Everesting : nouveau sommet
Réaliser un everesting fait désormais partie intégrante de la liste des objectifs à atteindre par les cyclistes ambitieux, au même titre que vaincre le Tourmalet, prendre part à une Haute Route et franchir la ligne d’arrivée de L’Étape du Tour de France.
Àl’autre bout du fil, Jean-Michel Lachance n’y va pas par quatre chemins : « Grimper 8848 m est la chose la plus difficile que j’ai faite sur un vélo depuis un bon moment. » Venant d’un coureur cycliste de sa trempe – il a concouru aux quatre coins du globe et représente aujourd’hui le Canada en tandem avec son acolyte Daniel Chalifour –, l’affirmation est lourde de sens. On le croit pourtant sans peine. Ascensionner à 113 reprises le mur du mont Bélair, une face de singe de Québec d’environ 500 m dont la pente moyenne excède 16 %, relève déjà de l’exploit. Y parvenir en 8h8min, comme il l’a fait le 28 septembre dernier, s’apparente à un tour de force.
La chevauchée de 124 km, immortalisée comme il se doit sur Strava, a suscité son lot habituel de kudos (c’està-dire de pouces levés, l’équivalent de félicitations) et de commentaires dithyrambiques. Surtout, elle est venue confirmer que Jean-Michel Lachance mérite une place tout en haut du palmarès de l’everesting, un défi qui consiste à gravir en une seule sortie et en répétant une montée le nombre de fois requis pour égaler le dénivelé du plus haut sommet de la planète. Sa
performance le classait, semble-t-il, au 9e échelon mondial l’automne dernier, loin derrière des pointures comme Alberto Contador (7h27min), Ronan McLaughlin (7 h 4 min) et l’actuel détenteur du record du monde, l’Américain Sean Gardner (6 h 59 min).
PLUS QU’UNE MODE
«Ça faisait un bail que je songeais à m’y frotter. La covid-19 m’a fourni le prétexte pour finalement me lancer», explique le cycliste en entrevue avec Vélo Mag. Il n’est pas le seul, remarquez. En 2020, l’everesting a connu un extraordinaire boom de popularité à la faveur des nombreuses restrictions sanitaires imposées ici et ailleurs dans le but d’endiguer la pandémie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au début de l’année, le temple de la renommée virtuel du défi comptait approximativement 5000 entrées, toutes disciplines confondues (vélo, course à pied, sport virtuel...). Au moment d’écrire ces lignes, en janvier, le site Everesting.cc répertoriait pas moins de 14 000 réussites homologuées.
Cet engouement se poursuivra-t-il en 2021, voire au-delà? Il est encore trop tôt pour le dire. À court et à moyen termes, cela dépend essentiellement de la progression de la campagne de vaccination contre le virus. Chose certaine, la notoriété du défi ne change rien à sa difficulté. Pour un cycliste désireux de se frotter à plus grand que lui, conquérir le sommet (métaphorique) du mont Everest à la seule force de ses jambes constituera encore et toujours un fait d’armes. «Vous savez, atteindre le camp de base de l’Everest [NDLR: 4424 m, la moitié d’un everesting] est exceptionnel en soi, souligne Jean-Michel Lachance. On apprend beaucoup dans le processus, peu importe l’issue. »