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Michael Woods : esprit de famille

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Après une année alternant misères et splendeurs, Mike Woods retrouve les siens chez Israel Start-Up Nation. « Normalemen­t, quand on tombe, la douleur prend un moment avant de se manifester. Mais là, à l’instant où j’ai heurté le sol, je savais que je m’étais cassé le fémur. Et c’était horrible », raconte le coureur ottavien Michael Woods.

La scène se déroulait en mars 2020, sur Paris-Nice. Selon toute vraisembla­nce, elle aurait dû tirer le rideau sur sa saison. C’était sans compter sur une bien improbable alliée : une pandémie qui allait freiner le cyclisme pro en même temps que le reste du monde, donnant le temps à Woods de se refaire une santé.

Tandis que ses confrères multipliai­ent les heures de rouleau ou les défis d’everesting, Mike s’est rétabli, a repris l’entraîneme­nt et retrouvé la forme dans la principaut­é d’Andorre, où il a élu domicile il y a trois ans. «Surtout, j’ai eu le bonheur de passer du temps à la maison avec ma famille, et en particulie­r avec ma fille qui venait de naître. »

Malgré un retour de forme, Woods allait cependant être évacué de la sélection du Tour de France. «J’ai été surpris et déçu… J’ai dit à l’équipe que j’étais prêt, mais les directeurs d’EF Pro Cycling n’en étaient pas aussi certains. Je leur ai prouvé que j’avais raison à Tirreno-Adriatico en gagnant une étape et en portant le maillot du meneur. »

Woods n’en tiendra pas rigueur à l’équipe. Bien qu’au moment de la Vuelta, en novembre, il savait qu’il la quittait pour rejoindre Israel Start-Up Nation (ISN), il fait ses adieux en champion et en gentleman. Il revient d’abord d’une chute à la première étape, ce qui l’empêchera d’accéder à un bon classement général pour arriver second au sixième jour de course. Le lendemain, il remporte l’épreuve en démontrant des aptitudes de fin tacticien. Puis il remonte sur la deuxième marche du podium à la quatorzièm­e étape, tout cela en accompagna­nt admirablem­ent son coéquipier Hugh Carthy, qui finit troisième au général et décroche la victoire lors de la brutale journée de course prenant fin au sommet de l’Angliru.

TOKYO VIA JÉRUSALEM

Or l’heure du changement avait sonné pour Woods. En bonne partie parce qu’il souhaitait mettre l’accent sur les prochains Jeux olympiques, dont le tracé est semblable à celui des Mondiaux d’Innsbruck (2018), où il a terminé troisième. «J’y suis allé faire une reconnaiss­ance de terrain en 2019, après la Japan Cup, et c’est vraiment un parcours pour moi. Très exigeant. Toute l’équipe est derrière moi afin que je puisse orienter ma saison de cette manière. Cette année, tout tournera autour du Tour, des Jeux et des classiques ardennaise­s. »

Le passage de Woods chez ISN est toutefois motivé par autre chose qu’un accord concernant ses priorités. Il y retrouve son coach, Paulo Saldanha, et celui qui a financé, à l’aide d’un fonds de soutien, son évolution d’employé de banque à cycliste profession­nel, le milliardai­re canado-israélien Sylvan Adams, qui est copropriét­aire de l’équipe.

L’escouade dispose d’un budget fameux qui lui permet d’accueillir dans ses rangs un certain Chris Froome, mais également plusieurs pointures comme Daryl Impey, Sep Vanmarcke et Alessandro De Marchi.

«La transition s’est opérée de manière très naturelle: je connais plein de gens ici et j’ai roulé avec Guillaume Boivin chez Optum (désormais Rally), James Piccoli chez Amore & Vita, Alex Cataford chez Garneau… Je suis ami avec plusieurs des membres de l’équipe et du personnel. Et quatre Canadiens de niveau WorldTour qui roulent ensemble, ça ne s’est jamais vu! C’est génial ! »

Pour ce qui est, finalement, de l’incertitud­e qui plane encore concernant les JO, les vaccins, les quarantain­es, Woods ne s’en inquiète pas trop. «Ce qui s’est produit l’an dernier m’a appris à gérer les imprévus en regardant devant et en faisant mon boulot d’athlète au quotidien. Je reste concentré sur mes objectifs et en même temps, je me tiens prêt à en changer s’il le faut.» Concentré, il n’y a pas de doute là-dessus : avec le maillot de sa nouvelle équipe, il vient de grimper sur la deuxième marche du podium du Tour des Alpes-Maritimes et du Var.

« Ce quni sd’est produit l’an dernier m’a appris à gérer les imprévus en regardant devant et en faisant mon boulot d’athlète au quotidien. »

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