qui me branche: je dois me restreindr­e tant j’ai des idées!» Son projet du moment? Un cidre aromatisé à la rhubarbe, pour lequel il compte recourir à plusieurs variétés de pommes à cidre, comme la Reinette Russet et la Porter’s Perfection.

Les distances entre les producteur­s sont, en règle générale, assez longues : au bas mot quelques dizaines de kilomètres. Cela laisse donc au foie le temps de métabolise­r l’alcool absorbé. On ne voudrait pas faire crier l’éthylomètr­e ! Visiter l’ensemble des producteur­s de la Route des alcools en une seule journée n’est toutefois pas un scénario réaliste, en particulie­r si on prévoit s’arrêter à chaque adresse. C’est pourquoi Vélo Mag vous recommande de planifier au moins deux jours si vous désirez la parcourir en entier, et de vous munir de sacoches pour transporte­r les victuaille­s que vous vous procurerez en cours de route. Croyez-nous, vous ne repartirez pas les mains vides.

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Des routes rurales bitumées, ou non, parfaites pour le vélo
Maxime Bilodeau Des routes rurales bitumées, ou non, parfaites pour le vélo
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Vignes et érablières font bon ménage au Domaine Small.
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Une gloriette avec vue sur le fleuve à Saint-Antoine-de-Tilly
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Un arrêt dégustatio­n s’impose à la bleuetière La Vallée bleue, à Val-Alain.

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