L’envers des régimes amaigrissants
Après l’hibernation, l’excitation de reprendre le vélo est parfois combinée à la crainte de moins bien performer. Il n’est pas toujours facile de retrouver nos sensations et notre agilité de fin de saison et, surtout, notre puissance et notre endurance. Un régime peut-il nous faire gagner quelques watts et nous faire perdre quelques kilos rapidement ?
Chaque année, dès que le soleil chauffe suffisamment pour qu’on puisse enlever quelques couches de vêtements, le même refrain se fait entendre : on nous suggère de nouveaux moyens de perdre quelques kilos par la même occasion. Que ce soit chez le sportif récréatif ou compétitif, cette envie de succomber à ces diètes ou régimes amaigrissants semble souvent une option rapide et efficace de retrouver sa légèreté sur le vélo. Mais quelle est la différence entre une diète amaigrissante et un régime alimentaire ?
Sachons d’abord que le terme «régime» ou « diète » renvoie normalement à une façon de s’alimenter selon des règles bien précises. Celles-ci peuvent être déterminées selon l’emplacement géographique ou l’accessibilité à certaines ressources, comme la diète méditerranéenne (huile d’olive, grains entiers, poissons), ou par rapport au type d’aliments choisis, comme le régime végétarien (sans viande). Ces régimes alimentaires sont des modes d’alimentation qui visent avant tout la santé globale et qui ont d’ailleurs été reconnus par la science comme étant efficaces en ce sens.
De leur côté, les diètes amaigrissantes utilisent le concept de règles alimentaires pour orienter l’individu à s’alimenter de manière à créer un déficit en calories, peu importe les moyens utilisés : long jeûne, cure détoxifiante à base de jus, rejet de plusieurs catégories d’aliments, prise de suppléments, etc. Loin de l’objectif de santé globale, ces régimes amaigrissants visent plutôt à modifier la proportion des macronutriments (protéines, glucides, lipides) qu’on consommera dans la journée, au détriment de la qualité des aliments dans l’assiette. Leur réussite sera ainsi attribuable à la facilité de l’individu à s’y soumettre de façon orthodoxe, et la perte de poids sera proportionnelle au déficit calorique induit.
Les diètes amaigrissantes des dernières décennies sont toujours intimement liées aux croyances du moment sur l’alimentation et la santé. Lorsque le gras était considéré comme l’ennemi, les régimes le limitant étaient à la mode. Lorsque ça a été le tour du sucre, d’autres régimes le diabolisant ont eu leur heure de gloire. Ces diètes jouent constamment sur l’ajout ou le retrait de certains macronutriments, tout en changeant de nom pour être au goût du jour.
Depuis quelques années, en plus de jouer sur les macronutriments et les quantités dans l’assiette, certaines diètes se veulent encore plus complexes, en ajoutant dans le calcul l’ethnicité, le groupe sanguin, l’âge ou le genre. Rappelons au passage que l’industrie des régimes, seulement aux États-Unis, est évaluée à 60 milliards de dollars et qu’on y vend plus de 5 millions de livres sur le sujet par année.
LES RISQUES ASSOCIÉS
Lorsqu’on suit un régime amaigrissant, on fait abstraction de nos besoins réels en tant qu’individu, tout en mettant de côté l’aspect social et nos préférences alimentaires. Il est souvent dangereux de se lancer soudainement, et sans ressource, dans une telle diète qui élimine certaines catégories d’aliments en réduisant de façon substantielle notre apport en calories.
Une diminution importante de nos apports alimentaires peut contribuer à dégrader notre masse musculaire et ainsi accélérer l’apparition de blessures ou compromettre notre récupération. Une alimentation très restrictive risque également de créer des carences en vitamines et minéraux essentiels à notre santé globale, puisqu’elle est souvent peu variée. Autrement dit, une modification majeure des apports alimentaires peut nuire à la concentration, affecter l’humeur, en plus de mettre une personne plus à risque de développer certaines maladies. À court et à moyen terme, des problèmes gastro-intestinaux, des étourdissements et des maux de tête peuvent apparaître.
Dans une optique de performance et surtout d’amélioration de la santé, une diète draconienne est rarement la solution idéale. Gardons également en tête qu’une perte de poids rapide, soit plus de 1,5 kg (3 lb) par semaine, est souvent associée à une perte d’eau et de muscles plutôt que de matières grasses.
Cela ne veut pas dire que de porter une attention à ce qu’on consomme et d’optimiser nos apports alimentaires pour favoriser la performance n’est pas efficace ! Au contraire, apprendre à bien gérer ses apports pour avoir un bon niveau d’énergie et éviter les inconforts digestifs ou les crampes musculaires devrait être le « régime » à suivre.